Читаем Том 11. Былое и думы. Часть 6-8 полностью

Geintz – valet de chambre littéraire assez famé du prince Metternich – assis un beau jour pendant un grand dîner à Francfort à côté d’Owen lui dit:

– Supposons que vous eussiez réussi – eh bien, quoi?

R. Owen, un peu surpris, lui répondit:

– Comment quoi? Mais c’est évident. Le bien-être des classes nécessiteuses se serait tellement accru, que chacun serait mieux nourri, mieux logé, mieux élevé…

– Mais… c’est précisément ce que nous ne voulons pas, – lui répondit le Ciceron du Congrès de Vienne. Celui-là avait au moins le mérite de la franchise…

…Du moment où les prêtres, boutiquiers et leurs consorts s’aperçurent que le but de N. Lanark n’était pas du tout une plaisanterie, lorsqu’ils en devinèrent la portée – la perte de N. Lanark était décidée d’une manière immuable.

Et voilà pourquoi la chute d’un petit hameau en Ecosse avec sa fabrique et son école – a pour nous le sens d’un grand malheur historique. Les ruines de N. Lanark remplissent l’âme de réflexions peut-être plus tristes, plus tragiques – que d’autres ruines ne réveillaient dans l’âme de Marius… Le réfugié Romain était assis sur le tombeau d’un vieillard qui a fait son temps… Nous le pensons assis près d’un berceau – nous regardons le cadavre d’un enfant… qui promettait beaucoup et qui s’est éteint par la faute et la concupiscence des tuteurs qui craignaient ses droits à l’héritage.

Chapitre III

Nous avons vu que R. Owen doit être acquitté devant le tribunal de la logique, ses déductions sont non seulement d’une pialectique irréprochable – mais plus que cela – justifiées par la réalisation. Ce qui manquait à sa doctrine – c'est l'entendement des masses.

– Affaire de temps – il viendra un jour – elles comprendront.

– Qu’en savez-vous, peut-être oui – peut-être non!

– C’est impossible d’admettre que les hommes ne puissent jamais parvenir à bien entendre leur propre intérêt.

– Pourtant c’était ainsi de tout temps. C’est précisément à ce manque d’entendement que suppléait l’église et l’Etat. Et nous voilà dans un cercle logique – car d’un autre côté l’église et l’Etat – empêchent le développement intérieur. Owen s’imaginait qu’il suffisait de montrer aux hommes l’absurdité de quelque chose pour qu’ils s’empressent à la renier – mais il n’en est rien. L’absurdité de l’Etat et encore plus de l’église – est évidente, mais cela ne leur fait pas beaucoup plus de mal que la critique la plus raisonnée ne change les contours des montagnes et la direction des fleuves. Leur inébranlable stabilité – n’est pas basée sur l’intelligence – mais sur son défaut. L’histoire s’est crée – grâce aux absurdités les plus phantastiques. Les hommes cherchaient de tous temps la réalisation des rêves, de leur idéal – et chemin faisant réalisaient tout autre chose. Ils cherchaient l’аrс-en-ciel et le paradis sur la terre – et trouvaient des chants immortels, et créaient des statues éternelles, et bâtissaient Athène et Rome, Paris et Londres.

Un rêve cède à un autre – le sommeil est quelquefois très léger, mais jamais le réveil n’est entier. Les hommes acceptent tout, sacrifient beaucoup – mais reculent d’horreur, lorsque entre deux religions s’ouvre une fente par laquelle pénètre la lumière matinale et souffle la brise fraîche de la raison et de la critique.

Les hommes isolés qui se réveillent quelquefois et protestent contre les dormeurs – ne font qu’un acte de constatation qu’ils sont réveillés, et partant de ce qu’il est possible à l’homme de se développer jusqu’à l’entendement raisonné – mais ils ne réveillent personne, ou bien peu . Si ce développement exceptionnel peut se généraliser ou non – c’est une question.L’induction prise du passé n’est guère favorable pour la solution positive. C’est possible que le futur ira tout autrement, de nouvelles forces se produisent, de nouveaux éléments peuvent entrer et changer (en bien ou en mal) le courant. La découverte de l’Amérique, les chemins de fer, le télégraphe – ont fait une révolution qui n’est pas moindre des révolutions géologiques. Tout cela est possible, mais nous ne pouvons dès aujourd’hui compter sur les choses que nous ne connaissons pas; admettant les meilleurs chances, nous pouvons pourtant être convaincus que cela ne sera pas de si tôt que l’homme arrivera par masses au bon sens.

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