Читаем Oms en série полностью

— Je vois où vous voulez en venir, devina-t-il. Vous craignez que les oms errants ne reconstituent leur ancienne civilisation, avec tous les dangers que cette éventualité créerait pour la nôtre. Cela me paraît…

— Excessif? coupa le savant. Écoutez bien, mon cher Premier. Chacun sait que l’om est un animal intelligent. Ce qui est grave, c’est qu’il le devient de plus en plus. Certains oms parlent. Non pas seulement quelques mots! Ils forment des phrases! L’om savant est devenu une attraction fréquente dans les spectacles, à tel point que la foule s’en désintéresse. C’est un numéro sans aucune originalité. Or, au dernier lustre, alors que j’étais enfant, cette attraction n’existait pas! J’ai ici…

Il fouilla dans ses papiers.

— J’ai apporté des relevés de statistiques. Dans la seule ville de Torm, il a été déclaré à la police par des propriétaires…

Il lut:

— Au mois du Lion 713: cent trois pertes d’oms. Au mois de l’Oiseau: cent quarante-cinq pertes. Mois du Poisson: deux cent dix. Ensuite, de mois en mois, nous avons successivement: deux cent vingt-sept, trois cent deux, sept cent vingt et un, bond fantastique! Pour arriver au mois dernier avec (tenez-vous bien) mille deux cent trente-six déclarations de perte! On devrait dire déclarations de fugue. Dans chaque cas, l’om en question se montrait particulièrement intelligent. Dans un cas sur trois, la fugue volontaire est prouvée.

Il parla encore longtemps, donna d’autres chiffres, s’appuya sur des faits et conclut:

— Voilà ce que nous avons provoqué! Nous avons… détribalisé l’om, nous l’avons rendu à son individualité. Il y a certes perdu les trois quarts de ses instincts sociaux tyranniques, mais non son instinct grégaire. Et il retrouve en plus son intelligence, son goût de la liberté; peut-être demain son goût de la conquête. Nous l’avons sorti de l’impasse de l’instinct pour le replacer sur la route du progrès.

Le Premier Édile se leva.

— Vous m’avez convaincu, Maître Sinh, dit-il. Je vais intervenir au Grand Conseil. Mais tranquillisez-vous un peu, ajouta-t-il dans un sourire, la conquête des draags par les oms n’est pas pour demain!

— Ne riez pas, Premier, nous n’en savons rien!

— Il ne faut rien exagérer.

— Vraiment? Et l’accident de Klud?

Le Premier leva les bras au plafond:

— Cette vieille histoire! Il n’est même pas prouvé que ces deux draags aient été agressés par des oms. Personnellement, j’ai peine à le croire!

Le Maître fouilla sa poche de tunique:

— Moi, j’ai des preuves, dit-il. Regardez ce que m’a donné un confrère du continent Sud.

Il tendit une fiximage au Premier Édile et commenta:

— L’endroit était peu fréquenté. On n’a retrouvé les cadavres qu’au bout de six jours et la décomposition en était avancée. Impossible de rien tirer du premier cadavre, celui du fossé. Mais à deux stades de là, le draag effondré sur la route avait moins souffert. Regardez ça!

— C’est?

— Le flanc droit, au niveau de la vingt-troisième côte. Une belle morsure d’om, n’est-ce pas?

2

Sur la côte du continent A, un petit port abandonné depuis longtemps par les draags hébergeait dans ses sous-sols une étrange cité.

Dans un réseau de canalisations souterraines et d’anciens égouts, une ville cachée avait installé ses rues, ses unités d’habitation et ses bâtiments publics. Une ville d’oms. De trois millions d’oms!

Une activité fiévreuse y régnait. Sans arrêt, de petites unités de commando se présentaient à ses portes, ramenant de chez les draags une foule de paquets hétéroclites: boîtes d’aliments, ferraille, outils, écouteurs d’instruction. On déposait tout cela en vrac et, tandis que chaque chef d’unité faisait son rapport et signalait ses pertes, d’autres oms classaient le butin, faisaient rouler les boîtes sur la pente de certains couloirs, transportaient avec précaution les écouteurs vers les centres d’étude.

Au centre de la ville, un ancien collecteur avait été cloisonné en chambres de travail pour abriter les services officiels. Dans l’une de ces chambres, un grand om à barbe blonde considérait d’un air sévère les graphiques ornant les murs. Il désigna l’un d’eux.

— Les stocks d’aliments augmentent encore, dit-il. Vingt mille poids! J’ai déjà signifié ma volonté de stopper les arrivées. C’est du temps et de l’énergie perdus. Nous avons là de quoi tenir un an après l’exode!

— Ne te fâche pas, Terr, dit un Noir d’âge mûr assis en face de lui. Tes ordres n’ont pas eu le temps d’arriver partout. Les unités ne sont pas toutes munies de téléboîtes.

— J’avais pourtant dit…

— Je sais. Vaillant fait ce qu’il peut, mais l’usine en question se trouve à cent cinquante stades d’ici. Pour l’atteindre, il faut progresser sur deux stades en terrain découvert, et comme la région n’est desservie par aucun pont roulant, nous avons bien des difficultés à obtenir le matériel. J’ai affecté la moitié des monteurs de télé aux ateliers E, pour qu’ils ne restent pas inoccupés.

Terr inscrivit quelque chose dans un carnet. Puis il en tourna plusieurs feuillets, sourcils froncés.

— Pas trop de pertes, hier?

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