Dupont de Nemours a l’honneur d’envoyer ce m'emoire `a Messieurs du Comit'e de Constitution. Il croit la p'etition tr`es bien fond'ee. Il a plusieurs fois 'et'e t'emoin en province de sc`enes violentes entre les compagnons menuisiers du devoir et ceux d’une autre corporation dont il a oubli'e le nom. 31 mars 1790.
Monsieur,
Les compagnons de toutes les professions, arts et m'etiers, tant pour eux que leurs camarades des Provinces, ont l’honneur de vous exposer, que depuis tr`es longtemps un certain nombre d’entr’eux, et cependant la grande minorit'e, imagin`erent de former une esp`ece de corporation `a laquelle ils donn`erent le nom du devoir; des signaux des mots qui ne sont connus que de ceux qui y sont initi'es, des noms suppos'es sont les indices auxquels ils se reconnaissent dans tous les temps et dans toutes les villes du Royaume;: es compagnons du devoir se sont acharn'es a pers'ecuter ceux des autres compagnons qui refusent de faire corps avec eux, ils poussent m^eme leurs vexations dans certaines villes jusqu’au point de forcer ceux ci `a consigner une certaine somme d’argent avec promesse d’entrer dans leur soci'et'e, sans quoi ils les empechent de travailler. Cette violence a occasionn'e `a diff'erentes 'epoques les scennes (sic) les plus sanglantes. Les routes m^eme ne sont pas respect'ees par ces perturbateurs du repos public, et souvent, il arrive que les compagnons qui ne sont pas du devoir, voiageant d’une ville `a ’autre, sont arr^et'es par ces derniers, qui ont soin d’aller `a leur rencontre; 4 s’ils ne r'epondent pas aux signaux qui leurs sont faits ils sont conduits chez la mere de ceux du devoir. L`a ils sont fouill'es et d'epouill'es de leur argent et des effets. qu’ils ont dans leur sac et renvoi'es, la moindre r'esistance suffit pour ^etre assomm'e de coups.
Les exposans victimes de ce brigandage auquel il leur est impossible de se soustraire, parce que le plus souvent ils sont sans d'efiance et que leurs enemis au contraire sont toujours attroup'es, se sont pourvus `a diff'erentes 'epoques en justice pour le faire cesser; plusieurs arr^ets de diff'erons parlemens ont inflig'e des peines aux coupables de ces d'esordres, mais n’ont pu dissoudre cette corporation; les coupables ont toujours trouv'e le moien de se mettre `a couvert des poursuittes `a la faveur de leurs noms suppos'es et des secours qu’ils se pr^etent mutuellement.
Jamais l’antipathie qui a r'egn'e de tous temps entre ces doux classes d’ouvriers, n’a 'et'e port'ee a un si haut degr'e qu’aujourdhui; la fermentation est telle que plus de huit cent compagnons chapelliers fatigu'es des vexations odieuses que ceux du devoir exercent contr’eux, ont cess'e toute esp`ece de travail; et il est `a craindre que ceux des autres professions non moins pers'ecut'es que ceux-ci n’en fassent autant; ce qui peut avoir les suites les plus funestes, cette fermentation existe dans les diff'erentes villes de province comme `a Paris, les compagnons de cette capitalle viennent d’en recevoir des nouvelles tr`es allarmantes et ils sont pri'es de solliciter aupr`es de l’assembl'ee nationalle un decret qui en an'eantissant cette pr'etendue corporation, mettra fin a tous ces d'esordres et 'evitera les plus grands malheurs; ils osent esperer, Monsieur, que vous voudrez bien appuier leur p'etition aupr`es des augustes repr'esentons de la nation; toutes corporations ont 'et'e an'eanties par leurs decrets m^eme celles autoris'ees par la loi sous l’ancien r'egime, a plus forte raison s’empresseront ils de dissoudre celleci qui a toujours 'et'e illicite et toujours deffendue, un nombre prodigieux d’ouvriers les supplient d’ordonner que chaque compagnon sera tenu de porter son nom de famille, que ceux du ci-devant devoir rentreront dans la classe des autres, pour d'esormais travailler et vivre ensemble avec tranquilit'e, et d’en joindre aux municipalit'e de veiller `a l’ex'ecution de ce d'ecret, leur reconnaissance sera 'eternelle.
XIII
Архив библиотеки города Парижа.
Bibl. de la Ville de Paris.
Mss. № 10441. 19 Avril 1790.
Municipalit'e de Paris.
D'epartement des travaux publics.
En vertu du jugement de Tribunal de police et de la recommandation particuli`ere de M. le lieutenant de Maire au d'epartement de la police par lesquels il est constat'e que le nomm'e Coss'e, tailleur de pierre, employ'e aux travaux de la d'emolition de la Bastille a 'et'e injustement renvoy'e de cet attelier par des commis qui n’avoient pas le droit de le faire, sans en avoir recu l’ordre des administrateurs charg'es sp'ecialement des travaux de la Bastille. Nous mandons au S-r Tirel de remettre le n-'e Cosse dans ses fonctions et de porter ses journ'ees depuis le jour de son renvoy, jusqu’`a ce jour d’hui. sur les feuilles de cette semaine.
Fait au d'epartement ce 19 avril 1790.
Это — подлинник; есть там же и копия, где приписано: