Читаем Sur la dalle полностью

Mais surtout, par quelque curieux concours de circonstances et pour une raison qu’il était seul à connaître, la requête qu’il lui adressait lui convenait au mieux. Cet homme que désignait la lettre, cela faisait longtemps qu’il le ressentait comme un sournois danger, et ce n’était pas la première fois qu’il songeait à le faire disparaître. Restait à mettre au point rapidement la stratégie et choisir l’exécutant, l’affaire devait être close le soir même. Il passa en revue ses troupes occultes : il lui fallait un gars dénué de moralité – ce qui était le lot de tous ses hommes –, mais également scrupuleux, doué de mémoire, et très âpre au gain. Car même si l’affaire était assez élémentaire, il faudrait de la finesse, de la méthode, mais aussi de l’intelligence pour réussir. Il arrêta son choix sur un partenaire qui lui semblait réunir les critères nécessaires : Gilles Lambert – un faux nom, bien entendu. De plus, Gilles n’avait jamais mis les pieds à Louviec ou ses environs proches et c’était un avantage conséquent. Il n’y avait plus qu’à espérer qu’il serait disponible sur-le-champ. Il était déjà dix heures du matin et il n’y avait pas de temps à perdre.

Il éteignit son cigare et ouvrit son coffre. Tout au fond, une cache latérale, de petite taille, renfermait onze portables, tous trafiqués, tous intraçables, et il en sortit celui qui lui servait à contacter Gilles. Il s’éloigna sur la terrasse qui jouxtait son bureau. Ici, à l’abri des haies, il était invisible et nul ne pouvait l’entendre.

— Gilles ? Disponible aujourd’hui ?

— Oui.

— Rendez-vous dans vingt-cinq minutes à l’étang de Vallon-du-Mont.

— Oui.


Le patron ôta sa cravate et la veste de son costume pour enfiler un blouson commun et des chaussures ordinaires, qui ne sentaient pas son homme d’affaires à cent mètres. Par l’escalier, il rejoignit la cour arrière où l’on garait les voitures de service. Le parking était désert, tous les employés étaient déjà arrivés, et le gardien de jour surveillait la cour avant où stationnaient des camions déjà chargés. Il entra dans le logement vide du gardien de nuit, qui se faisait toujours deux œufs au jambon au milieu de sa veille nocturne. L’homme ouvrit les boîtes, mira rapidement les œufs sous la puissante lampe de bureau. Il en préleva un, l’enveloppa dans du coton et du papier d’aluminium et sortit. Toujours personne. Il choisit un véhicule banal et mit le cap sur le Vallon-du-Mont. Nul ne le connaissait là-bas, pas plus que Gilles. Le lieu qu’il avait choisi – il en changeait à chaque fois – n’avait rien d’un site touristique.

Au Vallon-du-Mont, les deux hommes se saluèrent d’un signe de tête et commencèrent à tourner autour de l’étang désert.

— Assassinat payé au prix fort, ça te va ?

— Raconte.

Aucune émotion dans la voix de Gilles. Il parlait aussi peu que possible et ne posait pas de questions.

— Ça doit être fait ce soir, entre vingt et une heures et vingt et une heures trente, quand le type sort promener le chien, aller et retour sur la petite route devant son jardin. Ponctuel.

— Allure du type ?

— Belle stature, épais cheveux blancs, tu ne peux pas le rater. Il y a des consignes à respecter et mémoriser. Tu as de quoi noter ?

— Oui, dit Gilles en sortant son calepin.

— Lieu : au nord de Louviec, 2, rue de la Vieille-Chaussée.

— C’est hors du périmètre ? J’ai appris cela. La flicaille fourmille dans Louviec.

— Justement. Le type habite en dehors et sa maison est isolée.

— Femme et enfants ?

— Enfants couchés, femme aux tâches domestiques, probablement.

— Le chien ?

— Un grand bâtard roux. Vieux, pas l’air agressif.

— Sait-on jamais.

Le patron enfila un gant et sortit une feuille de sa poche.

— Tiens, dit-il, prends ça. La croix rouge, c’est sa baraque. Pas loin de chez toi. Tu vois qu’après avoir traversé la vieille voie ferrée et atteint la route, il y a deux chemins qui prennent sur la gauche.

— Oui.

— Ne prends pas le premier, il est boueux, ça se verrait sur les pneus. Prends le second, c’est une chaussée pavée. Vu ?

— Vu.

— La voiture maintenant. Tu as un garage ?

— Oui.

— C’est quoi ta voiture ? Toujours ta berline classique ? Grise ?

— Oui.

— Pas de signes particuliers ? Cabossage, phare cassé ?

— Tu penses bien que non.

— Engage-toi en marche arrière dans cette chaussée, assez loin pour qu’on ne puisse rien apercevoir de la route. Merde, dit l’homme en s’arrêtant net. On a livré du liège là-bas récemment. Tu risques d’en piéger des fragments dans les rainures des pneus. Mauvais, ça. Encore que je ne voie pas comment ils pourraient remonter jusqu’à toi.

— C’est de la broutille, ça. En rentrant, je vérifie les rainures et j’extirpe le liège, s’il y en a.

— Parfait. Les plaques maintenant. Il t’en reste ?

— Oui.

— Change-les. Mais souviens-toi, fais comme à l’habitude : ne prends pas de vis neuves. Utilise les vieilles vis.

— Routine, marmonna le gars.

— Emporte deux paires de gants, un pantalon et un manteau de toile cirée.

— J’ai des K-way.

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