Читаем Том 10. Былое и думы. Часть 5 полностью

Sur toute la fronti`ere de la Sib'erie, de ce c^ot'e des monts oura-liens, les paysans ont coutume de mettre devant la fen^etre un morceau de pain avec du sel, quelquefois un petit pot de lait du kwass. C'est pour les malheureux. С est ainsi qu'ils appellent tous les condamn'es qui s''evadent de la Sib'erie et qui n'oseraient ni frapper `a la porte,ni passer le jour par un village. J'ai trouv'e quelque chose de pareil en Suisse. Sur les hauteurs, l`a o`u le granit perce d'ej`a comme le cr^ane d'enud'e d'un homme demi-chauve, et o`u un vent glacial souffle sur des plantes dess'ech'ees et presque mortes, j'ai trouv'e des cabanes de chasseurs quelquefois inhabit'ees, mais ayant la porte non cadenass'ee. En entrant, on trouvait du pain, du fromage. Le voyageur 'egar'e ou surpris par le mauvais temps y entre, reste pendant la bourrasque, mange et quelquefois laisse un gros sou sur l'assiette, plus souvent rien.

– Et on ne vole jamais? – dis-je `a mon guide.

– Non, Herr!

Ce ne sont pas des hommes encore!

Apr`es avoir quitt'e la vieille – qui avait conscience de prendre cinq francs pour la nourriture de quatre individus et de deux chevaux, y compris une bouteille enti`ere de kirsch – nous continu^ames notre route par une mont'ee plus rapide. Le chemin – mince incision dans le roc – n'avait parfois qu'un m`etre de largeur et serpentait sous des rochers suspendus sur nos t^etes, frisant la lisi`ere d'un pr'ecipice qui devenait de plus en plus profond. Tout en bas s''elancait, avec bruit et fureur, le Wesp, comprim'e dans un lit 'etroit; il se h^atait 'evidemment de sortir au large. Il y a trop du Salvator Rosa dans ces ascensions. Cela use les nerfs, les fatigue, les accable… Des heures et des heures passent, le spectacle est le m^eme… D'autres rochers froncent les sourcils et sont pr^ets `a vous pousser dans l'ab^ime; le Wesp mugit; tant^ot visible et couvert d''ecume blanche, tant^ot se perdant derri`ere des montagnes, des for^ets de sapin; les fers du cheval r'esonnent sur la pierre, les guides r'ep`etent les m^emes deux notes: «Oh – Eh! I–Ve!» Les contours s'effacent, une transpira' tion de brouillard se l`eve des ab^imes… Le Wesp mugit, les pas des chevaux r'esonnent. – «Oh – Eh! – I–Ve!» – Cela agace les nerfs, cela les irrite.

Zermatt est entour'e de montagnes, presque adoss'e au Mont-Rose; il faisait nuit derri`ere ce paravent colossal. – Lorsque nous entr^ames dans une petite auberge, la seule de l'endroit en 1849, nous y trouv^ames encore un voyageur – c''etait un g'eologue 'ecossais – et la ma^itresse de la maison. Nous 'etions autour d'une table en attendant le souper, lorsque le g'eologue nous dit: «Messieurs, c'est un bruit de sonnettes de chevaux ou de mulets!» – «Oui, oui, – dit la ma^itresse, en 'ecoutant attentivement. – Voil`a du fort! grimper cette montagne lorsqu'on ne voit pas sa propre main». Elle prit une lanterne et alla `a la rencontre; nous all^ames l'accompagner. – On entendait les sonnettes de plus en pins; quelque chose se d'etacha du fond noir, et une minute apr`es une Anglaise, raide, haute et en amazone, descendit tranquillement de cheval, comme si elle revenait `a la maison apr`es une promenade `a Hyde-Park; le second cavalier 'etait son fils, un garcon de treize `a quatorze ans. – La dame entra dans la chambre et demanda du th'e. Le g'eologue l'avait d'ej`a rencontr'ee et lui adressa la parole. Un quart d'heure apr`es, elle dit `a son fils d'aller demander aux guides combien de temps il leur fallait pour faire reposer et nourrir les chevaux.

– Comment! – dit l'Ecossais, – vous voulez partir par cette obscurit'e?

– Nous descendons, – dit-elle, – de l'autre c^ot'e, du c^ot'e italien du Monte-Rosa.

– Tant pis, vous avez une mauvaise descente. Restez ici jusqu'au matin.

– Je ne le puis, j'ai d'avance dispos'e du temps et on nous attend.

Deux heures apr`es, l'Anglaise se mit `a cheval, son fils monta gaiement le sien, et j'ouvris la fen^etre pour entendre le diminuendo des sonnettes qui s''eloignaient.

Quelle femme! Quelle race!

Le lendemain, avant le lever du soleil, nous pr^imes un troisi`eme guide qui connaissait bien les sentiers et sifflait encore ieux des chansons suisses. Nous avions l'intention de monter jusqu'`a l'endroit o`u l'on pouvait encore aller `a cheval.

J’avais peur que la journ'ee ne soit manqu'ee, un brouillard blanch^atre couvrait tout, et cela si bien qu'on ne voyait pas m^eme le mont Cervin. Lе ma^itre de l'h^otel vint jeter encore plus de trouble dans mon ^ame en disant: «Ia, ia, der Wetterhorn s'isch ein grosser Herr, l"asst sich nik immer sehe lasse fur Jederman». Heureusement, «le grand seigneur de Cervin» 'etait de bonne humeur et appar^ut bient^ot dans toute sa splendeur.

Une pluie fine et froide remplaca le brouillard, et peu apr`es, pluie et brouillard 'etaient au-dessous de nous un oc'ean de fum'ee, un monde en fusion. Au-dessus, le ciel bleu et pur.

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Иммануил Кант

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