Читаем Sans famille полностью

Il était certain que si on n’était pas sur notre piste, nous avions la chance de nous embarquer sans être inquiétés ; mais je n’étais pas comme Mattia, assuré qu’après l’arrêt du train le policeman avait perdu du temps pour nous poursuivre ; là était le danger, et il pouvait être grand.

Cependant notre cheval, vigoureusement conduit par Bob, continuait de détaler grand train sur la route déserte ; de temps en temps seulement nous croisions quelques voitures, aucune ne nous dépassait : les villages que nous traversions étaient silencieux et rares étaient les fenêtres où se montrait une lumière attardée ; seuls quelques chiens faisaient attention à notre course rapide et nous poursuivaient de leurs aboiements ; quand après une montée un peu rapide Bob arrêtait son cheval pour le laisser souffler, nous descendions de voiture et nous nous collions la tête sur la terre pour écouter, mais Mattia lui-même, qui avait l’oreille plus fine que nous, n’entendait aucun bruit suspect ; nous voyagions au milieu de l’ombre et du silence de la nuit.

Ce n’était plus pour nous cacher que nous nous tenions sous la bâche, c’était pour nous défendre du froid, car depuis assez longtemps soufflait une bise froide ; quand nous passions la langue sur nos lèvres nous trouvions un goût de sel ; nous approchions de la mer. Bientôt nous aperçûmes une lueur qui à intervalles réguliers disparaissait, pour reparaître avec éclat, c’était un phare ; nous arrivions.

Bob arrêta son cheval et le mettant au pas il le conduisit doucement dans un chemin de traverse ; puis descendant de voiture il nous dit de rester là et de tenir le cheval ; pour lui, il allait voir si son frère n’était pas parti et si nous pouvions sans danger nous embarquer à bord du navire de celui-ci.

J’avoue que le temps pendant lequel Bob resta absent me parut long, très-long : nous ne parlions pas, et nous entendions la mer briser sur la grève à une assez courte distance avec un bruit monotone qui redoublait notre émotion ; Mattia tremblait comme je tremblais moi-même.

— C’est le froid, me dit-il à voix basse.

Était-ce bien vrai ? Le certain, c’est que quand une vache ou un mouton qui se trouvaient dans les prairies que traversait notre chemin choquaient une pierre ou heurtaient une clôture, nous étions plus sensibles au froid ou au tremblement.

Enfin, nous entendîmes un bruit de pas dans le chemin qu’avait suivi Bob. Sans doute, c’était lui qui revenait ; c’était mon sort qui allait se décider.

Bob n’était pas seul. Quand il s’approcha de nous, nous vîmes que quelqu’un l’accompagnait : c’était un homme vêtu d’une vareuse en toile cirée et coiffé d’un bonnet de laine.

— Voici mon frère, dit Bob ; il veut bien vous prendre à son bord ; il va vous conduire, et nous allons nous séparer, car il est inutile qu’on sache que je suis venu ici.

Je voulus remercier Bob, mais il me coupa la parole en me donnant une poignée de main :

— Ne parlons pas de ça, dit-il, il faut s’entr’aider, chacun son tour ; nous nous reverrons un jour ; je suis heureux d’avoir obligé Mattia.

Nous suivîmes le frère de Bob, et bientôt nous entrâmes dans les rues silencieuses de la ville, puis après quelques détours nous nous trouvâmes sur un quai, et le vent de la mer nous frappa au visage.

Sans rien dire, le frère de Bob nous désigna de la main un navire gréé en sloop ; nous comprîmes que c’était le sien ; en quelques minutes nous fûmes à bord ; alors il nous fit descendre dans une petite cabine.

— Je ne partirai que dans deux heures, dit-il, restez là et ne faites pas de bruit.

Quand il eut refermé à clef la porte de cette cabine, ce fut sans bruit que Mattia se jeta dans mes bras et m’embrassa ; il ne tremblait plus.

Chapitre 21

Le Cygne

Après le départ du frère de Bob, le navire resta silencieux pendant quelque temps, et nous n’entendîmes que le bruit du vent dans la mâture et le clapotement de l’eau contre la carène ; mais peu à peu il s’anima ; des pas retentirent sur le pont ; on laissa tomber des cordages ; des poulies grincèrent, il y eut des enroulements et des déroulements de chaîne ; on vira au cabestan ; une voile fut hissée ; le gouvernail gémit et tout à coup le bateau s’étant incliné sur le côté gauche, un mouvement de tangage se produisit ; nous étions en route, j’étais sauvé.

Lent et doux tout d’abord, ce mouvement de tangage ne tarda pas à devenir rapide et dur, le navire s’abaissait en roulant, et brusquement de violents coups de mer venaient frapper contre son étrave ou contre son bordage de droite.

— Pauvre Mattia ! dis-je à mon camarade en lui prenant la main.

— Cela ne fait rien, dit-il, tu es sauvé ; au reste je me doutais bien que cela serait ainsi ; quand nous étions en voiture je regardais les arbres dont le vent secouait la cime, et je me disais que sur la mer nous allions danser : ça danse.

À ce moment la porte de notre cabine fut ouverte :

— Si vous voulez monter sur le pont, nous dit le frère de Bob, il n’y a plus de danger.

— Où est-on moins malade ? demanda Mattia.

— Couché.

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