Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il fait encore nuit quand il entre dans la ville. Les soldats ivres titubent dans les rues jonchées des débris du pillage. Sur la place, devant l'archevêché, on brûle dans de grands feux des meubles d'église. L'odeur est pestilentielle. Des cadavres sont étendus partout au milieu des détritus et des chevaux éventrés. On entend les cris des femmes, dominant les chants des soldats.

Il passe au milieu de ses soldats qui ne le voient pas, emportés par la furie de la ripaille, du viol et du saccage.

La pièce où il doit dormir dans l'archevêché est souillée, les meubles en ont été brisés.

On vient d'y découvrir trois Espagnols armés.

Il s'assied sur le lit maculé de l'archevêque. Il est accablé de fatigue. Il a faim. Il est redevenu l'officier en campagne. C'est comme s'il n'avait jamais connu le luxe des palais. Roustam lui apporte un morceau de viande rôtie, du pain et du vin qu'il a obtenus des grenadiers qui bivouaquent sur la place. Il mange, jambes écartées, dans cette pièce sale et puante, à peine éclairée. Puis il s'allonge sur le lit avec ses bottes et ses vêtements couverts de poussière et de boue.

Le lendemain, il regarde un instant les fumées qui continuent de s'élever au-dessus de Burgos. Des bâtiments achèvent de brûler. Il convoque ses aides de camp. Il veut connaître la position des différentes armées, celle de Soult, de Ney, de Victor, de Lannes. Il faut que les officiers reprennent les troupes en main afin que cessent les pillages. Il va inspecter la ville et les magasins qu'on y a découverts et qui regorgent de vivres.

Sur la place, il entend les premiers cris de « Vive l'Empereur ! ».

- Dans tout cela, il y a du Bacchus plus que d'autre chose, dit-il.

On ne peut conduire une armée de soldats ivres et de pillards. Chaque jour, dit-il, il passera les troupes en revue.

Il rentre dans l'archevêché, que les grenadiers de la Garde ont commencé de nettoyer. Les premiers courriers arrivent, annonçant au fil des heures les victoires de Soult à Reinosa, de Victor à Espinosa, de Lannes à Tudela. Les Espagnols de Castanedos sont en fuite, comme les Anglais de John Moore. Il se penche sur les cartes. Désormais, on peut marcher sur Madrid.

Avant de quitter Burgos, il rend visite aux blessés qui s'entassent au couvent de la Conception. Il voit ses hommes mutilés que la grangrène ronge et qui sont couchés sur de la paille pourrie. Ils se soulèvent, saluent l'Empereur, racontent ce qu'ils ont vu, ce qu'ils ont entendu raconter.

Le capitaine Marbot, l'aide de camp de Lannes, a été blessé en essayant d'apporter des dépêches à l'Empereur. Sur la route, disent-ils, Marbot a vu « un jeune officier du 10e chasseurs à cheval, encore revêtu de son uniforme, cloué par les mains et les pieds à la porte d'une grange !.. Ce malheureux avait la tête en bas et l'on avait allumé un petit feu dessous ! Heureusement pour lui, ses tourments avaient cessé ; il était mort ! Mais le sang de ses plaies coulait encore ».

Napoléon se tait. Il se souvient de ces dépêches tachées de sang qu'on lui a remises, c'étaient celles que portait Marbot sur lui quand il a été blessé.

Il faut en finir avec cette guerre, échapper à ce bourbier sanglant.

Il passe entre les rangs des blessés, fait distribuer à chaque officier huit napoléons, et trois à chaque soldat. Puis, quittant le couvent de la Conception, il prend la route vers Aranda.

Il pousse son cheval sur ce chemin pierreux. Les aides de camp et l'escorte ont de la peine à suivre. Il semble ne pas éprouver de fatigue. Il veut entrer dans Madrid.

À Aranda, il voit se dresser à l'horizon la sierra de la Guadarrama. C'est la barrière rocheuse que Bacler d'Albe, l'adjudant commandant, chef des ingénieurs géographes, a soulignée d'un trait sombre sur la carte, à Burgos. Derrière cette sierra, il y a Madrid, et pour franchir la montagne il n'existe qu'un seul passage : le col de Somosierra.

Napoléon se penche sur la carte en compagnie de Bacler d'Albe. Ils sont si proches l'un de l'autre qu'ils se touchent du front. Napoléon relève la tête.

Il a confiance en cet homme qu'il connaît depuis des années, qu'il veut toujours avoir près de lui, dans sa tente, en campagne. Il l'interroge. Bacler d'Albe a fiché sur la carte des épingles de couleur qui suivent la route du col de Somosierra. Ce col s'élève à plus de 1 400 mètres. La route est serrée entre deux montagnes. Elle est étroite. Et, précisent les voltigeurs qui sont partis en reconnaissance, elle est barrée par les Espagnols qui ont établi des postes d'artillerie à chacun de ses lacets. Sur la crête, il y a un dernier barrage, tenu par une batterie de seize pièces et des milliers d'Espagnols, commandés par Benito San Juan.

- La seule route, murmure Napoléon.

Il faut donc passer par le col de Somosierra pour fondre sur Madrid. Il veut apprécier lui-même la situation.

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