Читаем Abzalon полностью

« Pas étonnant qu’ils l’aient construit dans le ciel de Vox. Il lui aurait fallu une puissance phénoménale pour s’arracher à la pesanteur d’une planète. »

Les quatre hommes n’eurent qu’une centaine de mètres à parcourir pour déboucher devant les portes circulaires des sas qui, sur le croquis de Torzill, se situaient en haut du cercle, à l’extrémité d’un chemin tournant plusieurs fois autour du carré central avant de traverser le labyrinthe. D’après Elaïm, elles donnaient sur les salles des machines et, au-delà, peut-être sur une autre partie du vaisseau. Il avait testé des prototypes estersat dont les moteurs étaient ainsi placés au centre de la coque afin de faciliter les décollages et les manœuvres dans l’espace. La compagnie Invostex & Cie, qui, depuis la défaite des satellites, exerçait le monopole absolu des voyages entre Ester et le Voxion, n’avait jamais encore utilisé ce type d’engin en configuration commerciale, mais elle avait procédé à de nombreux essais dans un cirque de Xion, auxquels Elaïm, en tant que pilote confirmé, avait participé.

Aucun hublot ne se découpait sur les portes, séparées les unes des autres par un intervalle de quinze mètres. Les faisceaux croisés de projecteurs révélaient les niches qui renfermaient le clavier et les divers instruments de commande des serrures. Le gris omniprésent, uniforme, était ce qu’Abzalon détestait le plus dans sa nouvelle existence. Les couleurs d’Ester, de Vrana en particulier, lui manquaient, le bleu du ciel, les ors de l’A, le noir des montagnes, le blanc des murs, le bleu ou le mauve des toits, le vert des arbres, l’ocre du bitume, l’indigo de la nuit, l’argent de Vox et de Xion, l’orangé des autowags aériens… Il avait l’impression de perdre peu à peu sa mémoire visuelle. Il essayait de l’entretenir en observant les yeux, les cheveux, les taches lie-de-vin, les pigmentations des autres deks, mais il lui semblait que tous se fondaient peu à peu dans un univers incolore, se recouvraient d’un vernis de neutralité. Il traversait des périodes de mélancolie de plus en plus longues pendant lesquelles il se retirait dans un coin sombre du labyrinthe et s’abandonnait à sa tristesse. La structure neutre, froide, de L’Estérion ne prédisposait à aucune relation intime, sensuelle, maternelle, comme avaient su tisser le foisonnement généreux de Vrana et le bubon architectural de Dœq.

« Par laquelle des trois on commence ? demanda le Taiseur.

— Comme on ne sait pas sur quoi elles donnent, il n’y a qu’à essayer la première, répondit Elaïm.

— On ne risque rien à l’ouvrir ?

— Je suppose qu’elle débouche sur un sas de transition, puis sur d’autres sas intermédiaires.

— Et si on reste coincés de l’autre côté ? »

Elaïm haussa les épaules.

« Toute aventure comporte sa part de risque, mais en général une porte s’ouvre dans les deux sens. »

L’ancien pilote leur montra comment enfiler les combinaisons, comment les fermer de manière à assurer une étanchéité parfaite, comment placer les oreillettes de l’intercom dans les conduits auditifs. Il leur désigna le micro, une petite pastille noire sertie sous le hublot qui, comme le diffuseur d’oxygène, serait automatiquement connectée dès qu’ils auraient verrouillé la dernière attache extérieure.

« Crier ne servirait qu’à gaspiller de l’oxygène. Un simple murmure suffira : l’intercom amplifie le son.

— Par quoi est-ce qu’il est alimenté ? s’enquit le Taiseur.

— Minipile à fusion insérée dans la doublure. C’est elle qui assure également la diffusion régulière de l’oxygène et l’expulsion du gaz carbonique. Elle a une énergie pratiquement inépuisable. Si quelqu’un en a marre d’être connecté aux autres, il lui suffit d’appuyer sur le micro de la pointe de la langue pour désactiver l’intercom. Idem s’il veut ensuite se reconnecter. Mais je vous conseille de vous abstenir de ce petit jeu.

— Quand pourrons-nous quitter nos grenouillères ?

— Je vous le dirai. »

Ils enfilèrent leur combinaison par-dessus leur chemise et leur pantalon.

« Fais attention, grand », dit Lœllo à Abzalon.

À peine eut-il prononcé ces paroles que son antenne détecta une présence. Il poussa une exclamation de surprise : il n’avait pas ressenti ce genre de sensation depuis son embarquement et il en avait conclu que son don l’avait abandonné. La perception n’était pas assez nette pour lui permettre de savoir s’il y avait un ou plusieurs hommes, quelles étaient leurs intentions, mais il ne faisait aucun doute qu’ils se tenaient quelque part de l’autre côté de la porte du sas.

« Pourquoi t’as crié ? demanda Abzalon, suspendant ses gestes.

— Y a du monde par là, répondit le Xartien.

— Combien ?

— C’est pas clair, juste une impression.

— Qu’est-ce que c’est que ces conneries ? » s’impatienta Elaïm.

Abzalon lui lança un regard mauvais.

« Lœllo est capable de voir à distance, lâcha-t-il d’un ton irrité.

— Foutaises de bonnes femmes ! répliqua l’ancien pilote. Moi je ne crois que ce que je vois. »

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