Читаем Том 11. Былое и думы. Часть 6-8 полностью

Du moment où l’enfant ouvre ses yeux avec un sourire – en regardant sa mère, – jusqu’au moment où il les referme, presque avec le même contentement – ayant fait sa paix avec Dieu et assuré un bon placement qu’on lui fera occuper pendant un petit somme qu’il fera – tout est disposé pour qu’il ne puisse voir clair, avoir une seule notion simple. Il suce avec le lait de sa mère je ne sais quelle belladone – qui lui tourne la tête – pas un sentiment ne reste intact, pas une passion qui ne soit détournée de sa voie naturelle. L’éducation de l’école continue en aggravant l’œuvre de l’éducation domestique – en généralisant, en justifiant théoriquement – les pratiques et règles de la maison, donnant une base scolastique à tous les mirages, en habituant les enfants de connaître sans comprendre et d’accepter les noms pour des définitions.

L’homme ahuri – continue à exister dans un monde d’illusions optiques, perd l’instinct de la vérité, le goût de la nature et doit certainement avoir une force énorme d’intelligence pour s’en apercevoir et peut-être encore plus de courage – pour sacrifier tout s’il le faut et sortir – déjà chancelant et ivre de la malaria qui l’entoure.

R. Owen aurait répondu à cela – que c’est nommément par ces considérations qu’il est venu à la conclusion – qu’il fallait commencer la régénération sociale – non par un phalanstère, non par Icarie – mais par l'école.

Il avait raison, et encore plus, il a prouvé pratiquement qu’il l’avait. Devant l’exemple de New Lanark – ses adversaires se taisent, le maudit New Lanark ne peut être digéré par les gens qui accusent le socialisme – de ne s’occuper que d’utopie – sans savoir réaliser le moindre détail. N. Lanark était là en chair et os pour répondre à tous ces Saint Thomas de l’économie politique – tout le monde y allait – ministres, ducs, fabricants, lords et même évèques. – Un sceptique, le docteur du duc de Kent n’y croit rien, le duc lui propose d’y aller et de voir de ses propres yeux – le docteur Mac-Neb y va et commence sa première lettre par ces mots: «Mon rapport à demain, je suis trop ému, de ce que j’ai vu – plus d’une fois je sentais des larmes dans mes yeux».

Sur cet aveu magnifique en faveur de N. Lanark – je m’arrête et je constate qu’Owen a donné une grande preuve à sa doctrine de l’éducation – par sa réalisation.

Comment donc cela se fit que N. Lanark, étant au sommet de son bien-être – au milieu de la plus énergique, de la plus ardente activité d’Owen – croula et se transforma en une école – un peu moins vulgaire, peut-être, que les autres – mais très vulgaire? Est-ce qu’Owen s’était ruiné? Est-ce qu’il y avait dissidence parmi les maîtres, mécontentement de parents, insubordination des enfants?.. Rien de pareil, au contraire, la fabrique allait parfaitement bien, les revenus s’augmentaient, les ouvriers quittaient complètement l’ivrognerie et le vol, l’école étonnait le monde. Quel malheur est donc tombé sur N. Lanark?

Un beau matin l’école de N. Lanark vit entrer deux sinistres figures habillées en noir, d’une gravité comique, dans des chapeaux très bas et des pardessus d’une coupe préméditativement laide. C’étaient deux braves et pieux quakers – copropriétaires de N. Lanark. Ils froncèrent les sourcils en voyant les figures charnellement gaies des enfants, ils devinrent sombres en les entendant chanter de la musique de ce monde et baissèrent leurs yeux – s’apercevant que les petits garçons n’avaient pas d’«inexpressibles»! – Bon Dieu!

Ces malheureux enfants ne ressentaient aucun remords de la première chute d’Adam – et les quakers secouèrent la tête avec tristesse…. Owen pour conjurer la première attaque répondit par un trait de génie – par le chiffre de l’accroissement du gain. Ce chiffre annuel était si grand qu’il arrêta pour un certain temps le zèle religieux des quakers. Mais dans quelque temps leur conscience se réveilla – et cette fois héros du devoir et résolus de ne pas céder, ils exigèrent l’abolition de la danse, du chant laïc, des manœuvres par groupes – pour cela ils permettaient aux enfants de se récréer en chantant les psaumes.

R. Owen quitta la direction de N. Lanark – et ne pouvait agir autrement.

Les saints commencèrent leur administration apostolique (comme nous le voyons dans la biographie d’Owen) – par augmenter les heures du travail dans les fabriques – mais aussi ils diminuèrent le salaire.

Voilà comment N. Lanark est tombé.

Il ne faut pas oublier que le succès entier d’Owen nous montre une chose de la première gravité et tout à fait méconnue – c’est que le pauvre prolétaire – privé de toute culture, habitué à l’état de guerre sourde – avec le propriétaire, ne s’oppose au fond aux innovations qu’au commencement, et cela par méfiance – dès qu’il comprend qu’il n’est non plus oublié dans le changement, – dès qu’il acquiert confiance, il se soumet avec docilité à un nouveau régime.

Le salut n’est pas de ce côté.

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