Читаем Том 10. Былое и думы. Часть 5 полностью

Jalousie… Fid'elit'e… Puret'e… Innocence… Trahison… Sombres puissances, verbes terribles au nom desquels coul`erent des torrents de sang, des torrents de larmes… Ces mots nous font fr'emir comme le souvenir de l'inquisition, de la torture, de la peste – et ils sont suspendus sur notre t^ete comme le glaive de Damocl`es – et c'est sous ce glaive qu'a toujours v'ecu et vit encore la famille.

Il n'est pas facile de les mettre `a la porte par des n'egations injurieuses. Ils restent derri`ere le coin et sommeillent – tout prets d'accourir `a la premi`ere alarme – et d'evorer tout – tout ce qui est pr`es – tout ce qui est loin… an'eantir nous-m^emes.

La bonne intention d''eteindre `a fond ces incendies – `a ce qu'il para^it n'est pas possible, il faut peut-^etre se r'esigner `a diriger le feu d'une mani`ere humaine, `a le dompter et dominer. On ne peut 'egalement ni'finir avec les passions – par la logique, ni les faire acquitter par les tribunaux. Les passions sont des faits et non des dogmes – on peut s'evir contre elles, mais non d'eraciner.

La jalousie, plus encore, jouissait des droits exceptionnels. Au lieu de frein et de r'esistance – elle ne trouvait qu'encouragements et sympathie. Par sa propre force – passion violente, ardente – au lieu d'^etre dompt'ee – elle 'etait pouss'ee en avant par le choeur.

La doctrine chr'etienne – qui `a force de m'epris et de haine pour le corps – met si haut tout ce qui est charnel, le culte aristocratique de la race, de la puret'e du sang – d'evelopp`erent jusqu'au monstrueux la notion de la supr^eme offense, de la tache irr'eparable. La jalousie recut en main le jus gladii, le droit de juger dans sa propre cause et de se venger. Elle devint un devoir de l’honneur, presqu'une vertu. Tout cela ne peut soutenir la moindre critique – mais ce qui est tr`es important – en dehors de cela il reste toujours quelque chose de r'eel, un sentiment de douleur, de malheur, sentiment 'el'ementaire – commel'amour m^eme, faisant face `a toute n'egation – irr'eductible, invincible.

Nous voil`a encore une fois devant les fourches Caudines des antinomies. Le vrai et le faux sont de deux c^ot'es. Un entweder – oder courageux n'avance en rien la question. Au moment o`u l'on croit avoir fini d'un de deux termes – par la n'egation… il r'eappara^it d'un autre c^ot'e, comme la nouvelle lune – apr`es le dernier quart.

Hegel faisait absorber les antinomies dans l'esprit absolu… Proudhon – dans l'id'ee de la justice.

L'absolu est un dogme philosophique, la justice peut s'evir, condamner – mais n'a r'eellement pas de prise sur les passions. La passion est par sa nature injuste, partielle. La justice fait abstraction des individualit'es, elle est unipersonnelle – la passion est par excellence individuelle, partielle.

Radicalement an'eantir la jalousie veut dire en m^eme temps l’an'eantissement de l'attachement personnel – en mettant `a sa place un attachement pour le sexe. Mais ce n'est que l’ individuel, que le personnel qui nous pla^it, qui nous entra^ine, qui donne le coloris, le son, le sens, la passion. Notre lyrisme est un lyrisme personnel, notre bonheur et malheur – sont personnels Le doctrinarisme avec toute sa logique – nous rel`eve aussi peu de nos peines – comme les «consolations» des Romains avec toute leur rh'etorique. Il est impossible d'essuyer les larmes de tristesse pr`es du cercueil et les larmes – emprisonn'ees – de lajalousie – heureusement il n'y aura besoin de le faire. A quoi on peut parvenir – et `a quoi on doit parvenir – c'est que ces larmes coulent humainemen – purifi'ees de l'intol'erance d'un moine, de la f'erocit'e d'un animal carnassier, de la rage d'un propri'etaire vol'e qui se venge.

II

R'eduire le rapport de l'homme et de la femme `a une rencontre fugitive, momentan'ee, sans trace – est, il nous semble, au m^eme degr'e impossible que de river un homme et une femme jusqu'`a la tombe – dans un mariage indissoluble. Les deux cas peuvent se rencontrer dans les extr'emit'es des relations sexuelles et matrimoniales – comme des cas particuliers, comme des exceptions – mais non comme norme. Le rapport de hasard cessera ou tendra `a une liaison plus durable, le mariage indissoluble – `a l''emancipation d'un devoir sans fin, `a l'affranchissement d'une cha^ine, peut-^etre volontairement accept'ee – mais toujours une cha^ine.

La vie protestait constamment contre ces deux extr^emes. L'indissolubilit'e dumariagea ete acceptee hypocritement ou sans s'en rendre compte. Une rencontre de hasard n'avait jamais d'investiture – on la cachait – comme on se vantait du mariage. Tous les efforts pour r'eglementer officiellement les maisons publiques – scandalis`erent l'opinion publique, le sens moral – nonobstant leur caract`ere de restriction. On voit dans la r'eglementation m^eme une reconnaissance.

L'homme sain fuit 'egalement le clo^itre et le haras, la st'erile abstinence du moine et l'amour st'erile des courtisanes.

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Иммануил Кант

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