Mais quelque courte qu’aura 'et'e cette dur'ee, elle aura toujours 'et'e assez longue, pour faire un mal immense: celui d’avoir inocul'e la r'evolution aux races slaves, m^eme `a celles d’entr’elles qui jusqu’`a pr'esent en 'etaient parfaitement vierges. C’est l`a, je le r'ep`ete, un mal immense et de plus un immense danger personnel pour la Russie. — L’Autriche, telle que la voil`a devenue, ne peut pas ne pas communiquer la r'evolution aux races slaves qui lui sont soumises — aussi bien par l’action que par la r'eaction, aussi bien par l’influence directe des institutions nouvelles que par la n'ecessit'e o`u vont se trouver les populations slaves d’exag'erer la port'ee r'evolutionnaire de ces institutions, pour s’en faire des armes d'efensives contre la propagande allemande. Car, que la
Or, un pareil r'esultat, l’inoculation du principe r'evolutionnaire aux races slaves, aurait dans l’'etat actuel du monde des cons'equences incalculables. Car dans cette lutte supr^eme entre la Russie et la r'evolution, toutes deux puissances et principes en m^eme temps, il n’y avait jusqu’`a pr'esent de v'eritablement neutres que ces races… et il est 'evident que celle des deux puissances qui la premi`ere saura se les approprier, les rallier `a son drapeau, cette puissance-l`a, dis-je, aura les meilleures chances de faire d'ecider en sa faveur le grand proc`es qui se plaide devant nous…
Et que serait-ce donc, si, par impossible, nous-m^emes, nous 'etions devenus assez 'etrangers au principe historique de la Russie, si nous-m^emes, nous 'etions assez tra^itres envers notre propre cause, pour ne plus comprendre, pour ne plus sentir l’intime, l’inexorable solidarit'e qui lie les destin'ees de ces races `a celles de la Russie, — si nous 'etions arriv'es `a ne plus comprendre les droits imprescriptibles qu’elles ont sur nous et nous sur elles, et assez faibles, pour ne pas les faire valoir hautement et r'esolument, quand le moment en serait venu? — Savez-vous, Monsieur, ce qui en r'esulterait?.. C’est que nous aurions non pas conserv'e ces races `a une Autriche plus que probl'ematique, mais que nous les aurions de nos propres mains livr'ees `a la r'evolution. D`es ce moment notre suicide aurait commenc'e, et le triomphe de l’ennemi, son triomphe d'efinitif et irr'evocable, ne serait plus qu’une question de temps.
Mais je ne puis finir cette lettre sans vous remercier encore une fois de tout le plaisir que m’a fait la lecture de votre m'emoire. Puisse-t-il ^etre m'edit'e et appr'eci'e comme il le m'erite.
3 d'ecembre 1849
Милостивый государь,
Я прочел вашу записку*
с чувством огромного удовлетворения, дерзну сказать, с чувством самоудовлетворения. Ибо нашел в ней блестящее подтверждение всем своим мыслям об Австрии, т. е. всем своим предположениям и догадкам, так как для того, чтобы о чем-то судить, нужно видеть это воочию. В отсутствии же предмета его можно только представлять. В вашей записке содержатся золотые слова, даже о нас.Но знаете ли, в каком впечатлении она утвердила меня касательно Австрии? Что эта страна решительно и неотвратимо движется к революции, и по очень простой причине: Австрия, в целях самосохранения, пусть сиюминутного, вынуждена более, чем когда-либо, онемечиваться. А ведь, да простят меня те, кого это обстоятельство сильно раздражает, немецкая цивилизация, немецкая мысль, немецкое сознание —
Но если революция является всемогущим фактором распада даже для государства столь монолитно однородного, как, например, Франция, что же станется с империей, подобной Австрии? Очевидно, ее ожидает скоротечная сухотка. Никто еще не показал этого так ясно, как вы в своей записке.