Читаем Sans famille полностью

Avant que Mattia m’eût répondu, le chien jaune avait sauté sur moi et il me léchait en pleurant.

— Mais le voilà, dit Mattia, nous l’avons fait teindre.

Je rendis au bon Capi ses caresses, et je l’embrassai.

— Pourquoi l’as-tu teint ? dis-je.

— C’est une histoire, je vais te la conter.

Mais Bob ne permit pas ce récit.

— Conduis le cheval, dit-il à Mattia, et tiens-le bien ; pendant ce temps-là je vais arranger la voiture pour qu’on ne la reconnaisse pas aux barrières.

Cette voiture était une carriole recouverte d’une bâche en toile posée sur des cerceaux ; il allongea les cercles dans la voiture et ayant plié la bâche en quatre, il me dit de m’en couvrir ; puis, il renvoya Mattia en lui recommandant de se cacher sous la toile ; par ce moyen la voiture changeait entièrement d’aspect, elle n’avait plus de bâche et elle ne contenait qu’une personne au lieu de trois : si on courait après nous, le signalement, que les gens qui voyaient passer cette carriole donneraient, dérouterait les recherches.

— Où allons-nous ? demandai-je à Mattia lorsqu’il se fut allongé à côté de moi.

— À Littlehampton : c’est une petit port sur la mer, où Bob a un frère qui commande un bateau faisant les voyages de France pour aller chercher du beurre et des œufs en Normandie, à Isigny ; si nous nous sauvons, — et nous nous sauverons, — ce sera à Bob que nous le devrons : il a tout fait ; qu’est-ce que j’aurais pu faire pour toi, moi, pauvre misérable ! C’est Bob qui a eu l’idée de te faire sauter du train, de te souffler mon billet, et c’est lui qui a décidé ses camarades à nous prêter ce cheval ; enfin c’est lui qui va nous procurer un bateau pour passer en France, car tu dois bien croire que si tu voulais t’embarquer sur un vapeur, tu serais arrêté : tu vois qu’il fait bon avoir des amis.

— Et Capi, qui a eu l’idée de l’emmener ?

— Moi, mais c’est Bob qui a eu l’idée de le teindre en jaune pour qu’on ne le reconnaisse pas, quand nous l’avons volé à l’agent Jerry, l’intelligent Jerry comme disait le juge, qui cette fois n’a pas été trop intelligent car il s’est laissé souffler Capi sans s’en apercevoir ; il est vrai que Capi m’ayant senti, a presque tout fait, et puis Bob connaît tous les tours des voleurs de chiens.

— Et ton pied ?

— Guéri, ou à peu près, je n’ai pas eu le temps d’y penser.

Les routes d’Angleterre ne sont pas libres comme celles de France ; de place en place se trouvent des barrières où l’on doit payer une certaine somme pour passer ; quand nous arrivions à l’une de ces barrières, Bob nous disait de nous taire et de ne pas bouger, et les gardiens ne voyaient qu’une carriole conduite par un seul homme : Bob leur disait des plaisanteries et passait.

Avec son talent de clown pour se grimer, il s’était fait une tête de fermier, et ceux mêmes qui le connaissaient le mieux, lui aurait parlé sans savoir qui il était.

Nous marchions rapidement, car le cheval était bon et Bob était un habile cocher : cependant il fallait nous arrêter pour laisser souffler un peu le cheval, et pour lui donner à manger ; mais pour cela nous n’entrâmes pas dans une auberge ; Bob s’arrêta en plein bois, débrida son cheval et lui passa au cou une musette pleine d’avoine qu’il prit dans la voiture ; la nuit était noire ; il n’y avait pas grand danger d’être surpris.

Alors je pus m’entretenir avec Bob, et le remercier par quelques paroles de reconnaissance émue ; mais il ne me laissa pas lui dire tout ce que j’avais dans le cœur :

— Vous m’avez obligé, répondit-il en me donnant une poignée de main, aujourd’hui je vous oblige, chacun son tour ; et puis vous êtes le frère de Mattia ; et pour un bon garçon comme Mattia, on fait bien des choses.

Je lui demandai si nous étions éloignés de Littlehampton ; il me répondit que nous en avions encore pour plus de deux heures, et qu’il fallait nous hâter, parce que le bateau de son frère partait tous les samedis pour Isigny, et qu’il croyait que la marée avait lieu de bonne heure ; or, nous étions le vendredi.

Nous reprîmes place sur la paille, sous la bâche, et le cheval reposé partit grand train.

— As-tu peur ? me demanda Mattia.

— Oui et non ; j’ai très-peur d’être repris ; mais il me semble qu’on ne me reprendra pas : se sauver, n’est-ce pas avouer qu’on est coupable ? Voilà surtout ce qui me tourmente : que dire pour ma défense ?

— Nous avons bien pensé à cela, mais Bob a cru qu’il fallait tout faire pour que tu ne paraisses pas sur le banc des assises ; cela est si triste d’avoir passé là, même quand on est acquitté ; moi je n’ai osé rien dire, parce qu’avec mon idée fixe de t’emmener en France, j’ai peur que cette idée ne me conseille mal.

— Tu as bien fait ; et quoi qu’il arrive je n’aurai que de la reconnaissance pour vous.

— Il n’arrivera rien, va, sois tranquille. À l’arrêt du train ton policeman aura fait son rapport ; mais avant qu’on organise les recherches il s’est écoulé du temps, et nous, nous avons galopé ; et puis ils ne peuvent pas savoir que c’est à Littlehampton que nous allons nous embarquer.

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