Читаем Napoléon. Le soleil d'Austerlitz полностью

Il faut être bref. Napoléon parle sur un ton saccadé. La conspiration est évidente. On recherche Pichegru et Cadoudal. On les prendra, morts ou vifs. Il reste la bande des exécuteurs, ceux qui veulent m'enlever, me tuer. Et il y a Moreau.

Il se tait. Il attend. Il connaît la prudence de ces hommes. La lâcheté de certains d'entre eux.

- Si on n'arrête pas Moreau..., commence-t-il d'une voix calme.

Il se lève.

- On dira, s'écrie-t-il, que j'ai peur de Moreau ! Il n'en sera point ainsi. J'ai été le plus clément des hommes, mais je serai le plus terrible quand il faudra l'être ; et je frapperai Moreau comme un autre, puisqu'il entre dans des complots, odieux par leur but, honteux par les rapprochements qu'ils supposent.

Ils approuvent. Il fera donc arrêter Moreau.

Il retient Régnier. On fera juger Moreau par le tribunal criminel de la Seine, et non par un Conseil de guerre.

- On dirait que j'ai voulu me débarrasser de Moreau et de le faire assassiner juridiquement par mes propres créatures.

Un pli amer cerne sa bouche. On l'accusera de toute façon de craindre en Moreau un rival.

Il dort peu. Le matin du 15 février, il se rend dans la chambre de Joséphine. Il commence à jouer avec Napoléon-Charles, le fils de Louis et d'Hortense. Il caresse l'enfant. Il a cette lucidité un peu lasse qui succède aux nuits sans sommeil.

- Sais-tu ce que je viens de faire ? dit-il. Je viens de donner l'ordre d'arrêter Moreau ; cela va faire un beau bruit, n'est-ce pas ? On ne manquera pas de dire que je suis jaloux de Moreau, que c'est une vengeance, et mille pauvretés de ce genre ! Moi, jaloux de Moreau !

» Il me doit la plus grande partie de sa gloire... Je l'ai empêché vingt fois de se compromettre, je l'ai averti qu'on nous brouillerait, il le sentait comme moi, mais il est faible et orgueilleux, les femmes le dirigent.

Napoléon a une moue de mépris.

Les partis l'ont pressé.

L'aide de camp apporte une dépêche. On a arrêté Moreau sur la route, non loin de sa propriété de Grosbois. On l'a conduit au Temple. Le général est resté calme.

Napoléon froisse la dépêche.

Moreau n'imagine pas les charges qui pèsent contre lui, les témoignages dont je dispose.

Il faut avertir l'armée, prévenir la calomnie.

Il dicte.

« Au général Soult :

« Moreau a été arrêté ; quinze ou seize brigands ont été également arrêtés. Les autres sont en fuite. On a saisi une quinzaine de chevaux et des uniformes dont on devait se servir pour m'attaquer sur la route de Paris à la Malmaison, ou de la Malmaison à Saint-Cloud, avec mon piquet, qui est de vingt hommes, comme vous savez. »

Il convoque Murat.

Il faut guider la main de cet homme courageux mais tête vide. Il flatte Murat, lui demande des nouvelles de Caroline son épouse, le félicite pour la tenue des troupes de Paris, ville dont il est le gouverneur.

Murat se rengorge. Il faut, lui dit Napoléon, que Paris se couvre d'affiches expliquant le complot et annonçant l'arrestation des brigands et de Moreau.

- Je veux que Paris soit fermé, ajoute-t-il.

Napoléon, tout en prisant et en jetant de temps à autre un regard à Murat, détaille les mesures à prendre. Tout le monde peut entrer dans Paris, mais personne ne peut en sortir. La garde à pied sera placée aux portes de la capitale. La garde à cheval fera des patrouilles continuelles le long des murs d'octroi, les matelots de la Garde stationneront sur la Seine, jour et nuit. Et la peine de mort pour qui recèlera Georges ou Pichegru.

Une guerre, implacable.

Il lit tous les rapports de police. Pour vaincre, il faut tout voir, tout savoir, n'être dupe de rien.

Il s'est assis. Il a ouvert devant lui le dossier comportant les rapports du 18 février 1804. Il s'efforce de garder son calme. Il lit le texte d'une affiche collée dans la nuit.

Moreau innocent, l'ami du peuple et le père des soldats aux fers !

Bonaparte un étranger, un Corse devenu usurpateur et tyran !

Français, jugez !

Sur les murs, on trouve aussi l'anagramme de Bonaparte :

NABOT A PEUR.

Il se dresse. Peur ? La fureur l'emporte. De Moreau ? De ces brigands ? De Cadoudal et de Pichegru ?

Il quitte son cabinet de travail. C'est jour de réception diplomatique. Dans les rapports transmis par la police, il a appris que parmi les personnes arrêtées se trouve un Suisse attaché à l'ambassade de Russie et dont M. de Markof a demandé la libération.

Il se dirige vers l'ambassadeur, l'interpelle.

- Est-ce que la Russie croit avoir sur nous une supériorité qui lui permette de tels procédés ?

Il fait un pas en arrière, élève encore la voix.

- Est-ce qu'elle nous croit tombés en quenouille jusqu'au point de supporter de telles choses ? Elle se trompe.

Il lance en s'éloignant :

- Je ne souffrirai rien d'inconvenant d'aucun prince sur la terre !

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