Читаем Sans famille полностью

Et je relus le billet : « Quarante-cinq minutes après départ ; le talus de gauche ; tomber sur les pieds. »

Certes oui, je m’élancerais bravement, dussé-je me tuer. Mieux valait mourir que de se faire condamner comme voleur.

Ah ! comme tout cela était bien inventé :

« Deux jours après nous serons en France. »

Cependant, dans mon transport de joie, j’eus une pensée de tristesse : et Capi ? Mais bien vite j’écartai cette idée. Il n’était pas possible que Mattia voulût abandonner Capi ; s’il avait trouvé un moyen pour me faire évader, il en avait trouvé un aussi certainement pour Capi.

Je relus mon billet deux ou trois fois encore, puis, l’ayant mâché, je l’avalai ; maintenant je n’avais plus qu’à dormir tranquillement ; et je m’y appliquai si bien, que je ne m’éveillai que quand le geôlier m’apporta à manger.

Le temps s’écoula assez vite et le lendemain, dans l’après-midi, un policeman que je ne connaissais pas entra dans mon cachot et me dit de le suivre : je vis avec satisfaction que c’était un homme d’environ cinquante ans qui ne paraissait pas très-souple.

Les choses purent s’arranger selon les prescriptions de Mattia, et, quand le train se mit en marche, j’étais placé près de la portière par laquelle j’étais monté ; j’allais à reculons ; le policeman était en face de moi ; nous étions seuls dans notre compartiment.

— Vous parlez anglais ? me dit-il.

— Un peu.

— Vous le comprenez ?

— À peu près, quand on ne parle pas trop vite.

— Eh bien, mon garçon, je veux vous donner un bon conseil : ne faites pas le malin avec la justice, avouez : vous vous concilierez la bienveillance de tout le monde ; rien n’est plus désagréable que d’avoir affaire à des gens qui nient contre l’évidence ; tandis qu’avec ceux qui avouent on a toutes sortes de complaisances, de bontés ; ainsi moi, vous me diriez comment les choses se sont passées, je vous donnerais bien une couronne : vous verriez comme l’argent adoucirait votre situation en prison.

Je fus sur le point de répondre que je n’avais rien à avouer, mais je compris que le mieux pour moi était de me concilier la bienveillance de ce policeman, selon son expression, et je ne répondis rien.

— Vous réfléchirez, me dit-il, en continuant, et quand en prison vous aurez reconnu la bonté de mon conseil, vous me ferez appeler, parce que, voyez-vous, il ne faut pas avouer au premier venu, il faut choisir celui qui s’intéressera à vous, et moi, vous voyez bien que je suis tout disposé à vous servir.

Je fis un signe affirmatif.

— Faites demander Dolphin ; vous retiendrez bien mon nom, n’est-ce pas ?

— Oui, monsieur.

J’étais appuyé contre la portière dont la vitre était ouverte ; je lui demandai la permission de regarder le pays que nous traversions, et comme il voulait « se concilier ma bienveillance », il me répondit que je pouvais regarder tant que je voudrais. Qu’avait-il à craindre, le train marchait à grande vitesse.

Bientôt l’air qui le frappait en face l’ayant glacé, il s’éloigna de la portière pour se placer au milieu du wagon.

Pour moi, je n’étais pas sensible au froid ; glissant doucement ma main gauche en dehors je tournai la poignée et de la droite je retins la portière.

Le temps s’écoula : la machine siffla et ralentit sa marche ; le moment était venu ; vivement je poussai la portière et sautai aussi loin que je pus ; je fus jeté dans le fossé ; heureusement mes mains que je tenais en avant portèrent contre le talus gazonné ; cependant le choc fut si violent que je roulai à terre, évanoui.

Quand je revins à moi je crus que j’étais encore en chemin de fer, car je me sentis emporté par un mouvement rapide, et j’entendis un roulement : j’étais couché sur un lit de paille.

Chose étrange ! ma figure était mouillée et sur mes joues, sur mon front, passait une caresse douce et chaude.

J’ouvris les yeux, un chien, un vilain chien jaune, était penché sur moi et me léchait.

Mes yeux rencontrèrent ceux de Mattia, qui se tenait agenouillé à côté de moi.

— Tu es sauvé, me dit-il en écartant le chien et en m’embrassant.

— Où sommes-nous ?

— En voiture ; c’est Bob qui nous conduit.

— Comment cela va-t-il ? me demanda Bob en se retournant.

— Je ne sais pas ; bien, il me semble.

— Remuez les bras, remuez les jambes, cria Bob.

J’étais allongé sur de la paille, je fis ce qu’il me disait.

— Bon, dit Mattia, rien de cassé.

— Mais que s’est-il passé ?

— Tu as sauté du train, comme je te l’avais recommandé ; mais la secousse t’a étourdi et tu es tombé dans le fossé ; alors ne te voyant pas venir, Bob a dégringolé le talus tandis que je tenais le cheval, et il t’a rapporté dans ses bras. Nous t’avons cru mort Quelle peur ! quelle douleur ! mais te voilà sauvé.

— Et le policeman ?

— Il continue sa route avec le train, qui ne s’est pas arrêté.

Je savais l’essentiel, je regardai autour de moi et j’aperçus le chien jaune qui me regardait tendrement avec des yeux qui ressemblaient à ceux de Capi ; mais ce n’était pas Capi, puisque Capi était blanc.

— Et Capi ! dis-je, où est-il ?

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