Читаем Sept jours pour une éternité… полностью

Elle voulut traverser aussitôt pour lui porter assistance, mais Lucas la retint par le bras: ce genre de chien était spécialisé dans les sauvetages. Il l'entraîna à l'intérieur de l'établissement. L'hôtesse prit deux menus et les guida à une table en terrasse. Lucas invita Zofia à prendre place sur la banquette qui faisait face à la mer. Il commanda un vin blanc pétillant. Elle prit un bout de pain pour le lancer à une mouette perchée sur la balustrade qui la guettait du regard. L'oiseau attrapa le morceau au vol et s'élança vers le ciel, traversant la baie à grands coups d'aile.

À quelques kilomètres de là, sur l'autre rive, Jules arpentait les quais. Il s'approcha du bord et envoya d'un coup de pied sec un caillou ricocher par sept fois avant de le regarder sombrer. Il enfouit ses mains dans les poches de son vieux pantalon de tweed et regarda le trait de la berge opposée qui se découpait sur l'eau. Son air était aussi troublé que les flots, son humeur aussi houleuse. La voiture de l'inspecteur Pilguez qui quittait le Fisher's Deli et remontait sirène hurlante vers la ville le tira de ses pensées. Une rixe avait viré à l'émeute dans Chinatown, et toutes les unités étaient appelées en renfort. Jules fronça les yeux. Il grommela et retourna sous son arche. Assis sur une cagette en bois, il réfléchit: quelque chose le contrariait. Une feuille de journal qui volait dans le vent se posa dans une flaque, juste devant lui. Elle s'imbiba d'eau et, petit à petit, la photo de Lucas au verso apparut en transparence. Jules n'aimait pas du tout le frisson qui venait de lui parcourir l'échine.


*


La serveuse déposa sur la table une marmite fumante qui débordait de pinces de crabe. Lucas servit Zofia et jeta un bref coup d'œil aux plastrons qui accompagnaient le rince-doigts. Il lui en offrit un, qu'elle refusa, Lucas renonça également à s'en attacher un autour du cou.

– Je dois avouer que la bavette n'est pas un accessoire très seyant. Vous ne mangez pas? demanda-t-il.

– Je ne crois pas, non.

– Vous êtes végétarienne!

– L'idée de manger des animaux me semble toujours un peu bizarre.

– C'est dans l'ordre des choses, il n'y a rien de bizarre à cela.

– Un peu, quand même, si!

– Mais toutes les créatures de la terre en mangent d'autres pour survivre.

– Oui, mais moi les crabes ne m'ont rien fait. Je suis désolée, dit-elle en repoussant légèrement l'assiette qui visiblement l'écœurait.

– Vous avez tort, c'est la nature qui veut ça. Si les araignées ne se nourrissaient pas d'insectes, ce serait les insectes qui nous mangeraient.

– Eh bien, justement, les crabes sont de grosses araignées, alors il faut les laisser tranquilles!

Lucas se retourna et appela la serveuse. Il demanda la carte des desserts et très courtoisement indiqua qu'ils avaient fini.

– Je ne dois pas vous empêcher de manger, dit Zofia, rougissante.

– Vous m'avez rallié à la cause du crustacé!

Il déplia la carte et désigna du doigt un fondant au chocolat.

– Je pense que là, nous ne ferons de mal qu'à nous-mêmes. Ça doit bien chercher dans les mille calories un truc comme ça!

Curieuse de tester la justesse de son intuition sur les Anges Vérificateurs, Zofia interrogea Lucas sur ses véritables fonctions, il éluda la réponse. Il y avait d'autres sujets plus intéressants qu'il souhaitait partager avec elle et, pour commencer, ce qu'elle faisait d'autre dans la vie que de veiller à la sécurité du port marchand. Comment occupait-elle ses temps libres? Même au singulier, dit-elle, l'expression lui semblait étrangère. En dehors des heures qu'elle passait sur les docks, elle œuvrait dans diverses associations, enseignait à l'institut des malvoyants, s'occupait de personnes âgées et d'enfants hospitalisés. Elle aimait leur compagnie, il y avait entre eux un trait d'union magique. Seuls les enfants et les personnes âgées voyaient ce que beaucoup d'hommes ignoraient, le temps perdu d'avoir été adultes. À ses yeux, les rides de la vieillesse formaient les plus belles écritures de la vie, celles où les enfants apprendraient à lire leurs rêves.

Lucas la regarda, fasciné.

– Vous faites vraiment tout ça?

– Oui!

– Mais pourquoi?

Перейти на страницу:

Похожие книги

Сводный гад
Сводный гад

— Брат?! У меня что — есть брат??— Что за интонации, Ярославна? — строго прищуривается отец.— Ну, извини, папа. Жизнь меня к такому не подготовила! Он что с нами будет жить??— Конечно. Он же мой ребёнок.Я тоже — хочется капризно фыркнуть мне. Но я всё время забываю, что не родная дочь ему. И всë же — любимая. И терять любовь отца я не хочу!— А почему не со своей матерью?— Она давно умерла. Он жил в интернате.— Господи… — страдальчески закатываю я глаза. — Ты хоть раз общался с публикой из интерната? А я — да! С твоей лёгкой депутатской руки, когда ты меня отправил в лагерь отдыха вместе с ними! Они быдлят, бухают, наркоманят, пакостят, воруют и постоянно врут!— Он мой сын, Ярославна. Его зовут Иван. Он хороший парень.— Да откуда тебе знать — какой он?!— Я хочу узнать.— Да, Боже… — взрывается мама. — Купи ему квартиру и тачку. Почему мы должны страдать от того, что ты когда-то там…— А ну-ка молчать! — рявкает отец. — Иван будет жить с нами. Приготовь ему комнату, Ольга. А Ярославна, прикуси свой язык, ясно?— Ясно…

Эля Пылаева , Янка Рам

Современные любовные романы