Quoique tes sourcils m'echantsTe donnent un air 'etrangeQui n'est pas celui d'un ange,Sorci`ere aux yeux all'echants,Je t'adore, ^o ma frivole,Ma terrible passion!Avec la d'evotionDu pr^etre pour son idole.Le d'esert et la for^etEmbaument tes tresses rudes,Ta t^ete a les attitudesDe l''enigme et du secret.Sur ta chair le parfum r^odeComme autour d'un encensoir;Tu charmes comme le soir,Nymphe t'en'ebreuse et chaude.Ah! Les philtres les plus fortsNe valent pas ta paresse,Et tu connais la caresseQui fait revivre les morts!Tes hanches sont amoureusesDe ton dos et de tes seins,Et tu ravis les coussinsPar tes poses langoureuses.Quelquefois, pour apaiserTa rage myst'erieuse,Tu prodigues, s'erieuse,La morsure et le baiser;Tu me d'echires, ma brune,Avec un rire moqueur,Et puis tu mets sur mon coeurTon oeil doux comme la lune.Sous tes souliers de satin,Sous tes charmants pieds de soie,Moi, je mets ma grande joie,Mon g'enie et mon destin,Mon ^ame par toi gu'erie,Par toi, lumi`ere et couleur!Explosion de chaleurDans ma noire Sib'erie!
Imaginez Diane en galant 'equipage,Parcourant les for^ets ou battant les halliers,Cheveux et gorge au vent, s'enivrant de tapage,Superbe et d'efiant les meilleurs cavaliers!Avez-vous vu Th'eroigne, amante du carnage,Excitant `a l'assaut un peuple sans souliers,La joue et oeil en feu, jouant son personnage,Et montant, sabre au poing, les royaux escaliers?Telle la Sisina! Mais la douce guerri`ere`A l'^ame charitable autant que meurtri`ere;Son courage, affol'e de poudre et de tambours,Devant les suppliants sait mettre bas les armes,Et son coeur, ravag'e par la flamme, a toujours,Pour qui s'en montre digne, un r'eservoir de larmes.