Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

« Mon amie, dit-il à Joséphine, je viens de voir l'empereur Alexandre au milieu du Niémen, sur un radeau où on avait élevé un fort beau pavillon. J'ai été fort content de lui : c'est un fort beau, bon et jeune empereur ; il a de l'esprit plus que l'on ne pense communément. Il vient loger en ville, à Tilsit, demain.

« Adieu, mon amie ; je désire fort que tu te portes bien, et sois contente. Ma santé est fort bonne.

« Napoléon »

Le lendemain, 26 juin, lorsqu'il accueille Alexandre à 12 h 30 sur le radeau, l'homme déjà lui semble familier. Napoléon se sent attiré par ce personnage chargé d'une longue hérédité, et, il ne peut s'en défendre, il est flatté par la sympathie que le tsar semble lui manifester.

Il sait pourtant qu'à Saint-Pétersbourg on ne parlait que de l'« ogre corse », de l'« usurpateur », et comment les salons accueillaient les émigrés, comment l'on avait pleuré le duc d'Enghien, pris le deuil pour ce Bourbon, quelles malédictions on avait appelées sur la tête de ce « jacobin de Buonaparte ».

Et voilà, maintenant, que je prends par le bras l'empereur de Russie, que nous convenons que le mot de passe pour se rendre d'un secteur de Tilsit à l'autre sera, demain, « Alexandre, Russie, Grandeur », et c'est Alexandre qui choisit le mot de passe du surlendemain : « Napoléon, France, Bravoure ».

Chaque jour avec lui l'intimité augmente : revues des troupes, longues conversations, courses dans la forêt.

Je l'étonne, je le séduis, je l'éblouis.

Napoléon dit à Duroc :

- C'est un héros de roman, il a toutes les manières d'un des hommes aimables de Paris.

Mais je lui suis supérieur. Je suis un fondateur d'empire et non un héritier.

Quand ils parcourent à cheval la campagne et les forêts qui entourent Tilsit, Napoléon éperonne sa monture, devance le tsar, puis l'attend.

Il est heureux. Souvent, depuis la seconde rencontre sur le radeau, Frédéric-Guillaume III, roi de Prusse, les accompagne. Il n'est pas bon cavalier. Il a la mine triste d'un vaincu. Napoléon se moque de sa tenue, marque son mépris.

- Comment faites-vous pour boutonner tant de boutons ? lui demande-t-il.

Il faut pourtant le recevoir, mais comme un homme de trop que l'on n'accepte que parce que l'invité de marque souhaite le voir assis à sa table.

« L'empereur de Russie et le roi de Prusse sont logés en ville et dînent tous les jours chez moi, écrit Napoléon à Fouché. Tout cela me fait espérer une prompte fin de guerre, ce qui me tient fort à cœur par le bien qui en résultera pour mes peuples. »

Mais il écarte Frédéric-Guillaume de toutes ces rencontres qu'il veut amicales et qu'il ménage avec Alexandre, le soir, après dîner.

L'Europe, l'Orient, dit Napoléon. Il montre sur les cartes comment les Empires pourraient s'étendre.

Alexandre se laissera-t-il convaincre que les deux Empires alliés peuvent dominer la plus grande partie du monde ?

Napoléon ne se lasse pas de l'évoquer. Ces conversations, ces dîners, même en présence de Frédéric-Guillaume, l'enchantent. Il se sent l'Empereur des rois.

« Je crois t'avoir dit, écrit-il à Joséphine, que l'empereur de Russie porte grand intérêt à ta santé, avec beaucoup d'amabilité. Il dîne ainsi que le roi de Prusse tous les jours chez moi. »

Il est fier.

Il montre ses grenadiers, fait défiler sa garde impériale, ses cuirassiers aux « gilets de fer ». Il jette de temps à autre un regard vers Alexandre dont il saisit l'expression admirative et inquiète. Ces divisions qui passent sont comme un rempart mouvant qui s'avance, menaçant.

Il faut bien qu'Alexandre accepte l'alliance, reconnaisse la Confédération du Rhin, les royautés de Louis en Hollande et de Joseph à Naples, qu'il admette que Jérôme devienne roi de Westphalie et qu'en somme Napoléon soit l'Empereur d'Occident. D'ailleurs, c'est la Prusse qui paie. La Russie n'abandonne que les îles Ioniennes et Cattaro. Napoléon lui laisse les mains libres en Finlande, en Suède. Et la Russie s'engage à déclarer la guerre à l'Angleterre si celle-ci refuse sa médiation.

Quant à la Prusse, Napoléon a un geste désinvolte de la main. Il faut qu'elle soit punie, qu'elle perde la moitié de ses territoires et de ses habitants.

Il écoute Alexandre plaider la cause de la Prusse, invoquer le désespoir de la reine Louise, si émouvante. Napoléon montre de la main les grenadiers des deux gardes impériales qui se sont rassemblés dans la campagne proche de Tilsit pour un immense banquet. Les hommes ripaillent.

Qu'importe la Prusse ?

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