Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

Joséphine chuchote quelques mots, insiste pour qu'il se rende à l'Opéra. Il travaille trop, dit-elle. La musique le distraira. Il se lève, descend l'escalier. L'escorte de grenadiers à cheval l'attend, les chevaux piaffent. Napoléon s'avance vers sa voiture, lève les yeux, aperçoit son cocher, César, qui paraît osciller sur son siège. Peut-être ivre.

Napoléon monte dans sa voiture. Les grenadiers prennent le trot, et la voiture suit à vive allure, empruntant peu après la rue Saint-Nicaise. Tout à coup elle s'élance, les chevaux au galop. Napoléon somnole. Un grenadier à cheval a donné ordre à un fiacre de s'écarter afin que la voiture du Premier consul puisse dépasser une charrette qui est arrêtée le long de la rue. Une fillette tient le cheval attelé par la bride à la charrette.

César a fouetté les chevaux dès que le passage a été dégagé. La voiture frôle la charrette puis tourne à gauche dans la rue de la Loi.

Brusquement, Napoléon a l'impression que l'on tire le canon près de lui. Il croit dans son demi-sommeil vivre une scène de bataille. Il se réveille. On entend des cris, des bruits de verre et des hennissements. Il se penche, il y a derrière lui dans le ciel une lueur rouge sombre.

La voiture s'arrête au débouché de la rue des Boucheries. Un officier s'approche. Napoléon a compris avant même que l'officier lui explique qu'il s'agit d'un attentat. Une charrette a explosé quelques minutes après le passage du Premier consul.

- Allez donner l'ordre, dit-il, que toute la garde des consuls prenne les armes, lance Napoléon.

On a donc voulu le tuer.

Il est calme et serein. Il se tourne vers un second officier.

- Allez dire à Mme Bonaparte de me rejoindre à l'Opéra.

Puis, d'un signe, il demande à César de repartir.

Une fois encore, la mort l'a simplement effleuré, comme pour lui rappeler la précarité de son pouvoir et la nécessité de ne jamais baisser sa garde.

Qui sont ceux qui ont voulu l'abattre ? Sans doute les complices des conspirateurs aux poignards, ces terroristes qui peut-être ont noué des liens avec des généraux jacobins, ces envieux, ces « vieilles moustaches » des campagnes de la République qui n'admettent pas le retour à la paix civile, à l'ordre, à la fusion de tous les Français. Et qui sait si, derrière eux, il n'y a pas Moreau ?

En descendant de voiture devant l'Opéra, Napoléon voit les généraux, les officiers qui accourent. La détonation énorme a été entendue dans tout Paris. Des maisons ont été éventrées, toutes les vitres du quartier et celles des Tuileries ont été brisées. On dénombre plusieurs tués, des blessés mutilés. Une femme a eu les deux seins arrachés par un morceau de fonte. On a découvert les restes épars d'une fillette.

Il faut écraser ces terroristes.

Il entre dans l'Opéra, pousse la porte de la loge.

- Ces coquins ont voulu me faire sauter, dit-il à Junot.

Puis il s'assied.

- Faites-moi apporter un imprimé de l'oratorio, ajoute-t-il d'une voix calme.

Mais tous les spectateurs sont debout, criant : « Vive le Premier consul ! » Les ovations sont si fortes qu'elles font trembler les murs de l'Opéra. À plusieurs reprises, Napoléon s'avance, et chaque fois qu'il se rassoit, les acclamations le contraignent à se lever de nouveau. Ce n'est qu'après plusieurs minutes qu'il peut commander à l'orchestre de commencer à jouer.

Il écoute quelques instants la musique. Une fois de plus, l'action de ses ennemis peut le servir s'il sait contre-attaquer, profiter de l'émotion pour agir.

Il quitte l'Opéra. Au fur et à mesure qu'il approche des Tuileries, la foule se fait plus dense. On l'acclame dès que l'on reconnaît sa voiture. Dans les salons des Tuileries, les proches s'empressent. Il voit Fouché, isolé, et le visage glabre, impassible du ministre de la Police l'irrite.

- Eh bien, lance-t-il, direz-vous encore que ce sont les royalistes, Fouché ?

Il n'aime pas cette réponse de Fouché qui s'obstine et reste calme, prétendant qu'il prouvera qu'il s'agit bien de royalistes.

Napoléon ne peut l'admettre. Il a, ces temps derniers, multiplié les gestes en direction des émigrés. Qui sont ces Ceracchi, Aréna, Topino-Lebrun, qui voulaient l'assassiner à l'Opéra, il y a peu ?

- Des jacobins, répète-t-il, des terroristes, des misérables en révolte permanente, en bataillons carrés contre tous les gouvernements.

Il marche à grands pas dans le salon. Ses familiers l'approuvent. Il est porté par ce murmure, par l'isolement de Fouché.

- On ne me fera pas prendre le change, il n'y a ici aucun chouan, ni émigré, ni ci-devant noble, ni ci-devant prêtre, martèle-t-il.

Ce sont des jacobins, des septembriseurs.

Il s'avance vers Fouché.

- J'en vais faire une justice éclatante...

Il est irrité que Fouché répète qu'il s'agit de chouans et qu'il en apportera la preuve dans les huit jours. Il lui tourne le dos.

Il reste éveillé une partie de la nuit.

Presque tout son entourage lui a conseillé de renvoyer Fouché et le préfet de police Dubois : le ministre se souvient d'avoir été terroriste, et le préfet est un incapable.

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