Читаем Oms en série полностью

La cité semblait une immense nécropole où chacun attendait son tour d’incinération. Nus, les oms gisaient sur le dos. On leur avait transpercé les bras et les jambes avec des aiguilles qui pompaient le courant de leurs muscles. Ils étaient liés entre eux par des fils métalliques. Ils souffraient en silence depuis des heures.

Au début, les piqûres avaient été supportables.

Mais peu à peu, la présence étrangère du métal brûlait les chairs. Des crampes tordaient les membres, çà et là, diminuant ainsi le rendement de l’immense pile vivante.

En nombre insuffisant, quelques médecins couraient de couloir en couloir, distribuant des conseils, de bonnes paroles, et de rares stupéfiants pour atténuer les souffrances. D’autres se penchaient sur des muscles noués, les massaient doucement pour en chasser la raideur tétanique.

D’autres, enfin, arrachaient les aiguilles d’un coup sec et libéraient ceux dont les plaies s’étaient infectées malgré les précautions. Héroïques, certains refusaient de céder leur place.

Par moments, on entendait des soupirs tremblés ou des plaintes… «À boire!» Et des chariots poussés par des bras diligents et surmenés cahotaient d’om en om, distribuant une maigre pitance d’entretien.

On avait dû arracher presque toute l’installation électrique des souterrains pour obtenir un matériel suffisant. Mais pour l’entretien du moral, on avait laissé en place quelques diffuseurs d’où filtraient de temps en temps les encouragements officiels.

Ainsi, deux millions de citoyens se sacrifiaient en un vaste holocauste pour la cause commune. Ils donnaient leur fluide galvanique comme on donne son sang.

Et goutte à goutte, unité par unité, l’énergie s’ajoutait à l’énergie, courait en fleuve le long des fils, s’ajoutait dans les accumulateurs à la force issue des piles et des turbines hydrauliques, constituait un capital électrique nécessaire à la défense de la cité.

Par téléboîtes, les expéditions en brousse annonçaient leur retour. Elles avaient passé toute la nuit à disposer les éléments de barrage aux points stratégiques du continent. Pour atteindre certains endroits inaccessibles autrement, le dernier navire avait fait lentement le tour des côtes, lâchant ici et là des commandos qui posaient les éléments où il fallait.

D’ores et déjà, les oms pouvaient parer à une première attaque par fusées. Deux millions cinq cent mille oms pouvaient tenir tête à un milliard de draags!


Dans une salle spéciale, l’émetteur était en place.

Tous les renseignements se concentraient dans la salle du Conseil, transformée en quartier général, et d’où ricochaient les ordres de l’Édile.

— Édile! Les oms des nurseries n’en peuvent plus. Ils se surmènent depuis trop longtemps et commencent à faire des sottises.

— Faites-les relever par les oms du couloir 4. Ils échangeront la nature de leur fatigue. Les uns seront très heureux de se coucher, même avec des aiguilles dans les bras, et les autres vont pouvoir enfin bouger après deux jours d’immobilité!

Terr se tourna vers Charb.

— Il y a trop de bébés. J’aurais dû freiner les naissances. C’est une charge inutile.

— Pas pour plus tard.

— Sans doute, mais il n’y aura pas de «plus tard» si nous flanchons maintenant.

Bourdonnement d’une téléboîte. Charb pressa le bouton:

— Oui?

— Ici, Vaill. Le rendement baisse!

— Pourquoi?

— Les médecins exemptent de plus en plus d’individus. Je me demande s’ils pourront tenir encore longtemps. Et puis… Il y a eu un accident. Presque mille oms sont morts asphyxiés par les feux dans la salle 13.

Charb jeta un coup d’œil à Terr qui communiquait avec Sav. Il jugea inutile de l’accabler de ce détail tragique.

— Cache-le aux autres, souffla-t-il dans la téléboîte. Et fais discrètement le nécessaire. Y a-t-il des rentrées d’expéditions?

— On m’annonce deux cents oms aux portes de la ville.

— Fais-les mettre immédiatement en batterie, ça les reposera.

— Il y a autre chose, quinze omes ont été électrocutées dans le couloir 7. L’une d’elles s’est endormie et a eu un geste malheureux dans son sommeil. Je te le signale en passant; j’ai fait le nécessaire…

Pendant ce temps, Terr écoutait toujours un exposé de Sav.

— Et alors? Je sais bien que nous avons des bombes, mais nous n’avons pas de fusées pour les envoyer. Il nous est impossible de faire une guerre offensive.

— Réfléchis un peu, Terr. Quand les draags vont savoir que leurs fusées et leurs bulles tombent à l’eau, que vont-ils faire?

— Ils enverront un corps de débarquement par mer, évidemment. Mais à ce moment-là, ce sera une bataille d’infanterie. Malgré nos moyens réduits, dans la brousse et avec notre mobilité, nous avons des chances de les décourager, sinon de les vaincre.

— Que dirais-tu si je te donnais le moyen d’envoyer des bombes sur les ports?

— Je dirais que tu es un génie ou un fou. Parle toujours…

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