Читаем Том 10. Былое и думы. Часть 5 полностью

L'unit'e manque totalement dans notre mani`ere d'envisager les rapports des deux sexes – c'est le m^eme d'esordre, le mеmе dualisme que nous importons de nos th'eories vagues dans toutes les sph`eres pratiques de la vie. L''eternelle tentation de concorder, d'amalgamer la moralit'e chr'etienne, – qui a pour point de d'epart le m'epris du corps, du terrestre, du temporel, qui a pour but de vaincre, de fouiller aux pieds la chair, pour parvenir `a l’autre monde – avec notre moralit'e terrestre, r'ealiste, moralit'e exclusivement de ce monde. D'ennui et de d'epit – que cela ne va pas, et pour ne pas trop se tourmenter – on garde ordinairement – au choix et au go^ut – ce qui nous plait de la doctrine religieuse et on laisse de c^ot'e – ce qui g^ene trop ou n'a pas l'avantage de nous plaire. Les hommes qui ne mangent pas maigre les journ'ees de Car^eme – f^etent avec ferveur les f^etes de P^aques, de No"el. Est-ce que le temps n'est pas arriv'e – d'avoir un peu plus de courage, de cons'equence, de franchise et d'harmonie dans notre conduite?

Que celui qui respecte la loi – reste sous la loi – sans l''etreindre par caprice. Mais aussi que celui qui ne la reconna^it pas – qu'il le dise le front haut, qu'il ne soit pas un fuyard – qui craint la pers'ecution, mais homme libre – le verbe haut.

Apporter cette mani`ere de voir dans la vie priv'ee est extr^emement difficile – et presque insurmontable pour la femme. Les femmes sont beaucoup plus profond'ement tromp'ees par l''education que nous ne le sommes – et connaissent beaucoup moins la vie – et voil`a la raison qu'elles s''emancipent plus rarement qu'elles ne font des faux pas, qu'elles sont en 'etat de mutinerie – et d'esclavage perp'etuel, aspirent passionn'ement `a sortir de la position actuelle – et se cramponnent `a elle avec un conservatisme acharn'e.

Depuis l'enfance la petite fille est effray'ee – d’un myst`ere terrible et impur, d'un monstre qui la gu^ete et contre lequel on la prot`ege, on l'arme, on la pr'evient, on la pr^eche… comme si le monstre 'etait dou'e d'une puissance d'attraction et avait besoin d'exorcisme. Peu `a peu – l''eclairage change – le magnum ignotum – qui fl'etrit tout ce qu'il touche, dont le seul nom est une tache, l'allusion auquel est un acte impudique – fait rougir… il devient le seul but de l'existence de la fille… un soleil levant, vers lequel tout montre du doigt – le p`ere, la m`ere, la famille, la bonne.

Au petit garcon qui commence `a courir on s'empresse de donner une bandouli`ere et un sabre de bois… Va, cher petit, et joue avec l’assassinat fictif, porte des plaies `a tes joujoux… en attendant que tu en porteras `a ton semblable – d`es six ans il ne r^eve aussi qu'^etre soldat, tueur d'hommes en costume de mascarade. Mais la petite fille est berc'ee par des r^eves tout oppos'es `a l'assassinat.

Dors, dors, mon enfant,Jusqu'`a l'^age de quinze ans,A quinze ans faut te r'eveiller,A quinze ans faut te marier.

Et m^eme avant quinze ans elle marie d'ej`a sa poup'ee et lui ach`ete un petit trousseau. La poup'ee aura aussi un enfant en porcelaine avec un petit brin…

Il faut s''etonner de la nature humaine qui ne c`ede pas enti`erement, qui r'esiste et ne se d'eprave pas par 'education. On pourrait s'attendre comme cons'equence de ces provocations, de ces excitations que toutes les petites filles, `a quinze ans – iront se marier `a des petits assassins pour remplacer les hommes qu'ils ont tu'es.

D'un c^ot'e, la doctrine chr'etienne dans sa ferveur de faire une horreur de la chair… r'eveille dans l'enfant une question dangereuse, pr'ecoce, jette dans son ^ame trouble… et quand le temps de la r'eponse arrive – une autre doctrine met d'une mani`ere grossi`ere le mariage comme l'id'eal glorieux, le but de l''education d'une jeune personne.

L''ecoli`eredevient fille `a marier, promessa sposa, Braut – et le myst`ere trois fois maudit, le grand p'ech'e 'epur'e devient non seulement le desideratum de la famille, le couronnement de l''education… le but de toutes les aspirations – mais presque un devoir civique. Les arts et les sciences, la culture et l'intelligence, la beaut'e, la richesse, la gr^ace – tout cela ne sont que des roses, des fleurs pour faciliter le chemin de la chute officielle, de la perp'etration d'un crime – d'un crime immonde – penser auquel 'etait un p'ech'e – mais qui chemin faisant a 'et'e m'etamorphos'e en vertu et devoir… Comme la viande qu'on servit `a un pape en voyage un jour maigre se transforma – par sa b'en'ediction – en plat maigre.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Сочинения
Сочинения

Иммануил Кант – самый влиятельный философ Европы, создатель грандиозной метафизической системы, основоположник немецкой классической философии.Книга содержит три фундаментальные работы Канта, затрагивающие философскую, эстетическую и нравственную проблематику.В «Критике способности суждения» Кант разрабатывает вопросы, посвященные сущности искусства, исследует темы прекрасного и возвышенного, изучает феномен творческой деятельности.«Критика чистого разума» является основополагающей работой Канта, ставшей поворотным событием в истории философской мысли.Труд «Основы метафизики нравственности» включает исследование, посвященное основным вопросам этики.Знакомство с наследием Канта является общеобязательным для людей, осваивающих гуманитарные, обществоведческие и технические специальности.

Иммануил Кант

Философия / Проза / Классическая проза ХIX века / Русская классическая проза / Прочая справочная литература / Образование и наука / Словари и Энциклопедии