Читаем Sur la dalle полностью

— Exactement, Josselin, dit Adamsberg. J’en étais là. Et donc, quelques jours plus tard, Robic est convoqué par le notaire. Notaire très surpris de recevoir le testament de Jameson, rédigé si peu de temps avant son décès. Sacrée coïncidence, pas vrai ? « Il était extrêmement superstitieux, lui explique Robic, il m’a appelé sitôt après avoir vu sa voyante, il était affolé. » Le notaire, bien que véreux, se renseigne sur les liens qui l’attachaient à Jameson. Robic exagère leur amitié, tout en se disant que ce vieux con de notaire n’a pas à faire une enquête mais simplement son boulot. Qu’il finit par faire. Au bout du compte, mais cela exigera des formalités et du temps, toutes les valeurs que possédait Jameson à la banque sont peu à peu versées sur le compte de Robic en France. Il règle par avance et très largement le notaire corrompu pour s’assurer de son silence. Il rétribue de même ses associés, mais moins que ce qu’ils espéraient, Robic conservant 50 % du futur butin, pourcentage classique chez les chefs de bande, en tant que créateur et organisateur du projet. « C’est tout ? dit l’un, c’est tout ce que le type avait comme galette ? » Robic lui rappelle qu’il y avait les villas, les bagnoles, le yacht, auxquels ils n’ont pas touché. « Vous étiez six sur ce coup, ça vous fait – supposons – un million et demi chacun. Depuis qu’on bosse ensemble, vous avez déjà touché une somme pareille ? » Certains des hommes en conviennent, mais pas tous, et le tueur râle encore plus. Il a tué, il veut le double, c’est la règle. « Pas question, dit Robic, on est à égalité, il n’y a tes empreintes nulle part, tu ne risques rien de plus que les autres. » « Égalité, tu parles, c’est toi qui boufferas la grosse part. » « Normal, dit Robic en posant son doigt sur son front, pas un de vous n’aurait imaginé monter un coup pareil. Sans mes idées, vous ne seriez que des petits braqueurs à la manque. » « Et sans nous, tu ne pourrais rien faire. » « Que si. Des gars comme vous, j’en trouve autant que je veux. » J’imagine ce genre de scène. Bien entendu, Robic a bien l’intention de filer en France dès que le transfert du fric sera achevé, avec un certain nombre de ses associés loyaux et en laissant choir les contestataires. Seul le Bourlingueur a flairé le vent du départ et a quitté la bande sitôt son argent en poche. Enfin, trois mois après la visite chez le notaire, tout est « en règle » pour Robic, ses complices payés et sa boîte vendue. Mais le vieux notaire apprend par la presse qu’un détail gêne les flics de Los Angeles : le fait que les agresseurs, qui ont entièrement dépouillé leur victime, aient « oublié » de lui prendre sa montre en or cerclée de diamants, qui est opportunément brisée comme si l’on avait désiré que l’heure du crime soit incontestable. Une précaution de trop, une bourde à vrai dire car, n’est-ce pas, Josselin, « l’excès est insignifiant ». Néanmoins, le rapport du légiste doit probablement concorder à peu de temps près avec l’heure de la montre – que nous ne connaissons pas – et l’enquête est finalement classée. Muni de ce petit élément signifiant, si notre notaire tâte du chantage, dès lors, son sort sera scellé. Il trouvera alors la mort à bord de son jet privé, préalablement saboté bien entendu, ou de son yacht, ou d’une autre manière accidentelle. Je pencherais pour le jet, Mercadet nous trouvera cela : s’il est mort, et si oui, quand et comment. Et très vite, Robic s’envole pour la France avec une partie de sa bande et son précieux dossier notarié sous le bras, direction Louviec. Où il se heurtera au tueur Jean Armez, dit le Bourlingueur, revenu l’attendre au village depuis plusieurs mois, et qui persiste à réclamer une part plus conséquente. Les choses se gâtent. Et se règlent vite fait de la manière que vous savez.

— Ce serait cette crapule qui l’aurait liquidé ? dit Johan.

— N’oublie pas qu’Armez était aussi une crapule. Il a flingué Jameson.

— Dans ton film, insista Matthieu. Il y a des heures de cela, je te demandais quel intérêt aurait eu Robic à accepter de faire tuer le docteur en imitant la technique du tueur de Louviec.

— Cela fait la troisième fois à présent que je te donne la seule et unique réponse qui l’explique et que tu ne veux pas entendre : parce que Robic redoutait l’incrédulité du médecin, que tu le veuilles ou non, et le ressentait comme une menace. Ce que nous a révélé Johan est très clair. La mort du docteur l’arrangeait parfaitement, d’autant qu’elle serait mise sur les épaules d’un autre. Je ne le répéterai pas une fois de plus, je crois que tout le monde a compris.

— Pardon, dit Mercadet, mais oui, il y a bien eu un visa d’entrée en France pour Donald Jack Jameson il y a vingt et un ans.

— Vous voyez que Johan dit vrai à propos de ce Donald, dit Adamsberg. Pour un peu, Mercadet serait capable de nous donner l’heure à laquelle il s’est senti mal.

— Et toi aussi, dit Matthieu.

Перейти на страницу:

Похожие книги