Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

« Je supplie Votre Majesté de recevoir ma renonciation à tous les droits qu'elle m'avait donnés au trône d'Espagne. Je préférerai toujours l'honneur et la probité au pouvoir acheté si chèrement. »

Napoléon serre la lettre dans son poing.

Qu'a-t-il acheté, Joseph ? Il n'a pas versé son sang ! Il n'a même pas été capable de donner un ordre efficace ! Et quel général lui obéirait, quel grognard le respecterait ? Il restera sur le trône d'Espagne autant qu'il le faudra. D'ailleurs, il n'abdiquera pas ! Trop attaché à son titre !

Napoléon fait quelques pas, retourne vers la table. Il place sa main à plat sur la carte d'Espagne qui s'y trouve déployée.

Celui qui décide, celui qu'on respecte, est celui qui se bat.

Il se penche. Il faut d'abord chasser l'Anglais, le prendre en tenaille. Moore cherchera à rembarquer ses troupes dans un port de Galice, ou à Lisbonne. Et il faut le détruire avant. Et, pour cela, Napoléon doit reprendre l'armée en main.

Il convoque Berthier.

- Qu'on fusille les pillards, lance-t-il aussitôt.

Il montre à Berthier une supplique qui l'invite à gracier deux voltigeurs surpris avec des objets de culte dérobés à une église de Madrid. Ce sont de bons soldats, affirme leur colonel, qui méritent qu'on les gracie.

- Non. Le pillage anéantit tout, dit Napoléon en marchant dans la pièce, même l'armée qui l'exerce. Les paysans désertent, cela a le double inconvénient d'en faire des ennemis irréconciliables qui se vengent sur le soldat isolé et qui vont grossir les rangs ennemis à mesure que nous les détruisons, cela prive de tous renseignements, si nécessaires pour faire la guerre, et de tout moyen de subsistance.

- Qu'on les fusille, répète-t-il, les dents serrées.

C'est le prix de la discipline.

Il entraîne Berthier vers la carte. Lannes, montre-t-il, assiège Saragosse. Gouvion-Saint-Cyr vient de battre les Espagnols du général Reding à Molinas del Rey.

- Nous sommes maîtres de la Catalogne, des Asturies, de la Nouvelle et de la Vieille-Castille.

Mais il faut écraser Moore et ses Anglais, donc se lancer à leur poursuite et ne leur laisser aucun répit.

- Il sera difficile qu'ils échappent, et ils paieront cher l'entreprise qu'ils ont osé former sur le Continent.

Il va jusqu'à la fenêtre. Le temps est d'un bleu limpide. Il veut passer en revue toute l'armée, entre le château de Chamartín et Madrid, puis on se mettra en marche avec Ney et Soult, Duroc et Bessières.

Il regarde vers le nord, la ligne noire de la sierra de la Guadarrama. Il faudra à nouveau la franchir, non plus au col de Somosierra, mais par un passage plus méridional et moins élevé.

Le 22 décembre, il écrit à Joséphine.

« Je pars à l'instant pour manœuvrer les Anglais, qui paraissent avoir reçu leurs renforts et vouloir faire les crânes. Le temps est beau ; ma santé, parfaite ; sois sans inquiétude. »

Dans la matinée du jeudi 22, il consulte les dernières dépêches que viennent d'apporter les aides de camp de Soult. Il s'étonne.

- La manœuvre des Anglais est extraordinaire, dit-il. Il est probable qu'ils ont fait venir leurs bâtiments de transport au Ferrol, pensant qu'il n'y avait pas de sûreté pour eux à se retirer sur Lisbonne.

Il va vers la fenêtre.

- Toute la Garde est déjà partie, dit-il. Probablement le 24, ou le 25 au plus tard, nous serons à Valladolid.

Mais, pour cela, il faut marcher et courir les routes à en crever.

Il va vers le perron du château.

Il est 14 heures.

Il éperonne son cheval, mais, après quelques dizaines de minutes de course, il se redresse. Le temps change. Un vent glacé souffle en rafales. Le sommet de la sierra de la Guadarrama disparaît dans des nuages d'un gris-noir.

Il aperçoit, au pied de la sierra, des soldats qui piétinent en désordre au milieu des chevaux et des caissons d'artillerie. Ils sont noyés dans une tourmente de neige. Les bourrasques l'aveuglent. Il est contraint de mettre pied à terre dans la foule qui, malgré la Garde qui tente de la repousser, l'enveloppe.

On ne s'arrête pas pour une tempête de neige, murmure-t-il. On passe.

Il écoute, le visage baissé, les explications que les officiers lui donnent. La route du col est balayée par un vent violent qui a poussé plusieurs hommes dans les précipices. Les chevaux ont glissé sur le verglas. Les canons ont dégringolé sur la pente. La neige, le gel rendent la marche en avant impossible. On ne peut pas traverser.

On doit passer.

Il lance d'une voix forte ses ordres. Que les hommes d'un même peloton se tiennent par le bras pour résister aux coups de vent. Que les cavaliers mettent pied à terre et avancent de la même manière.

Il faut toujours payer avec soi-même.

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