Читаем Sept jours pour une éternité… полностью

– Il est sept heures et quart… je crois que tu dois y aller.

– Pourquoi dites-vous ça?

– Arrête avec cette question! Disons que c'est parce qu'il est tard. Bonne soirée, Zofia.

Il marcha sans boiter. Avant d'entrer sous son arche, il se retourna et l'interpella:

– Ton cafard serait plutôt blond ou brun?

Jules disparut dans la pénombre, la laissant seule sur le parking.


Le premier tour de clé ne laissait aucun espoir: les phares de la Ford éclairaient à peine la proue du navire. Le démarreur fit à peu près le même bruit qu’une purée de pommes de terre que l'on touille à la main. Elle sortit en claquant violemment la portière et marcha vers la guérite.

– Merde! dit-elle en remontant son col.

Un taxi la déposa un quart d'heure plus tard au pied de l'Embarcadero Center. Zofia courut dans les escalators qui débouchaient sur le grand atrium du complexe hôtelier. De là, elle prit l'ascenseur qui montait d'un trait jusqu'au dernier étage.

Le bar panoramique tournait lentement sur un axe. En une demi-heure, on pouvait ainsi admirer l'île d'Alcatraz à l'est, le Bay Bridge au sud, les faubourgs financiers et leurs tours magistrales à l'ouest. Le regard de Zofia aurait pu tout aussi bien apercevoir le majestueux Golden Gate qui reliait les terres verdoyantes du Presidio aux falaises tapissées de menthe qui surplombaient Sausalito… à condition toutefois d'être assise face à la vitre, mais Lucas avait pris la bonne place…

Il referma la carte des cocktails et héla le serveur d'un claquement de doigts. Zofia baissa la tête. Lucas recracha dans sa main le noyau qu'il astiquait méticuleusement de la langue.

– Les prix sont absurdes ici, mais je dois reconnaître que la vue est exceptionnelle, dit-il en enfournant une nouvelle olive.

– Oui, vous avez raison, la vue est assez jolie, dit Zofia. Je crois même pouvoir deviner un tout petit morceau du Golden Gate dans le tout petit bandeau de miroir en face de moi. À moins que cela ne soit le reflet de la porte des toilettes, elle aussi elle est rouge.

Lucas tira la langue et loucha en essayant d'en voir le bout, il saisit le noyau poli, l'abandonna sur la coupelle à pain et conclut:

– De toute façon il fait nuit, n'est-ce pas?

D'une main tremblante, le serveur déposa sur la table un martini dry, deux cocktails de crabes et s'éloigna d'un pas pressé.

– Vous ne trouvez pas qu'il est un peu tendu? demanda Zofia.

Lucas avait attendu cette table dix minutes et avait un peu tancé le garçon.

– Croyez-moi, vu les tarifs, on peut être exigeant!

– Vous avez certainement une carte de crédit dorée? répondit Zofia du tac au tac.

– Absolument! Comment le savez-vous? demanda Lucas, l'air aussi étonné que ravi.

– Elles rendent souvent arrogant… Croyez-moi, les additions sont sans commune mesure avec la solde des employés de la salle.

– C'est un point de vue, accusa Lucas en mâchouillant une énième olive.

Dès lors, à chaque fois qu'il commanda des amandes… un autre verre… une serviette propre… il fit l'effort de prononcer quelques mercis étouffés qui semblaient vraiment lui brûler la gorge. Zofia s'inquiéta de ce qui n'allait pas chez lui, il éclata d'un rire tonitruant. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, il était vraiment heureux de l’avoir rencontrée. Dix-sept olives plus tard, il régla l’addltion sans laisser de pourboire. En sortant de l’etablissement, Zofia glissa discrètement un billet de cinq dollars dans la main du chasseur qui était allé rechercher la voiture de Lucas.

– Je vous dépose? dit-il.

– Non, merci, je vais prendre un taxi.

D'un geste large, Lucas ouvrit la portière côté passager.

– Montez, je vous dépose!

Le cabriolet filait à vive allure. Lucas fit vrombir le moteur et inséra un disque compact dans le lecteur de la console de bord. Un grand sourire aux lèvres, il saisit une carte de crédit Platinium de sa poche et l'agita entre le pouce et l'index.

– Vous reconnaîtrez qu'elles n'ont pas que des défauts!

Zofia le dévisagea quelques secondes. À la vitesse de l'éclair, elle lui ôta le morceau de plastique doré des doigts et le jeta par-dessus bord.

– Il paraît même qu'ils les refont en vingt-quatre heures! dit-elle.

La voiture pila dans un crissement de pneus, Lucas éclata de rire.

– L'humour, c'est irrésistible chez une femme!

Quand la voiture se rangea devant la station de taxis, Zofia fit pivoter la clé de contact pour couper le bruit assourdissant du moteur. Elle descendit et referma délicatement sa portière.

– Vous êtes certaine que vous ne voulez pas que je vous raccompagne chez vous? demanda Lucas.

– Je vous remercie, mais j'ai rendez-vous. En revanche, j'ai un petit service à vous demander.

– Tout ce que vous voudrez!

Zofia se pencha à la fenêtre de Lucas.

– Pourriez-vous attendre que j'aie tourné au coin de la rue avant de remettre votre supertondeuse à gazon en marche?

Elle recula d'un pas, il agrippa son poignet.

– J'ai passé un moment divin, dit Lucas.

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