…Celui qui erre, à la mi-nuit, sur les galeries de pierre pour estimer les titres d’une belle comète; celui qui veille, entre deux guerres, à la pureté des grandes lentilles de cristal; celui qui s’est levé avant le jour pour curer les fontaines, et c’est la fin des grandes épidémies; celui qui laque en haute mer avec ses filles et ses brus, et c’en était assez des cendres de la terre…
Celui qui flatte la démence aux grands hospices de craie bleue, et c’est Dimanche sur les seigles, à l’heure de grande cécité; celui qui monte aux orgues solitaires, à l’entrée des armées; celui qui rêve un jour d’étranges latomies, et c’est un peu après midi, à l’heure de grande viduité; celui qu’éveille en mer, sous le vent d’une île basse, le parfum de sécheresse d’une petite immortelle des sables; celui qui veille, dans les ports, aux bras des femmes d’autre race, et c’est un goût de vétiver dans le parfum d’aisselle de la nuit basse, et c’est un peu après minuit, à l’heure de grande opacité; celui, dans le sommeil, dont le souffle est relié au souffle de la mer, et au renversement de la marée voici qu’il se retourne sur sa couche comme un vaisseau change d’amures…
Celui qui marche sur la terre à la rencontre des grands lieux d’herbe; qui donne, sur sa route, consultation pour le traitement d’un très vieil arbre; celui qui monte aux tours de fer, après l’orage, pour éventer ce goût de crêpe sombre des feux de ronces en torêt; celui qui veille, en lieux stériles, au sort des grandes lignes télégraphiques…
Celui qui ouvre un compte en banque pour les recherches de l’esprit; celui qui entre au cirque de son oeuvre nouvelle dans une très grande animation de l’être, et, de trois jours, nul n’a regard sur son silence que sa mère, nul n’a l’accès de sa chambre que la plus vieille des servantes; celui qui mène aux sources sa monture sans y boire lui-même; celui qui rêve, aux selleries, d’un parfum plus ardent que celui de la cire…
Celui qui donne la hiérarchie aux grands offices du langage; celui à qui l’on montre, en très haut lieu, de grandes pierres lustrées par l’insistance de la flamme…
Ceux-là sont princes de l’exil et n’ont que faire de mon chant.