Читаем Sur la dalle полностью

— Qui de vous disait qu’on perdait notre temps, dit Adamsberg, que le tueur attendrait simplement que les flics lèvent le camp pour recommencer ? Je vous ai répondu qu’on sentait sa fureur s’amplifier, qu’il ne pouvait pas patienter, que le bouclage de Louviec le rendrait fou, qu’il chercherait à le contourner.

— Mais on espérait le coincer dans Louviec, dit Veyrenc. Au contraire, on a un meurtre de plus.

— On va s’en prendre plein la gueule, dit Noël sombrement. Depuis le divisionnaire jusqu’à là-haut, ça va hurler. Mobiliser cent dix hommes pour ce résultat, ils vont se foutre de nous, les mecs. Et ils auront raison.

— Attendons de savoir, dit calmement Adamsberg.

— De savoir quoi ?

— Comment le tueur a contourné. D’une manière ou d’une autre, ça a laissé des traces. Et là est l’erreur. L’erreur qu’on attendait.

Le camion de l’équipe technique arrivait de Combourg. Quatre projecteurs éclairaient violemment le corps et le photographe mitrailla la scène sous tous ses angles, puis fit signe que le champ était libre. Le médecin légiste s’agenouilla près du cadavre.

— Il a dû mourir vers vingt et une heures quinze, vingt et une heures trente. Même tactique, rien de changé. Deux coups dans le thorax, probablement portés de la gauche, dont un qui a atteint le cœur, et un œuf écrasé dans son poing.

— Et mêmes traces lisses de ses pieds dans le sang, dit un des techniciens.

— Ce coup-ci, dit Adamsberg, on peut les suivre. Il n’a pas retiré ses sacs plastique tout de suite comme il le faisait jusqu’ici. Est-ce que le camion peut escorter avec un projecteur ?

Adamsberg et Matthieu, accompagnés d’un photographe, purent repérer les traces de sang, de plus en plus ténues, sur une dizaine de mètres, presque à l’embranchement avec la chaussée pavée.

— Il a dû planquer sa voiture dans cette petite rue, dit Adamsberg, il ne pouvait pas la laisser sur le bas-côté. Le gars avait bien repéré les lieux.

Les commissaires remontèrent lentement la chaussée et relevèrent deux traces de pneus.

— Il conduisait en marche arrière, ce qui est logique, et donc pas très droit. Il a ripé sur deux gros pavés, dit Matthieu.

Pendant que le photographe prenait les clichés, Adamsberg ramassa une dizaine de petits morceaux de liège.

— Et ça vient d’où, ça ? dit-il.

— D’une plaque de liège, dit Matthieu.

— Et d’où vient la plaque de liège ? De celles qu’on vend pour isoler les maisons ?

— Par exemple. Il arrive que les plaques s’écornent et que des éclats se détachent. Le docteur avait dû en commander et des fragments seront tombés du camion lors du déchargement.

Adamsberg balaya les environs de sa torche.

— Oui, dit-il, il y a là une petite porte qui donne sur le jardin du docteur. C’est pour cela que le camion s’est garé sur la chaussée, pour faciliter la livraison sans obstruer la route.

— Si bien que la voiture en a peut-être ramassé dans ses pneus.

Adamsberg stoppa la marche de Matthieu.

— Voilà, dit-il, c’est ici que le tueur avait arrêté sa voiture et qu’il s’est changé, à l’aller comme au retour. Regarde ces petites traces de sang, dit-il en s’accroupissant. Parallèles. Elles viennent sûrement des plastiques qu’il noue autour de ses pieds. Ce qui nous apprend quoi ? Rien.

— Technique exactement semblable, couteau Ferrand, deux blessures au thorax, œuf écrasé, c’est bel et bien notre gars. Ce qui est impossible car il n’a pas pu passer le cordon de sécurité sans que les gardes nous en informent. Or tous les rapports signalaient une fois de plus « RAS ».

— Et sais-tu pourquoi c’est impossible ?

— Dis toujours.

— Tout simplement parce que ce n’est pas « bel et bien notre gars », dit Adamsberg en se relevant. C’est un gars qui a imité notre gars. Pour son propre compte ? Pas du tout. Car il ne pouvait tenir ses informations, confidentielles – le bras gauche, l’œuf –, que de notre tueur. La « commande » a donc bel et bien été donnée par l’assassin de Louviec, acculé à cette solution car ses mouvements étaient entravés par le cordon. Comment ? Certainement pas par téléphone, car bien trop risqué. Il pouvait craindre que tous les appareils de Louviec soient surveillés. De là à retrouver son appel dans le portable de l’assassin du docteur et remonter jusqu’à lui, il n’y avait qu’un pas qu’il a eu la prudence de ne pas franchir. Que reste-t-il donc, de nos jours où l’informatique règne en maître et en maître flic, comme moyen de communication sûr, sécurisé ? Où les flics ne viennent pas mettre leur nez car il se meurt et ne sert plus guère à grand-chose, hormis payer quelques factures, envoyer un chèque et autres démarches inoffensives, quand elles ne s’effectuent pas par scans et virements électroniques ?

— La poste ! s’exclama Matthieu.

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