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Le tout orné des techniques d’associations libres permettant d’observer des coïncidences, répétitions, images symboliques, à la fois freudiennes et lacaniennes, par l’exploitation de jeux de mots significatifs. Cela se joue par exemple autour du mot « auteur » : « On a insinué, après la publication de mon livre La Vie devant soi, écrit le présumé Pavlowitch-Ajar, qu’il était mon véritable auteur », auteur de mes livres, auteur de mes jours, dit la formule équivoque. Même travail autour du mot « œuvres ». Être le fils des œuvres d’un homme signifiant être né de son action sexuelle et de ses spermatozoïdes. Cela signifie aussi, dans le contexte, né des œuvres de Gary, grâce aux œuvres signées Ajar, Pavlowitch n’ayant pas d’autre existence que celle que lui fournit Gary-Ajar qui en est le ventriloque. Le travail qui semble prouver bruyamment la malfaisance et la culpabilité de Gary renvoie en fait non seulement Ajar, mais Pavlowitch, à son néant. C’est le meurtre du fils et non celui du père qui est à l’ordre du jour dans cette antipsychiatrie d’un nouveau genre, Même si c’est un fils de papier, Pavlowitch ne s’y est pas trompé.

Ce qui n’empêche nullement Gary d’exploiter tout au long de cette affaire les maladies psychologiques et psychiatriques les plus variées. La couverture, elle aussi choisie par Cournot, qui décidément avait parfaitement compris de quoi il s’agissait, est une gravure du XVIIIe montrant un crâne écorché, puis la boîte crânienne ouverte sur un cerveau que l’on imagine malade. La schizophrénie, bien sûr, psychose du dédoublement (déjà présente dans Gengis Cohn et Europa, ici d’un narrateur à la fois, comme toujours, plaie et couteau, soufflet et joue, membres et roue, mais la victime et le bourreau sont ici remis au goût du jour grâce aux références politiques, Plioutch (le dissident russe persécuté) et Pinochet (le tortionnaire chilien). La paranoïa, autre psychose, de la persécution allant jusqu’à l’hallucination auditive, omniprésente : chaque chapitre, dans l’édition originale, est précédé du dessin d’un œil qui peut être celui de l’auteur véritable se contemplant lui-même aussi bien que son œuvre, qui est plutôt sans doute la représentation visible de l’œil de Caïn, selon Victor Hugo, toujours lui. Et toutes les petites névroses, angoisses, obsessions, tendances messianiques… font la ronde, soignées par toute une pharmacopée aux noms poétiques et étranges. Le fantastique n’est pas loin.

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