Читаем San-Antonio met le paquet полностью

Il obéit. Je pique dans ma boîte à gants un flacon de vulnéraire. L’Arquebuse des frères Pétaouchnoque, ça s’appelle. Je m’en tire un coup à bout portant dans l’évier. C’est magique. Me voici passagèrement tonifié.

— Il y a là l’amie d’Ange Ravioli, la gonzesse du vestiaire et quelques garçons… Des potes de la Criminelle sont en train de les questionner.

Ça me casse les urnes, comme disent les présidents des bureaux de vote.

J’ai horreur de trouver des confrères sur mon terrain de chasse, même lorsque leur présence est aussi pleinement justifiée que dans la conjoncture présente.

En soupirant, je pénètre sous le porche voisin. Mathias me guide comme un aveugle. C’est le cas de le dire, car je suis presque miraud. J’entre dans le local qui paraît immense dans la pénombre. Des gens graves sont réunis devant la scène. Une boîte de nuit est un endroit que je trouve déjà sinistre en pleine activité, mais alors, quand elle est vide, ça fait Kafka, comme disent les snobinards qui n’ont jamais lu l’auteur du Château. Des collègues que je reconnais vaguement me serrent la louche, m’interrogent.

— Le commissaire est malade, explique Mathias, il fait une angine et au lieu de rester dans son lit…

— Ta gueule !

Qui est-ce qui a eu le toupet de lancer ça ? Je mate les personnes présentes. À leur frime, je pige que c’est moi.

— Je veux parler à la dame de Ravioli.

Une pépée s’annonce, en larmes. Charles Martel fondit sur les Arabes à Poitiers, mais c’est sur moi que cette personne se répand. Pauvre veuve sans pension !

— Je boirais bien un coup de raide ! dis-je à la cantonade.

Et v’là la cantonade qui se précipite. Des loufiats en civil galopent me drainer du scotch. À ce rythme, je vais finir par m’écrouler comme une vieille savate. Il en a de choucardes, le docteur Théo, avec ses coureurs qui gagnent dans l’Aubisque grâce à une angine. Je voudrais leur recette, à ces rois de la pédale !

— Madame, il faut que nous ayons une conversation en privé, passons dans le bureau d’Ange.

Je la cramponne par une aile, à la réprobation générale, et la guide dans la petite pièce où, hier soir, j’ai joué ma sérénade portugaise à Ravioli, le roi du décarpillage.

C’est vrai qu’il s’y connaissait, le bougre, pour faire déloquer les gens. Je pense au strip des gens de Magny. C’est le fin des fins, se dévêtir jusqu’au squelette, n’est-ce pas du grand art ?

Je boucle la porte. Les collègues doivent fumer, mais je m’assieds sur leur déconvenue.

— Prenez une chaise, madame…

Elle essuie son pauvre visage d’ancienne poufiasse convertie.

Son rêve, à cette ex-déboutonneuse de falzar, c’est une vie douillette en province. Elle ferait partie de l’ouvroir de la paroisse et, en compagnie des vieilles tarderies du patelin, elle tricoterait des chaussettes aux Esquimaux orphelins ou des maillots de corps aux hommes-grenouilles qu’ont le crapaud vide.

— C’est affreux ! Ange ! Ange !

Je me retiens de lui dire qu’avec un prénom pareil et démerdard comme il était, il a dû se faire admettre au paradis en jouant sur la confusion.

— On a dû déjà vous questionner, ma pauvre amie, commencé-je en me massant l’abdomen où les multiples boissons que j’ai ingérées se tirent la bourre. Mais nous allons tout reprendre à zéro. Hier j’ai vu votre mari. Vous a-t-il parlé de ma visite ?

Elle ouvre la bouche, mais aucun son ne s’en échappe. À moins que mes portugaises ne se soient mises en grève, ce qui n’est pas exclu.

— Je tiens à vous faire remarquer que Ravioli n’est plus. Il a été assassiné et il pourrait bien vous arriver un turbin de ce genre si vous étiez trop discrète… Nous avons affaire à quelqu’un de déterminé. De plus, je vois à votre douleur (nouveau torrent lacrymal de madame) que vous aimiez votre compagnon. Vous tenez à le venger, non ?

— Oui ! crie-t-elle à travers ses sanglots, ce qui m’envoie des éclats de chagrin dans la porcif.

— Bien. Je réitère donc ma question : Ange vous a-t-il parlé de ma visite ?

— Oui.

— Que vous en a-t-il dit ?

— Il semblait troublé. Il m’a dit qu’un flic… Je vous demande pardon…

Je fais un geste nonchalant.

— Vous tracassez pas, j’ai déjà entendu ce mot quelque part.

— Il m’a dit qu’un flic était venu enquêter au sujet d’un certain Keller…

— Et puis ?

— Ange redoutait des ennuis.

— Pourquoi ?

— Je l’ignore. Il paraît que l’Allemand avait disparu et qu’on avait trouvé sa trace au Raminagrobis.

— Vous connaissiez Keller ?

— Je l’ai vu à plusieurs reprises…

— Votre mari entretenait des relations avec lui ?

— Comme ça… Ils causaient, quoi ! Quand Keller venait à Paris, il passait ses soirées ici…

— Vous l’emmeniez dans vos appartements privés ?

— Non !

C’est catégorique.

— Jamais ?

— Au grand jamais !

— Vous n’avez pas fait… heu… par exemple des parties de campagne avec lui ?

— Mais non, quelle idée ! C’était pas un ami, c’était un client… Un client qu’Ange connaissait mieux que les autres, voilà tout !

— Bon. Donc, hier, après mon départ, il vous a fait part de ma visite, vous a paru soucieux… Et ensuite ?

Elle secoue ses épaules grassouillettes de taulière bien nourrie.

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