Or, toute d'eclaration exig'ee et fait de subsistances sp'ecialement sera fausse et n'ecessitera la violence: tout ordre de porter ca o`u l`a, en telle ou telle quantit'e, de vendre en tel lieu et non en tel autre, `a telle heure aux uns, `a telle heure aux autres; tout, ce qui 'etablira la g^ene tendra `a l’arbitraire et deviendra vexatoire. Le propri'etaire s’inqui`ete d’abord, se d'ego^ute ensuite; il finit par s’indigner, le peuple, alors peut s’irriter et se soulever. La source des prosp'erit'es seroit tarie, et la France deviendroit la proi d’agitations longues et cruelles. C’est une arme terrible dont les malveillans ne tardent pas de s’emparer, qu’un decret qui porte avec soi la contrainte et laisse `a la violence de le diriger. D'ej`a celui du 16 septembre dernier qui ordonne le r'ecensement des grains et autorise l’emploi de la force pour son ex'ecution, r'epand l’allarme et favorise les emeutes. Encore une entrave, encore une provocation de l’autorit'e pour la soutenir, je ne connois, je ne concois plus de puissance humaine capable d’arr^eter les d'esordres.
On ne se repr'esente pas assez, qu’en administration, en l'egislation, comme en m'echanique, la multiplicit'e de rouages g^ene les mouvemens, retarde ou diminue l’effet. Faute d’un plan raisonn'e fond'e sur l’histoire des faits, sur le r'esultat des combinaisons, sur la somme des moyens moraux et physiques, un code se trouve charg'e d’articles dont les uns sont destin'es `a rectifier les autres. Il s’en suit une complication susceptible de commentaires et l’ex'ecution devient 'egalement difficile et hazardeuse. Les inconv'enients de cette nature sont infiniment graves, dans la l'egislation des subsistances, qui devient alors un arsenal d’armes meurtri`eres que saisissent tous les partis.
Pr'esident de la repr'esentation d’un grand peuple, montrez que le grand art est de faire peu et que le gouvernement, comme l’'education, consiste principalement `a pr'evenir et emp^ech'er le mal d’une mani`ere n'egative pour laisser aux facult'es tout leur d'eveloppement; car c’est de cette libert'e que d'ependent tous les genres de prosp'erit'e. La seule chose peut-^etre que l’assembl'ee puisse se permettre sur les subsistances c’est de prononcer qu’elle ne doit rien faire qu’elle supprime toute entrave; qu’elle d'eclare la libert'e la plus enti`ere sur la circulation des denr'ees; qu’elle ne determine point d’action; mais qu’elle en d'eploie une grande contre quiconque attenterait `a cette libert'e. La gloire et la s^uret'e de la convention me paroissent attach'ees `a cet acte de justice et de raison, parcequ’il me semble que la paix et le bonheur de la nation en d'ependent.
J’abonde en motifs: le temps et l’espace sont trop courts; mais je joins ici des observations que j’ai cru devoir adresser `a la commune de Paris avec la proclamation du Pouvoir Ex'ecutif et ma lettre d’envoi de cette proclamation `a la convention elles concouriront `a d'evelopper mes id'ees. Elles m’ont paru m'eriter assez d’attention pour ^etre 'etonn'e que le comit'e charg'e d’un projet auquel sont int'eress'ees les destin'ees de la France, se soit 'eloign'e de m’entendre sur une partie d’administration dans laquelle il importe autant de recuillir les vues, de peser les raisons pour se garantir de l’erreur et n’^etre pas expos'e `a des m'eprises.
Je soumets `a la sagess'ee de l’assembl'ee mes repr'esentations sur le sujet de mes plus importantes sollicitudes: je les lui dois comme citoyen et c’est `a ce titre que je lui en fais hommage.
VIII
Нац. арх.
С. 239. Pce № 1.
№ 264.
Paris le 23. 9-bre 1792.
L’An 1-er de la R'epublique francaise.
Второе письмо Ролана.
23 ноября 1792 г.
Monsieur le Pr'esident,
Je fais passer, ci joints, `a la Convention Nationale, deux 'etats de la situation actuelle des subsistances `a Paris. Le premier est le compte qui a 'et'e rendu, le 17. de ce mois, au Conseil g'en'eral de la Commune, par les Administrateurs de ces subsistances, et le second comprend le d'etail des ressources en grains et farines, pour la Consommation de la Capitale, au 20. du m^eme mois; Il est bon de r'epandre la connaissance de ces deux Etats, autant qu’il sera possible, pour rassurer le Peuple sur les inqui'etudes, que l’on cherche `a lui donner relativement `a la subsistance.