Un journal parle aujourd’ hui de l’ empoisonnement de Mozart par Salieri, comme d’ un fait avéré. Voici ce qu’écrit de Vienne un artiste qui voit fréquemment l’ illustre compositeur, dont on veut faire un Desrues ou un Castaing: «Nous avons été fort étonnés de lire dans plusieurs journaux de France, et même d’ Allemagne, que Salieri s’étoit coupé la gorge dans un hòpital de Vienne où il avoit loué une chambre tout exprès. Ce vieillard vit toujours au milieu de sa famille dont il est aussi soigné que chéri. Mais il est vrai que l’ âge a un peu alteré sa raison. Et voici une preuve bien singuliere: Une de ses manies est de tirer à l’ écart toutes les personnes de sa connoissance, et de leur dire avec une physionomie toute riante: „J’ai une petite confidence à vous faire; c’est moi, mon cher, qui empoisonné Mozart, parce que j’en étois excessivement jaloux; mais je vous avoue que je n’en ai pas le moindre remords, puisque cela ne m’empêche pas de faire de tres jolis canons.“ Tous ceux à qui il a fait cet étrange aveu, n’y ont vu qu’un acte de démence. Qu’y a-t-il dans la vie entière de Salieri qui puisse se conciler avec l’ horreur d’ un pareil forfait? Qu’il ait été jaloux du sublime auteur de