Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il se tait. Marie-Louise somnole, assise près de lui dans la voiture. On a déjà passé Meaux, Château-Thierry. On doit arriver en fin de journée à Châlons. Et l'on repartira demain à 4 heures du matin. Il entend le galop des chevaux de l'escorte. Lorsqu'on s'arrête pour changer les chevaux, il descend de la berline. Toute la route est occupée par les voitures du cortège. Il part pour la guerre et jamais cela n'a autant ressemblé au voyage d'un souverain qui s'en va visiter les États de ses alliés.

Il observe Marie-Louise. Elle a le visage détendu d'une femme fatiguée mais heureuse, puisqu'elle va pour la première fois depuis son mariage retrouver les siens à Dresde. Imagine-t-elle que la guerre est pour lui au bout du trajet ? Il pense à Joséphine, qui, lorsqu'il lui a rendu visite secrètement il y aune semaine, s'est accrochée à lui, en larmes, inquiète, pleine, a-t-elle dit, de songes noirs et de cauchemars. Il l'a enlacée, rassurée. Mais il l'a quittée ému.

Il remonte dans la voiture. Il ouvre l'un des portefeuilles. Il commence à lire l'exemplaire du Moniteur de ce jour, samedi 9 mai 1812. On y annonce, comme il l'a exigé, que l'Empereur a quitté Paris pour inspecter la Grande Armée rassemblée sur les rives de la Vistule. Tout à coup, il tremble de surprise et de colère. Le journal publie le premier article d'une étude intitulée Recherches sur les lieux où périt Varus et ses légions. Varus, ce général romain d'Auguste qui fut battu par le Germain Arminius, ce qui obligea Auguste à abandonner la Germanie et la frontière de l'Elbe, et à faire du Rhin le limes de l'Empire. Mauvais présage ou intention de nuire ?

Sur qui peut-il compter vraiment ?

Il aperçoit sur les bords de la route les paysans rassemblés pour le voir passer. Ils sont silencieux, comme les populations de Mayence, de Francfort, de Bayreuth qui regardent le cortège sans manifester.

Croient-ils que je veux la guerre ?

À l'étape de Mayence, il s'approche de Caulaincourt, l'interroge.

- Sans doute Votre Majesté ne veut pas faire la guerre à la Russie pour la Pologne seulement, dit le grand écuyer, mais bien pour ne plus avoir de concurrents en Europe et n'y voir que des vassaux et aussi pour satisfaire sa chère passion.

- Quelle est cette passion ?

- La guerre, Sire.

Caulaincourt est audacieux et bête. Napoléon lui tire l'oreille, lui donne une petite tape sur la nuque.

- Je n'ai jamais fait que des guerres politiques, dit Napoléon, et dans l'intérêt de la France. Elle ne peut rester un grand État si l'Angleterre conserve ses prétentions et usurpe les droits maritimes.

Il veut convaincre de cela les princes, les rois et l'empereur d'Autriche, qu'il va rencontrer à Dresde.

Caulaincourt répète que les souverains sont inquiets. Ils ne veulent pas être privés de leurs droits. Il sera difficile de les persuader d'agir aux côtés de l'Empereur.

Napoléon hausse les épaules.

- Quand j'ai besoin de quelqu'un, je n'y regarde pas de si près, je le baiserais au cul !

Qu'imaginait donc Caulaincourt ?

À Tilsit, à Erfurt, ne me suis-je pas efforcé de séduire Alexandre ? Je recommencerai à Dresde avec les rois et l'empereur d'Autriche.

Il me faut des alliés pour combattre les Russes.

Les Autrichiens vont fournir trente mille hommes commandés par le prince Schwarzenberg. Pourraient-ils me refuser cette contribution alors que je suis l'époux de la fille de l'empereur François Ier ? Il me faut la paix en Allemagne, en Prusse. Et il me faut des contingents de vingt nations, des Croates aux Hollandais, des Italiens aux Bavarois, des Espagnols aux Wurtembergeois.

Il roule la nuit. Les feux qui ont été allumés sur les talus pour éclairer la route font sortir de l'ombre le visage de Marie-Louise. Il la réveille quand la voiture ralentit à l'entrée de Dresde.

Les salves d'artillerie retentissent, couvrant le son des cloches. Les cuirassiers, aux immenses casques, aux uniformes blancs qui forment une haie jusqu'au palais royal, portent des torches. Le roi et la reine de Saxe attendent devant le château.

Il descend. Il aime cet accueil majestueux. Lors du Te Deum qui a lieu le dimanche 17 mai 1812 en présence des princes allemands et des ambassadeurs, il retrouve l'atmosphère qu'il avait connue à Tilsit et à Erfurt, quand les rois et les princes étaient ses courtisans.

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