Читаем Oms en série полностью

Toutefois, une vaste chasse à l’om s’était spontanément organisée sur les quatre continents artificiels. Les draags allaient jusqu’à brûler les parcs ou les vieux bâtiments suspects. Sous l’effet de cette frénésie de meurtre, on vit surgir des oms de partout. Ils sortaient par bandes des caniveaux enfumés, couraient par les rues en hurlant, sortaient des terrains vagues à demi cernés par les flammes, s’enfuyaient en troupes nombreuses et affolées par les campagnes. Quoique prévenus, jamais les draags n’auraient imaginé en voir autant. Il avait fallu cette chasse pour révéler le nombre incroyable d’oms libres vivant de rapines aux dépens de la Société. Plus on en tuait, plus on en trouvait à tuer.

La terreur les rendait agressifs. Ils mordaient au passage, bondissaient de leurs trous pour sauter à la figure des chasseurs penchés sur eux, lançaient des projectiles. Certains avaient envahi des arsenaux et soutenaient un siège en règle en jetant des grenades à rayons.

Néanmoins, certains draags étaient restés chez eux. Atterrés par les événements, ils caressaient en pleurant leurs oms de luxe inoffensifs avant de les sacrifier. D’autres refusaient d’obéir à leurs voisins, parfois à leurs familles. Ils clamaient bien haut que leurs oms étaient restés de bons animaux sans intelligence et les défendaient de toutes leurs forces. D’autres encore agissaient par ruse. Ils montraient des cadavres anonymes en affirmant qu’ils avaient tué leurs oms, alors qu’ils les tenaient cachés.

Mais la plupart des victimes furent des oms sauvages à peine dégrossis, ahuris de la subite colère des draags après tant d’années de tolérance. Ceux qui avaient appartenu à l’organisation du vieux port flairaient depuis longtemps le danger. Ils s’étaient mis à l’abri dans des cachettes introuvables et continuaient tant bien que mal à renseigner par téléboîte la ville du Continent Sauvage. Ou bien, plus actifs, ils faisaient sauter des bâtiments publics ou des voies de communication.

Cependant, le Maître Sinh bénéficiait d’un vieux titre tombé en désuétude depuis des lustres. On l’appelait Édile Suprême et son pouvoir était absolu.

Pour lors, environné de conseillers, il était installé dans une salle du Palais de Klud et fixait un planisphère lumineux d’Ygam.

À vingt-huit heures sept, on vit s’allumer trois points bleus au sud d’A nord, et sept autres points le long des côtes d’A sud. Les fusées étaient lancées vers le Continent Sauvage. Elles portaient des charges de mort à destination des Hauts Plateaux et l’on pouvait suivre leurs lentes trajectoires sur la carte qui se rayait peu à peu de lignes convergentes.

Quand les trajectoires furent à quelques stades du continent, le Maître Sinh serra les accoudoirs de son matelas de confort et pencha sa grosse tête en avant.

— Cette fois!.. dit-il.

Mais, à la stupéfaction générale, les lignes lumineuses s’éteignirent brusquement. Une seconde d’épais silence régna parmi les draags. Puis, chacun s’exclama, douta du bon fonctionnement de l’écran-planisphère, commenta désobligeamment la valeur des techniciens. Le Maître Sinh déploya une membrane pour calmer du geste le tumulte.

— Faites vérifier! dit-il.

Un draag s’empara d’une téléboîte, mais celle-ci bourdonnait déjà d’un appel.

— Comment? Oui, les fusées… Eh bien? Vous êtes sûr!.. J’en réfère immédiatement à l’Édile Suprême.

Il reposa l’appareil et une douloureuse stupéfaction peinte dans ses yeux rouges:

— Les dix fusées sont tombées à la mer.

Le Maître Sinh ne laissa rien paraître de son émotion.

— Faites envoyer dix autres fusées des continents B, dit-il d’une voix froide.

Un quart d’heure plus tard, les dix nouveaux projectiles subissaient le même sort.

— Ils ont un barrage! dit quelqu’un. C’est incroyable!

L’Édile Suprême ordonna de bombarder sans arrêt pendant une heure. Pendant une heure on vit les trajectoires s’éteindre régulièrement à quelques stades du continent.

On fit envoyer des bulles de reconnaissance. Elles ne revinrent pas. Alors, la mort dans l’âme, le Maître Sinh ordonna le départ des vaisseaux de débarquement.

— Il est probable que les moteurs s’arrêteront à dix stades des côtes, dit-il. Nos draags continueront à la nage. Nous avons au moins cette supériorité sur les oms, nous sommes d’excellents nageurs.

Une heure plus tard, une terrible nouvelle arrivait au Palais. Sur quarante navires, trente avaient été frappés par des engins inconnus et coulés à deux stades des ports. Puis, à cinq stades en mer, deux nouvelles explosions envoyaient trois autres navires par le fond.

L’affolement gagnant les troupes rescapées, l’Édile Suprême annula ses ordres et se prit la tête dans les mains, au milieu de la consternation générale.

— C’est épouvantable, murmura-t-il. Je n’imaginais pas avoir raison à ce point!

C’est alors qu’une téléboîte bourdonna pour la centième fois de la journée.

— Quelle catastrophe nous annonce-t-on encore! soupira le Maître Sinh.

Un draag se pencha sur la téléboîte et s’exclama:

— Envoyez le texte immédiatement.

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