Читаем Napoléon. L'empereur des rois полностью

Il prend le bras de Duroc et de Lannes. Que l'état-major forme des pelotons.

- En avant ! crie-t-il.

Une lieue et demie à parcourir jusqu'au sommet. Il tire, courbé. On le pousse. Il pousse. Il est un homme comme un autre, mais il sait ce qu'il veut. Pourquoi il marche.

À mi-pente, dans la neige, il faut s'arrêter. Les bottes à l'écuyère empêchent d'avancer. Il monte à califourchon sur un canon. Il passera. Les généraux et les maréchaux l'imitent.

- Foutu métier ! lance-t-il, le visage glacé, les yeux obscurcis par la neige.

Il entend des voix rageuses qui montent de la foule des fantassins.

- Foutez-lui un coup de fusil, une balle dans la tête, à cette charogne !

Jamais avant cette nuit il n'a entendu ces cris de haine contre lui. Il ne tourne même pas la tête. Qu'on le menace, qu'importe. Qu'on le tue, pourquoi pas ! Si le destin le veut ! Il ne craint pas ces hommes que la fatigue et le froid rendent fous.

Il est parmi eux. Ils n'oseront pas tirer sur leur Empereur. Mais il sent sourdre en lui une inquiétude.

Est-ce ici, dans cette Espagne, au cours de cette « malheureuse guerre », que se nouent les fils de ma destinée en un « nœud fatal » ?

Il courbe la tête sous la tempête. Il pense à tous ces hommes illustres dont il a passionnément suivi l'ascension et la chute dans Plutarque.

Tous ont connu ce moment où le destin s'incurve. Est-ce ici, pour moi ?

- En avant ! crie-t-il.

Le vent se fait plus fort. Dans la tourmente, il distingue les bâtiments du couvent qui se dresse au sommet du col. Il faut du vin, du bois pour les hommes. Il organise la distribution, reste debout dans les bourrasques, donnant des ordres pour que l'armée se repose. Puis, après quelques dizaines de minutes, il commence à descendre. Il faut à tout prix rejoindre les Anglais.

À Espinar, au pied de la sierra, il s'arrête. Il entre dans la maison de poste.

Il se laisse un instant terrasser par la fatigue, puis il se redresse, regarde autour de lui. Les officiers de son état-major sont assis à même le sol.

Leur attitude dit l'accablement et l'épuisement.

Il appelle Méneval. Qu'on trouve Bacler d'Albe, qu'on déroule les cartes. Il dicte, en attendant, quelques lignes pour Joseph.

« J'ai passé la Guadarrama avec une partie de la Garde et par un temps assez désagréable. Ma Garde couchera ce soir à Villacastín. Le maréchal Ney est à Medina. Les Anglais paraissent être à Valladolid, probablement avec une avant-garde, et être en position à Zamora, Benavente, avec le reste de leur armée... Le temps est assez froid. »

Foutu métier, dont Joseph ne comprendra jamais ce qu'il exige d'un homme, fût-il Empereur !

La pluie qui tombe maintenant est glacée, et, quand le temps se radoucit, les averses torrentielles transforment les chemins en bourbiers.

Il voit enfin les rives du Douro. Il remonte les colonnes de fantassins. Il observe ces hommes qui marchent courbés, noyés sous les rafales. Il sent la pluie qui traverse sa redingote, coule de son chapeau dont le bord s'affaisse, imbibé d'eau. Pas un soldat ne lève la tête vers lui, pas une acclamation.

Il pourrait se laisser aller, donner l'ordre de faire halte pour attendre la fin des pluies.

Il demande qu'on presse la marche. Il voit les fantassins contraints de se déshabiller pour franchir les torrents dont l'eau est glacée.

On passe à Tordesillas, à Medina. Où sont les Anglais ?

Il va en avant. Il n'écoute pas ses aides de camp qui lui répètent que les troupes ne suivent pas. Il galope à travers champs, sous la pluie.

Parfois il se retourne et aperçoit, sous les rafales, l'escadron de chasseurs de la Garde qui le suit, à plusieurs dizaines de mètres. Il doit être le meilleur, puisqu'il est l'Empereur.

À Valderas, il attend les bras croisés sous la pluie l'arrivée du maréchal Ney. Au bout d'une heure, il voit s'avancer Ney, confus. L'Empereur a été notre avant-garde, dit le maréchal.

Napoléon le fixe.

- Ce qu'il importe de savoir, dit-il, c'est si l'ennemi prend sa retraite sur la route de Benavente ou sur celle d'Astorga.

Sous la pluie, il donne des consignes. Il faut que les chasseurs de la Garde commandée par Lefebvre-Desnouettes se lancent en avant afin de reconnaître la position des troupes anglaises.

Il attend. Ce temps est aussi mauvais que celui de la Pologne. Il pense au cimetière d'Eylau. Il sent à nouveau l'inquiétude monter en lui, comme un pressentiment.

Il décide de marcher sur Benavente parce qu'il ne peut supporter cette inaction. Un aide de camp couvert de boue s'approche, chevauche à sa hauteur. Lefebvre-Desnouettes a été fait prisonnier, crie-t-il. Les chasseurs de la Garde ont dû se replier après avoir été surpris par la cavalerie anglaise.

Napoléon donne des éperons. Il entre le premier dans Benavente.

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