Читаем San-Antonio polka полностью

Un moment s'écoule. Les gars de l'aérodrome viennent bavarder avec nous. On s'offre des cigarettes, on cause de la pluie et du mauvais temps… Et puis, tu tu tu tutu ! La radio retentit.

— Un avion clandestin est signalé au-dessus du territoire suisse. Il se dirige plein sud. Vitesse de croisière 300 kilomètres-heure.

Je deviens rouquinos comme une pivoine qui regarderait se déloquer un cardinal indien. Ces peaux de vache nous ont échappé. Ils ont pris toutes les précautions et, au lieu de piquer sur la Méditerranée, ont fait un crochet pour se mettre à l'abri des avions de reconnaissance français.

— L'aviation helvétique peut-elle prendre l'appareil en chasse ?

— Elle n'en aura pas le temps. Il se trouvera au-dessus de l'Italie.

— Alors l'aviation italienne !

— Les formalités seront peut-être trop longues. En tout état de cause, même si la reconnaissance italienne poursuivait l'avion pirate, elle ne pourrait le contraindre d'atterrir qu'en territoire italien !

Je bous-.

— Dites, les gars. Ce coucou de mes deux fait du trois cents à l'heure, dites-vous. Si vous mettez un zinc faisant trois fois cette vitesse, nous l'aurons vite rattrapé, non ?

— Bien sûr.

— Drivez illico un « Mystère IV » sur Chalon-sur-Saône et demandez aux Italiens de suivre le vol de l'appareil en question.

Le mec est estomaqué.

— Je ne sais pas si vous vous rendez compte, mais…

— Demandez confirmation de cet ordre à Paris et agissez, c'est d'une importance capitale. Capitale ! Vous m'entendez !

— Très bien : je transmets.

Le silence revient. Le père Pinuche qui vient tout juste de se réveiller demande :

— Tu as l'intention de courser l'avion au-dessus de la Méditerranée ?

— Exactement.

— Mais tu ne pourras pas le forcer à atterrir.

— Ne t'occupe pas du chapeau de la gamine, Vieillard. Laisse flotter les rubans sans t'inquiéter si la feuille se décolle.

A nouveau la radio.

— Ordre transmis, commissaire. Un avion part immédiatement de la base de Troyes et atterrira d'ici une quinzaine de minutes à Chalon.

— Merci.

Il ne reste plus qu'à poireauter.

— J'y vais aussi ? demande Pinuche.

— Of course, old boy.

— Tu sais que je crains un peu l'avion. Ça me barbouille !

— Tu te débarbouilleras à l'arrivée.

Je demande à mes collègues de l'Yonne une paire de menottes et je passe les bracelets aux poignets graciles de la petite Huguette.

— Mettez-moi cette douce enfant en lieu sûr en attendant des instructions ultérieures. Surtout ne vous laissez pas attendrir par ses yeux de Joconde.

— On n'a pas l'habitude de se laisser attendrir, assure le gros poultock. C'est plutôt nous qu'on attendrirait les coriaces, pas vrai, Duraton ?

— Un peu, mon neveu, rétorque le chauffeur.

On se grille deux cigarettes chacun, et un grondement emplit le ciel. Un zinc impétueux décrit une courbe au-dessus du terrain et s'y pose superbement. Le détritus et moi y courons.

Ils sont deux zigs à bord : le pilote et le radio. On ne perd pas son temps à se raconter la vie de son grand-père non plus qu'à se demander si le ramassage du bouton de jarretelle dans les cinémas est une industrie à expansion. Il reste deux places à bord et nous les occupons.

— Lieutenant Dessas ! se présente le pilote.

— Sergent Dubois ! fait le sans-filiste (il était funambule, mais faute de matière première il a dû se rabattre sûr la radio).

Nous bouclons nos ceintures. Pinuche pousse un cri car il a pincé une partie de sa braguette dans la sangle. Mais ce ne sont là qu'incidents secondaires. Le décollage se fait en un temps record. Bientôt je peux constater que nous sommes à bord de la foudre ! Cette vitesse, mes frères ! Le monde défile sous nous comme un dingue. Les étoiles n'en reviennent pas et je vous jure qu'elles ne brillent pas ! Quant à la lune, elle est tellement épouvantée qu'elle se voile derrière un nuage plus sale que le mouchoir de Bérurier.

Je ne me rappelle plus si nous nous sommes déjà baladés en « Mystère ». Peut-être que ça vous choque, non ? Peut-être que vous vous dites dans votre Ford intérieure que tout cela ne tient pas debout. Ça ne serait pas pour m'étonner. Vous vous dites pompeusement cartésiens parce que vous êtes trop lavedus pour avoir un doigt de poésie. Dès qu'on fait appel à votre imagination, vous dégotiez, les gars, parce que de l'imagination vous en avez si tellement peu, comme dirait le Gros, que vous n'arrivez même pas à vous imaginer combien votre couennerie est incommensurable. Vous avez déjà rencontré un citron moisi, j'espère ? Eh bien, faut vous faire une raison, les z'enfants — et même une oraison, car c'est vachement funèbre — mais votre cerveau ressemble à ça ! Il est aussi verdâtre et ratatiné ! Seulement vous ne vous en gaffez pas et vous continuez de vous prendre pour le peuple le plus spirituel de la terre. Comme si c'était vous (à propos de citron moisi) qui aviez découvert la pénicilline ! Bande de tronches, va ! Si ça me plaît de vous balader en « Mystère », j'ai le droit, non ?

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