Читаем Sept jours pour une éternité… полностью

Zofia hocha la tête et repartit vers sa chambre. Elle s'assit au pied du lit et guetta le réveil de Lucas. S'étirer en bâillant lui donnait une allure de félin. Il entrouvrit les yeux. Aussitôt son visage s'éclaira d'un sourire.

– Tu es là depuis longtemps? demanda-t-il.

– Comment va ton bras?

– Je ne sens presque plus rien, dit-il en effectuant un mouvement de rotation de l'épaule accompagné d'une grimace de douleur.

– Et en version non macho, comment va ton bras?

– Ça me fait un mal de chien!

– Alors, repose-toi. Je voulais te préparer quelque chose, mais je ne sais pas ce que tu prends au petit déjeuner.

– Une vingtaine de crêpes et autant de croissants.

– Café ou thé? répondit-elle en se levant.

Lucas la contempla, son visage s'était obscurci, il la saisit par le poignet et la tira vers lui.

– Tu as déjà eu l'impression que le monde te laisserait seule derrière lui, la sensation qu'en regardant chaque recoin de la pièce que tu occupes l'espace se rétrécit, la conviction que tes vêtements avaient vieilli pendant la nuit, que dans chaque miroir ton reflet joue le rôle de ta misère sans aucun spectateur, sans que cela ne t'apporte plus aucun sentiment de bien, de penser que rien ne t'aime et que tu n'aimes personne, que tout ce rien ne sera que le vide de ta propre existence?

Zofia effleura du bout des doigts les lèvres de Lucas.

– Ne pense pas comme ça.

– Alors, ne me laisse pas.

– J'allais juste te faire un café.

Elle s'approcha de lui.

– Je ne sais pas si la solution existe, mais nous la trouverons, chuchota-t-elle.

– Je ne dois pas laisser cette épaule s'engourdir. Va prendre ta douche, je vais m'occuper du petit déjeuner.

Elle accepta de bonne grâce et s'éclipsa. Lucas regarda sa chemise suspendue au montant du lit: la manche était maculée d'un sang devenu noir, il l'arracha. Il avança jusqu'à la fenêtre qu'il ouvrit et contempla les toits qui s'étendaient sous lui; la corne de brume d'un grand cargo soufflait dans la baie, comme en réponse aux cloches de Grace Cathedral. Il roula en boule le tissu taché et le jeta au loin avant de refermer le carreau. Puis il fit quelques pas vers le seuil de la salle de bains et colla son oreille à la porte. Le ruissellement de l'eau le réchauffa soudain, il inspira profondément et sortit de la chambre.

– Je vais faire du café, vous en voulez? demanda-t-il à Mathilde.

Elle lui montra sa tasse de chocolat chaud.

– J'ai arrêté les excitants avec le reste, mais j'ai entendu pour les crêpes, alors je me contenterai de dix pour cent du hold-up.

– Cinq pour cent maximum, répondit-il en se rendant derrière le comptoir, et uniquement si vous me dites où se trouve la cafetière.

– Lucas, hier soir, j'ai entendu quelques bribes de votre conversation et il y avait vraiment de quoi se pincer. A l'époque où je me droguais, je ne dis pas… je ne me serais posé aucune question. Mais là, je ne pense pas que l'aspirine provoque des trips pareils, alors de quoi parliez-vous exactement?

– Nous avions beaucoup bu tous les deux, nous devions dire pas mal de bêtises, ne vous inquiétez pas, vous pouvez continuer les antalgiques sans crainte des effets secondaires.

Mathilde regarda la veste qu'il portait la veille, elle etalt suspendue au dossier de la chaise, son dos était criblé d'impacts de balles.

– . Et quand vous prenez une cuite, vous faites toujours une partie de tir aux pigeons?

– Toujours! répondit-il en ouvrant la porte de la chambre.

– En tout cas, elle est plutôt bien coupée pour une veste en kevlar, dommage que votre tailleur n'ait pas renforcé les épaulettes.

– Je le lui ferai remarquer, comptez sur moi.

– Je compte sur vous! Bonne douche.

Reine entra dans l'appartement, elle posa le journal et un gros sachet de pâtisseries sur la table, dévisageant Mathilde seule dans la pièce.

– Quitte à faire Bed amp; Breakfast, autant que personne ne critique la bonne tenue du petit déjeuner, ça pourrait nuire à ma future clientèle, on ne sait jamais. Les tourtereaux sont réveillés?

– Dans la chambre! dit Mathilde en levant les yeux au ciel.

– Quand je lui ai dit que le contraire de tout c'est rien, elle m'a vraiment prise au pied de la lettre.

– Vous n'avez pas vu l'animal torse nu!

– Non, mais à mon âge, tu sais, ça ou un chimpanzé, ça ne fait plus grande différence.

Reine disposait les croissants sur une grande assiette en regardant la veste de Lucas d'un air intrigué.

– Tu leur diras qu'ils évitent le teinturier au bout de la rue, c'est le mien! Bon, je redescends!

Et elle disparut dans la cage d'escalier.


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