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— Je suis d’accord, dit Elaïm. Allons au moins jeter un coup d’œil de l’autre côté des sas. Ensuite nous aviserons.

— Personne ne sera prévenu s’il nous arrive quelque chose, objecta Lœllo.

— Juste, admit le Taiseur. Puisque tu es si soucieux de légalité, tu n’auras qu’à nous attendre devant les portes des sas. Si nous ne sommes pas revenus avant le troisième repas, donne l’alerte aux autres.

— Qu’est-ce que t’en penses, Ab ? »

Abzalon s’éventait avec un pan de sa chemise ouverte. Les crevasses sur son torse semblaient s’être approfondies maintenant qu’elles étaient nettoyées de leur crasse. Pas facile de toucher le cœur sous une écorce aussi dure, aussi blessante. Seul Lœllo y était parvenu, personne, pas même le principal intéressé, ne savait pourquoi.

« J’vais avec eux, répondit Abzalon. Mieux vaut que tu restes en arrière. On sait pas ce qui nous attend de l’autre côté.

— Attendez avant d’enfiler vos grenouillères, dit Elaïm. Pas la peine de gaspiller l’oxygène… »

Lœllo les accompagna jusqu’aux portes des sas, d’énormes panneaux ronds fermés par une serrure complexe mais entièrement mécanique, qui ne requérait donc pas d’empreinte cellulaire ou d’autre forme d’identification. Ils durent, avant d’arriver jusque-là, retourner sur leurs pas et franchir une section du labyrinthe. Chaque sortie des quartiers des deks donnait sur cet inextricable enchevêtrement de coursives, d’escaliers, de portes et de puits.

« Une marotte de mentalistes, avait soupiré le Taiseur en découvrant le dédale et en s’y perdant (il avait fallu plus de quatre heures à dix hommes pour le retrouver). Ils nous prennent pour des rondats de laboratoire ! »

Il surnommait l’ensemble la « triple perte », perte de temps, perte d’énergie, perte d’espace. Lœllo et Abzalon avaient été les premiers à découvrir les portes des sas. Ils avaient balisé le parcours en gravant les signes convenus sur les cloisons à l’aide d’un fragment pointu récupéré dans les débris d’un plateau-repas qu’un dek en proie à une crise de nerfs avait fracassé sur une couchette. Les cercles indiquaient les bons passages, les triangles désignaient les coursives et les escaliers qui ne donnaient sur nulle part – les plus nombreux –, les traits signalaient la présence probable de RS. On avait tracé ainsi plusieurs chemins dans cette jungle métallique et par endroits plongée dans une obscurité totale. Les uns conduisaient à la paroi intérieure du fuselage, des feuilles concaves, noires, assemblées entre elles par d’énormes rivets et recouvertes d’une épaisse couche d’une matière molle, transparente, isolante, qu’Elaïm appelait la « spruine ».

« Doit encore y avoir sept ou huit sandwiches de métal et de spruine jusqu’au fuselage, avait précisé l’ancien pilote. Séparés les uns des autres par des couches de vide. Je suppose que le vaisseau est équipé de détecteurs et de destructeurs de météorites, mais, si d’aventure l’une de ces saloperies parvenait à leur échapper, elle ne réussirait pas à franchir le bouclier magnétic. Du moins espérons-le, parce que sinon… »

Les autres chemins menaient soit aux pièces condamnées que les deks avaient décidé de visiter de manière systématique, soit à des tubascences dont ils n’avaient pas encore réussi à enclencher les mécanismes, soit encore à d’immenses salles parsemées de reliefs alvéolaires. Un Vranasi du nom de Torzill, un ancien architecte cloué sur sa couchette par une attaque de paralysie, s’était chargé de reconstituer le schéma de L’Estérion à partir des descriptions des détenus et de ses propres estimations. Son croquis, exécuté sur un drap tendu avec des pointes de fourchette trempées dans un liquide noir de sa composition, représentait un cercle approximatif avec, au centre, un carré constitué de vingt traits qui matérialisaient les quartiers. Des lignes sinueuses partaient des différents niveaux, figurant les chemins du labyrinthe, rejoignant la circonférence du cercle ou d’autres formes géométriques qui symbolisaient les salles aux alvéoles, les locaux condamnés ou les tubascences. Selon son échelle, le diamètre du cercle mesurait environ huit cents mètres, les côtés du carré deux cents mètres, et le dédale, par simple soustraction, six cents mètres de profondeur.

« Se sont pas foutus de notre gueule ! s’était exclamé Elaïm. Un engin de près d’un kilomètre de diamètre pour cinq mille passagers. Quand je pense qu’on en fourrait trois ou quatre cents dans des navettes de trente mètres de long ! »

La hauteur de l’ensemble était estimée à deux cents mètres, sûrement plus, selon Torzill : il fallait bien mettre quelque part les moteurs, les caissons à huile, les générateurs d’oxygène, les filtres carboniques, les émulseurs et les épurateurs d’eau, les salles de congélation, les stocks de nourriture, les réserves de matériel, les chariots, les fours automatiques, les aspirateurs, les ventilateurs, les tuyaux d’évacuation, les rails, les tuyères, les locaux de maintenance, la salle de pilotage et bien d’autres choses encore.

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