Читаем Sur la dalle полностью

— Très bien, ça tient moins de place. Tu prends deux sacs plastiques pour protéger tes chaussures, serre bien le nœud. Et un sac-poubelle. Ah, j’allais oublier. Et un œuf. Fécondé, l’œuf. Je t’en ai apporté un car je ne sais pas si tu as des œufs et si tu sais les mirer. Il est bien emballé mais fais-y gaffe.

— Un œuf ?

— Un œuf, que tu vas écraser dans sa main.

— Mais pour quoi faire ?

— Pour coller ce meurtre sur le dos du tueur de Louviec. Il faut donc que ça y ressemble au poil près. Un, frapper du bras gauche, un coup à fond dans le thorax, à gauche également, et un autre coup à côté, pour atteindre le cœur. Deux, écraser l’œuf dans la main. N’oublie surtout pas cet œuf.

— Non.

— Et tu laisses le couteau planté jusqu’à la garde dans la plaie. C’est là qu’on bute. Il ne nous faut pas n’importe quel couteau. Mais un couteau Ferrand. Or en ce moment, les flics sont à l’affût de toute personne achetant un Ferrand. Tu connais quelqu’un de sûr qui en possède un ?

— Moi.

— T’as un Ferrand ?

— Grand modèle.

— T’es un as.

Gilles haussa les épaules.

— Quand on est dans le métier, faut avoir le bon équipement. Au corps-à-corps, on ne prend pas une lame qui risque de se casser sur le sternum.

— Alors nettoie ton couteau à fond et prends-le.

— Non, je ne le nettoie pas et je l’emporte avec toutes mes empreintes, dit Gilles avec son si rare sourire, qui faisait passer un frisson dans le dos, même au patron parfois.

— Une fois chose faite, tu retires ton pantalon, ton ciré, tes gants, les sacs autour de tes chaussures, et tu fourres le tout dans le sac-poubelle. Tu enfiles la paire de gants propres et tu reprends la route. Pas vers Combourg. File jusqu’à Saint-Malo et jette ce sac dans une poubelle publique. Quel flic irait chercher la tenue du tueur de Louviec dans une poubelle de Saint-Malo ? Surtout qu’elles sont vidées au lever du jour.

— Non, pas Saint-Malo, je connais trop de gens là-bas et c’est bourré de monde en ce moment. J’irai à Fougères.

— Fougères, très bien. Au retour…

— … je change les plaques, je nettoie les rainures des pneus, et on est propres comme des sous neufs. À propos de fric, ce sera combien ?

— Le double du tarif habituel, je veux que tout soit impeccable. Donc quarante mille.

— Cinquante mille. Après un meurtre pareil, les flics renifleront toutes les pistes.

— Et que veux-tu qu’ils trouvent ?

— Des traces de mes pneus.

— Il y en a des milliers comme les tiens. Et des traces sur une allée pavée, il n’y en aura pas.

— Cinquante mille.

— Je te ferai savoir le lieu et l’heure du versement. Cela ne tardera pas. Fais gaffe à l’œuf. En cas de casse, t’en as un chez toi ?

— Non, je bouffe dehors.

XXIII

À vingt heures trente, alors que les cinquante flics patrouillaient dans Louviec et que les soixante autres assuraient le cordon du périmètre, Gilles Lambert avait déjà préparé avec grand soin toute l’opération. « Belle stature » avait dit le patron à propos de la future victime. Avec son un mètre quatre-vingt-sept et sa lourde carrure, Lambert ne redoutait rien, surtout que le gars serait pris par surprise. Et si le chien aboyait ? Un coup de couteau dans la gorge, il n’était pas à ça près. Ou bien il couperait la laisse et le clebs partirait en courant, ravi de l’escapade. Gilles avait tapissé son coffre de plastique fin, au cas où le sac-poubelle fuirait. Il avait également pris la précaution de plastifier son siège avant et d’emporter trois paires de gants et non deux. Le tout était déjà proprement plié dans le sac-poubelle et tenait très peu de place. Le couteau était dans la boîte à gants, avec l’œuf. Les plaques étaient changées, avec les mêmes vis. Il contrôla ses pneus : l’avant gauche avait une encoche, et c’était embêtant. Il mit sa roue de secours – qui n’était pas neuve – à la place. Il avait mémorisé le plan six fois de suite avant de le brûler et aurait pu le dessiner par cœur. Départ à vingt heures trente-cinq. Cinquante mille euros, le patron ne lésinait pas sur ce coup. Il ne pouvait se permettre la moindre faute. Au plus tard, en comptant l’aller-retour à Fougères, il serait de retour à vingt-deux heures quarante-cinq. La lumière filtrerait sous la porte de son garage mais les voisins avaient l’habitude de le voir sans cesse soigner et bricoler sa voiture.

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