L’Assembl'ee verra que nous n’aurions `a craindre si la confiance laissait `a la circulation des denr'ees, la libert'e, qui lui est n'ecessaire, mais que nous avons tout `a redouter, parceque cette confiance n’existe pas, et que l’administration de la commune de Paris est propre `a l’'eloigner de plus en plus et d'efinitivement `a l’an'eantir. La foiblesse du Corps Municipal ou le d'esir, mal calcul'e, de procurer quelque adoucissement aux habitans de Paris, l’a port'ee `a faire vendre, depuis longtems, la farine `a une taux inf'erieur au prix d’achat. D`eslors presque tous les approvisionnemens des environs se font faits dans Paris, d’o`u l’on retire sans cesse, au lieu d’y apporter; par cette disposition, la Municipalit'e fait chaque jour une d'epense de 12, 000 1, qui ne sert qu’`a l’'epuiser, et qui, pour un avantage apparent et momentan'e, produit le double mal d’une surcharge qui doit finir par retomber sur le Peuple m^eme, et d’un app^at pour le voisinage qui vient retirer de Paris tout ce qui seroit n'ecessaire `a sa Consommation.
C’est ainsi que la fixation du bois va porter l’effroi dans ce genre de commerce et y faire sentir aussi la disette.
Je ne veux point accuser les intentions; je ne suppose point que ces op'erations soient dict'ees par le d'esir de capter la popularit'e et le dessein, de pr'eparer des malheurs, qu’on auroit le soin de rejetter sur l’administration sup'erieure; mais je dis que ces op'erations sont mauvaises parce qu’elles flattent pour tromper, parce que sous l’apparence d’un bien passager, elles pr'eparent des maux affreux.
Je veille, autant qu’il est possible `a l’approvisionnement g'en'eral, mais je d'eclare que je ne puis r'epondre de rien, lorsque des op'erations d'esastreuses en arr^etent les effets.
Les fermiers, les laboureurs, n’osent plus paro^itre dans un march'e, mettre en route ou en vente, un sac de bl'e: Le pr'etexte d’accaparement fait menace et craindre d’^etre 'egorg'e; et au sein m^eme de l’abondance, nous sommes pr^ets `a p'erir de mis`ere.
Voil`a le fruit de l’inqui'etude, de l’agitation, des 'eternelles d'eclamations avec lesquelles on souleve les esprits, r'epand la menace et l’effroi. Les fripons s’agitent, les sots s’'epouvantent; je suis assailli de plantes, de reproches, d’arr^et'es de la Commune, qui d’ailleurs ne r'epond jamais aux Lettres officielles que je lui adresse, aux questions que je lui fais. Les Sections recoivent son impulsion, en propagent les effets; les parties de l’administration sont toutes n'eglig'ees; C’est un d'esordre affreux que je d'enonce de nouveau, dussai-je y perdre la t^ete sur l’heure, car il faut que la chose publique soit sauv'ee o`u que je p'erisse avec Elle.
C’est `a la Convention de prescrire enfin les mesures convenables, pour que l’administration de Paris soit remise en des mains sages, qui ne sacrifient point `a une 'eph'emere popularit'e, `a des v^ues particuli`eres d’int'er^et ou de vengeance, la paix et la s^uret'e de cette Ville.
Quarante mille quintaux de grains sont partis du Havre pour Paris; si la fureur des agitations, la crainte qui les accompagne, les clameurs qui les suivent, emp^echoient ces provisions d’arriver, nous souffririons de la famine et la faute en seroit uniquement `a la foiblesse, qui n’auroit point 'etabli le r'egime 'equitable, r'epressif contre les malveillants, protecteur de la s^uret'e, de la propri'et'e, et de la plus grande libert'e du Commerce.
J’ose dire enfin que l’esprit de la Commune de Paris finira par perdre la Capitale et la Convention elle-m^eme si elle ne met fin `a cette agitation des sections, `a cette permanence, qui n’est plus que celle du trouble et de la d'esorganisation, et `a l’existence de cette Commune, foyer de toutes les intrigues.
Le Ministre de l’int'erieur,
IX
L. 127. Corresp. g'en'erale, № 6.
Архив департамента Устьев Роны.
19 f'evrier 1793.
Aux commissaires d'eput'es extraordinaires du d'epartement des Bouches du Rh^one pr`es de la convention nationale `a Paris.
Nous vous envoyons, citoyens coll`egues, les d'elib'erations des administrateurs du dep. des Bouches du Rh^one pour demander l’augmentation des salaires des calfats et autres ouvriers employ'es au service de la r'epublique dans les arsenaux. La modicit'e des salaires de ces ouvriers ne peut suffire `a leur subsistance et `a celle de leurs familles, ils n’ont cependant la pluspart d’autre ressource que leur travail. Leurs bras, leur suffisoient auparavant pour fournir `a toute leur depense et depuis qu’ils sont au service de la Republique leurs enfants n’ont plus de pain.
Vous savez que les journ'ees de ces sortes d’ouvriers se payent `a Marseille des six `a sept livres par jour, cependant `a Toulon ils ne recoivent dans l’arsenal que 42 de moiti'e argent, la moiti'e papier.