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Ce serait moins charmant : plus de bon lit, plus de crèmes, plus de pâtisseries, plus de soirées autour de la table.

Et ce qui me touchait encore bien plus vivement, il faudrait me séparer d’Arthur et de madame Milligan ; il faudrait renoncer à leur affection, les perdre comme déjà j’avais perdu mère Barberin. N’aimerais-je donc, ne serais-je donc aimé que pour être séparé brutalement de ceux près de qui je voudrais passer ma vie !

Je puis dire que cette préoccupation a été le seul nuage de ces journées radieuses.

Un jour enfin, je me décidai à en faire part à madame Milligan, en lui demandant combien elle croyait qu’il me faudrait de temps pour retourner à Toulouse, car je voulais me trouver devant la porte de la prison, juste au moment où mon maître la franchirait.

En entendant parler de départ, Arthur poussa les hauts cris :

— Je ne veux pas que Rémi parte ! s’écria-t-il.

Je répondis que je n’étais pas libre de ma personne, que j’appartenais à mon maître, à qui mes parents m’avaient loué, et que je devais reprendre mon service auprès de lui le jour où il aurait besoin de moi.

Je parlai de mes parents sans dire qu’ils n’étaient pas réellement mes père et mère, car il aurait fallu avouer en même temps que je n’étais qu’un enfant trouvé ; et c’était là une honte à laquelle je ne pouvais pas me résigner tant j’avais souffert, depuis que je me rendais compte de mes sensations, du mépris que j’avais vu, dans notre village, marquer en toutes occasions aux enfants des hospices : enfant trouvé ! il me semblait que c’était tout ce qu’il y avait de plus abject au monde. Mon maître savait que j’étais un enfant trouvé, mais il était mon maître, tandis que je serais mort bouche close plutôt que d’avouer à madame Milligan et à Arthur, qui m’avaient élevé jusqu’à eux, que j’étais un enfant trouvé ; est-ce qu’ils ne m’auraient pas alors rejeté et repoussé avec dégoût !

— Maman, il faut retenir Rémi, continua Arthur qui en dehors du travail, était le maître de sa mère, et faisait d’elle tout ce qu’il voulait.

— Je serais très-heureuse de garder Rémi, répondit madame Milligan, vous l’avez pris en amitié, et moi-même j’ai pour lui beaucoup d’affection ; mais pour le retenir près de nous, il faut la réunion de deux conditions que ni vous ni moi ne pouvons décider. La première c’est que Rémi veuille rester avec nous…

— Ah ! Rémi voudra bien, interrompit Arthur, n’est-ce pas, Rémi, que vous ne voulez pas retourner à Toulouse ?

— La seconde, continua madame Milligan sans attendre ma réponse, c’est que son maître consente à renoncer aux droits qu’il a sur lui.

— Rémi, Rémi d’abord, interrompit Arthur poursuivant son idée.

Assurément Vitalis avait été un bon maître pour moi, et je lui étais reconnaissant de ses soins aussi bien que de ses leçons, mais il n’y avait aucune comparaison à établir entre l’existence que j’avais menée près de lui et celle que m’offrait madame Milligan ; et même il n’y avait aucune comparaison à établir entre l’affection que j’éprouvais pour Vitalis et celle que m’inspiraient madame Milligan et Arthur. Quand je pensais à cela, je me disais que c’était mal à moi de préférer à mon maître ces étrangers que je connaissais depuis si peu de temps ; mais enfin, cela était ainsi ; j’aimais tendrement madame Milligan et Arthur.

— Avant de répondre, continua madame Milligan, Rémi doit réfléchir que ce n’est pas seulement une vie de plaisir et de promenade que je lui propose, mais encore une vie de travail ; il faudra étudier, prendre de la peine, rester penché sur les livres, suivre Arthur dans ses études ; il faut mettre cela en balance avec la liberté des grands chemins.

— Il n’y a pas de balance, dis-je, et je vous assure, madame, que je sens tout le prix de votre proposition.

— Là, voyez-vous, maman ! s’écria Arthur, Rémi veut bien.

Et il se mit à applaudir. Il était évident que je venais de le tirer d’inquiétude, car lorsque sa mère avait parlé de travail et de livres j’avais vu son visage exprimer l’anxiété. Si j’allais refuser ! et cette crainte pour lui qui avait l’horreur des livres, avait dû être des plus vives. Mais je n’avais pas heureusement cette même crainte, et les livres, au lieu de m’épouvanter, m’attiraient. Il est vrai qu’il y avait bien peu de temps qu’on m’en avait mis entre les mains, et ceux qui y avaient passé m’avaient donné plus de plaisir que de peine. Aussi l’offre de madame Milligan me rendait-elle très-heureux, et étais-je parfaitement sincère en la remerciant de sa générosité. Je n’allais donc pas abandonner le Cygne ; je n’allais pas renoncer à cette douce existence, je n’allais pas me séparer d’Arthur et de sa mère.

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