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On a eu beaucoup de mal pour arriver jusqu’à la tribune : les Nations unies étaient représentées, ça faisait du monde. Ulla n’était pas là. C’était Riki qui présidait. Nous nous sommes approchés d’elle. Nous lui avons serré la main et elle a accepté sans fausse honte. J’ai demandé à lui laver les pieds, mais elle m’a dit que je me prenais, et que je n’étais pas le pape.

Il y avait longtemps que je n’avais vu Tonton Macoute aussi heureux. C’était comme s’il était enfin tiré de son bloc de glace à la Bacon, la gueule ouverte sur un cri de silence.

Nous avons posé pour les photographes. Avant de partir, j’ai demandé à une pute qui nous accompagnait à la porte :

— Qu’est-ce qu’on peut faire pour vous ?

— Continuez à écrire, dit-elle.

Ceci est mon dernier livre.

Paris, le 27 janvier 1976.

POSTFACE

>La rédaction de Pseudo, dans toutes ses étapes, le torrent verbal ininterrompu et sans suite où se précipita d’abord, et se libéra, tout son mal, puis sa transformation en œuvre, d’allure incohérente mais en réalité maîtrisée et écrite, est peut-être à lire comme une automédication spontanée. Sur le plan de l’œuvre en tout cas, elle l’apaisa.

Les deux grands romans qui suivirent, L’Angoisse du roi Salomon, signé Ajar, publié en 1919 et Les Cerfs-Volants, signé Gary, en 1980, sonnent moins désespérés et le dernier, chose surprenante, finit bien, sans aucune ambiguïté. Certes on y retrouve le monde tel qu’il va, avec ses séquelles de la guerre de 40, la condition humaine de toujours et, comme disait Momo, ses « lois de Nuremberg », avec aussi son sens du gag, ses éclats de rire et son humour. À nouveau ces livres laissent passer des signes d’optimisme, l’espoir que l’humanité finira par naître, puisque déjà quelques-uns « témoignent d’excellence », comme le dit Saint-John Perse.

Romain Gary, lui, se suicida d’une balle dans la tête le 2 décembre 1980.

L’affaire Ajar n’était pas tout à fait finie. Quelques mois auparavant Gary avait écrit un court texte limpide, une confession faite devant la postérité qui n’est pas sans quelques petites résonances picaresques : Vie et mort d’Émile Ajar. Il le confia deux jours avant sa mort à Robert Gallimard et à son avocat qui devaient, en accord avec son fils Diego, décider de la date où ils le rendraient public. Mais Paul Pavlowitch les devança en publiant sa version des faits, très détaillée, dans un livre qui sortit le 1er juillet 1981, L’Homme que l’on croyait, et il vint la dire dans l’émission littéraire très en vogue à l’époque du journaliste Bernard Pivot, « Apostrophes », le 3 juillet.

Vie et mort d’Émile Ajar parut en prépublication dans L’Express du 10 juillet 1981.

VIE ET MORT D’ÉMILE AJAR

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