Читаем Sept jours pour une éternité… полностью

Zofia ne pouvait fournir aucun éclaircissement à l'inspecteur. Seul un terrible pressentiment l'avait conduite à presser tous les occupants de quitter l'établissement. Pilguez lui fit remarquer que ses explications étaient un peu légères au regard du nombre de vies qu'elle venait de sauver. Zofia n'avait rien d'autre à ajouter. Peut-être avait-elle détecté inconsciemment l'odeur de gaz qui s'échappait dans le faux plafond de la cuisine. Pilguez grogna: les dossiers tordus où l'inconscient avait son mot à dire avaient une fâcheuse tendance à s'attacher à lui ces dernières années.

– Prévenez-moi quand vous aurez établi les conclusions de votre enquête, j'ai besoin de savoir ce qui s’est passe.

Il la laissa libre de quitter les lieux. Zofia retourna à sa voiture. Le pare-brise était fendu de part et d'autre, et la carrosserie marron repeinte d'un gris poussière parfaitement uniforme. Sur la route qui la conduisait vers les urgences, elle croisa plusieurs camions de pompiers qui continuaient à affluer vers les lieux du drame. Elle gara la Ford, traversa le parking et entra dans le sas. Une infirmière vint à sa rencontre et lui indiqua que Mathilde était en salle d'examen. Zofia remercia la jeune femme et prit place sur une des banquettes vides de la salle d'attente.


*


Lucas klaxonna de deux coups impatients. Assis dans sa guérite, le gardien appuya sur un bouton sans détourner le regard du petit écran: les Yankees menaient confortablement. La barrière se souleva et la Chevrolet avança, feux éteints, jusqu'au bord de la jetée. Lucas ouvrit sa fenêtre et jeta le mégot de sa cigarette. Il amena le levier de vitesse sur la position neutre et sortit du véhicule en laissant tourner le moteur. D'un coup de pied sur le pare-chocs arrière, il donna l'impulsion juste nécessaire pour que la voiture glisse en avant et bascule du quai. Les mains sur les hanches, il contempla la scène, ravi. Quand la dernière bulle d'air eut éclaté, il se retourna et marcha joyeusement en direction du parking. Une Honda couleur olive semblait n'attendre que lui. Il en crocheta la serrure, ouvrit le capot, arracha la trompe de l'alarme et la lança au loin. Il s'installa et contempla, peu enthousiaste, l'intérieur en plastique. Il sortit son trousseau de clés et choisit celle qui lui paraissait le mieux convenir. Le moteur au son aigu se mit à tourner aussitôt.

– Une japonaise verte, on aura tout vu! maugréa t-il en desserrant le frein à main.

Lucas regarda sa montre, il était en retard et il accéléra. Assis sur un plot d'amarrage, un clochard nommé Jules haussa les épaules en regardant la voiture s'éloigner, un ultime «blob» mourut à la surface.


*


– Elle va s'en tirer?

C'était la troisième fois de la soirée que la voix de Lucas la faisait sursauter.

– J'espère, répondit-elle, le regardant de pied en cap. Qui êtes-vous exactement?

– Lucas. Désolé et enchanté à la fois, dit-il en tendant la main.

C'était bien la première fois que Zofia ressentait la fatigue peser sur elle. Elle se leva et se dirigea vers le distributeur de café.

– Vous en voulez un?

– Je ne bois pas de café, répondit Lucas.

– Moi non plus, dit-elle, contemplant la pièce de vingt cents qu'elle faisait tourner dans le creux de sa main. Qu'est-ce que vous faites ici?

– Comme vous, répliqua Lucas, je suis venu voir comment elle allait.

– Pourquoi? demanda Zofia en rangeant la pièce dans sa poche.

– Parce que je dois faire un rapport et que pour l'instant, dans la case «victimes», j'ai mis le chiffre 1, alors je viens vérifier s'il faut ou non que j'amende l'information. J'aime bien remettre mes comptes rendus le jour même, j'ai une sainte horreur du retard.

– Je me disais bien aussi!

– Vous auriez mieux fait d'accepter mon invitation à dîner, nous n'en serions pas là!

– Vous avez bien fait de parler de tact tout à l'heure, vous avez l'air de vous y connaître!

– Elle ne sortira du bloc que tard dans la nuit, ça fait des sacrés dégâts une fourchette à canard quand elle est plantée dans un magret humain. Ils en ont pour des heures à recoudre tout ça, je peux vous emmener à la cafétéria d'en face?

– Non, vous ne pouvez vraiment pas!

– Comme vous voudrez, attendons ici, c'est moins sympathique, mais si vous préférez… Dommage!

Ils étaient assis dos à dos sur les banquettes depuis plus d'une heure lorsque le chirurgien apparut enfin au bout du couloir. Il ne fit pas claquer ses gants en latex (depuis toujours les chirurgiens s'en débarrassaient en sortant du bloc opératoire et les jetaient dans les poubelles disposées à cet effet). Mathilde etalt hors de danger, l'artère n'avait pas été touchée. Le scanner ne révélait aucune trace de traumatisme crânien. La colonne vertébrale était intacte.

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