Ce 1 heure et demi.J’ai lu ce matin
La Gerusalemme di Tasso.Je ne sais trop pourquoi, lorsque je trouve quelque chose d e beau, d’agr'eable, d’enchanteur, je cherche toujours une comparaison ou une allusion `a faire `a elle. Toujours elle! Elle ab-sorbe toutes mes id'ees et cependant je suis r'esolu de l’oublier ou du moins de ne penser plus `a elle. Le portrait d’Armide arriv'ee au camps de Godefroi, me parut ^etre le sien: j’y cherchai le sourire, le regard de mon enchanteresse; mais voil`a surtout un passage qui m’arr^eta:
E in tal modo comparte i detti suoi,E il guardo lusinghiero e in dolce riso,Ch ’alcun non `e che non invidii altrui,N`e il timor dalla speme `e in lor diviso.La folle turba degli amanti, a cuiStimolo `e l’arte d’un fallace viso,Senza fren corre, e non li tien vergogna, —etc.Hier, en revenant de chez Mr. Ostolopoff, j ’ai pass'e expr`es dans la rue de Sellerie pour me donner le plaisir de battre encore de mes pieds le m^eme pav'e par lequel j’allais et revenais chez elle. Il me semblait que je venais de sa maison au beau milieu du mois d’avril, lorsque j’ai eu encore la t^ete remplie des r^eves d’un bonheur imaginaire, je ne sais quel contentement se r'epandit subitement dans mon ^ame `a cette seule id'ee; mais bient^ot je suis descendu des nues et j’ai soupir'e en pensant `a la triste r'ealit'e qui m’est rest'ee en partage.