Читаем Oms en série полностью

— La moyenne. Toujours pas de nouvelles de l’opération Klud?

— Pourvu qu’ils réussissent! Sans ces pièces, nous ne pourrons jamais partir. Les trois machines ne seront que d’inutiles tas de ferraille.

— Fais confiance à Vaillant. Il a mis ses meilleurs oms dans le coup.

Une lampe clignota sur une boîte cubique. Terr enfonça un bouton:

— Oui?

— Ici Vaill, dit une voix.

Terr et Charbon se sourirent.

— Eh bien? dit Terr.

— Les pièces arrivent, Terr. J’en touche une du doigt pendant que je parle. Les deux autres sont en route, quelque part du côté de la Sente 4. Pratiquement, nous les avons.

— Bravo, exulta Terr. Fais vite porter la première aux ateliers!

— Par la glissière, elle y sera dans quelques minutes.

— Sans casse, j’espère.

— Mes gars sont en train de la matelasser. Ne t’inquiète pas.

Terr donna une bourrade de satisfaction dans les côtes de Charbon. Il rangea son carnet dans la poche de sa tunique et dit:

— Premiers essais en bassin dans trois jours, vieux Charb! Il faut que j’aille voir ça!

Charb lui mit la main sur l’épaule.

— Méfie-toi, petit. Tu te surmènes. Tu dors à peine, tu manges à toute vitesse et…

— Je ne me suis jamais senti aussi bien.

À cet instant, un remue-ménage filtra de la pièce voisine. Quelqu’un heurta la porte.

— Oui!

Un om au visage ridé apparut.

— Terr, dit-il, la Vieille est mal. Elle te demande.

Terr et Charb se jetèrent un regard éloquent. Ils quittèrent la chambre sans un mot et se rendirent dans un couloir de circulation. Terr enfonça le bouton de priorité et attendit une minute, tandis que des lampes rouges s’allumaient dans le lointain à tous les carrefours. Puis il enjamba la selle du chariot. Charb se plaça derrière lui.

Ils roulèrent sur la pente, de plus en plus vite. Au neuvième millistade, Terr freina et, bloquant le véhicule sur la crémaillère d’ascension, se précipita dans un couloir adjacent. Après avoir salué au passage plusieurs notoriétés de la cité, il entra chez la Vieille.

Celle-ci était allongée sur un matelas de confort. Une couverture cachait ses jambes. Elle fit un faible signe de la main.

— Laissez-moi… seule avec lui, souffla-t-elle.

Charb mit un doigt sur ses lèvres et entraîna doucement les deux médecins dehors.

Terr s’agenouilla au chevet de la vieille ome noire. Il lui prit les mains et les trouva glacées. Une odeur de pharmacie flottait autour d’elle.

— Petit, dit-elle, j’verrai pas l’Exode.

— Ne parle pas, souffla Terr, tu te fatigues.

Elle eut un petit rire cassé. Une toux secoua ses épaules pointues sous la tunique. Elle désigna du doigt un flacon sur une table. Terr lui fit boire quelques gouttes et lui remonta un peu la tête. Elle s’apaisa bientôt.

— Écoute… je voulais te voir avant… de m’en aller. Si… si! J’ai pas peur, tu sais! Je voulais te dire que… que je t’aime bien, petit. Faut pas faire une tête comme ça. Regarde, moi, je rigole… On s’en va tous. Un jour, ça sera ton tour, dans longtemps, j’espère.

Elle branla la tête.

— C’est pas bien malin, ce que je dis là. Je suis qu’une vieille sotte. Vous tous, avec… les écouteurs des draags, vous êtes plus intelligents que moi. Même les petits… les tout petits oms qui savent lire les paroles draags, maintenant. C’est grâce à toi, ça. Pour l’intelligence, tu es un peu là. Mais… au début, quand tu étais encore un petit, tout ce qu’on a fait, c’est grâce à moi. Parce que j’étais… énergique, pas vrai?

Terr l’approuva de la tête. Elle serrait son vieux poing nerveux sur la couverture.

— Moi l’énergie, toi… (elle lui frappa lentement le front du doigt)… la tête. Alors, je voulais te dire… Avec ta tête, si je te donne mon énergie, tu réussiras l’Exode. Faut les deux. Je sais bien que tu en as, de l’énergie, mais je te donne la mienne en plus. Tout à l’heure, je serai plus là. C’est toi qui vas tout commander… D’ailleurs, depuis des jours, tu commandes déjà. Les autres t’écoutent, pas vrai?

Elle haleta un moment sans rien dire, puis ses mains emprisonnèrent celles de Terr, comme des serres.

— Tu sens? Tu sens, petit? Mon énergie qui coule de mes bras? Elle va dans les tiens. Je te la donne. Elle me quitte. Tu sens? Tu…

Sa tête pesa plus lourd sur l’étoffe. Ses lèvres violettes restèrent figées dans un sourire.

— Vieille? dit Terr.

Il dégagea doucement ses mains tièdes des doigts froids de la morte. Il lui ferma les yeux, resta un moment penché sur elle. Puis il se dirigea d’un pas lent vers la porte.

Tout le monde était debout dans la pièce voisine. Terr leur fit signe que c’était fini. Sans regarder derrière lui, il sortit, suivi de Charb dont les grosses lèvres tremblaient d’émotion.

Dans le grand couloir, une foule s’était agglutinée, prévenue par des rumeurs imprécises. Tous regardaient Terr, apparu en haut des marches.

— La Vieille est morte, annonça-t-il d’une voix sans timbre.

La stupeur figea la foule. Depuis toujours, la Vieille était le symbole de leur unité, de leurs espérances, de leur destin. Mais quand Terr fit mine de descendre, une voix d’ome lança:

— Vive l’Édile!

Cela déclencha une explosion de vivats.

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