Читаем Avé, Christ полностью

Alors, tu n'es pas heureuse ? Les promesses d'une vie nouvelle ne te réjouissent- elles pas ?

Mais Livia, qui était plongée dans d'amères réflexions, a répondu, triste :

Si ce n'était la mort de mon père, je serais contente... De plus, je me vois infirme et anéantie...

Mais, Mon Seigneur Teodul a laissé entendre que l'ancien employeur de la villa Veturius et sa miette Blandine, sont tes amis.

Oui, je sais, mais la femme de Tatien semble nous détester, Mon Seigneur Teodul sait cela.

Elle a tendu ses mains en avant comme si elle errait parmi les ombres et a ajouté :

Pourquoi ne pas faire un peu de lumière ?

Nous avons besoin d'obscurité pour te libérer.

La malade s'est calmée mais passant sa main droite sur ses yeux enflés, elle s'est exclamée dans un douloureux aveu :

Ah ! Sinésia, tu es la seule personne avec laquelle je peux vivre dans cette réclusion!... Je suis chrétienne alors que tu t'attaches encore au culte des anciennes divinités... mais au fond nous sommes toutes deux des femmes avec des problèmes en commun ! La mort de mon père ouvre un vide en moi que rien sur terre ne pourra remplir ! Je suis seule au monde ! Seule ! Très tôt, je me suis habituée au chemin d'affliction ! Jamais je ne me suis rebellée contre les conceptions du ciel, mais maintenant, je me sens désorientée et malheureuse !... Quel péché ai-je commis pour que Dieu m'épargne ? Compatis de mon malheur ! J'ai peur de tout !...

L'inflexion avec laquelle ces paroles étaient prononcées a touché la sensibilité de la servante au plus profond d'elle-même.

Un vif remords l'a soudainement blessée...

Des larmes ont surgi de sa conscience. Elle aurait désiré sauver la jeune femme, la renvoyer au monde libre, ouvrir les portes de la prison la rendant à une destinée bénie, mais il était trop tard. Livia était aveugle. Jamais elle ne réussirait à changer la situation. Entre le groupe de Valérien et les amis de Climène, elle resterait liée à un danger imminent. Elle s'est donc limitée à pleurer confuse.

La jeune fille a entendu ses plaintes et s'est consolée. Elle a supposé que la gouvernante souffrait pour elle et cette idée a adouci sa torture intérieure. Elle ne se sentait plus aussi seule. Quelqu'un comprenait ses souffrances morales et partageait sa douleur.

Dans la soirée, Climène est apparue.

Elle a remis à Sinésia les vêtements de son usage personnel.

Et malgré les lourds remords qui l'affligeaient, la gouvernante gauloise a réanimé la jeune fille et s'est mise à la vêtir avec soins.

Quelques instants plus tard, toutes deux sont sorties sans le moindre souci.

Portant l'une des tuniques habituelles de Climène et étant aussi grande, Livia fut prise par les gardes de service pour la femme de Valérien en promenade.

Non loin, elles ont rejoint Teodul qui les attendait.

Sinésia, émue, a pris congé prétextant devoir retourner à son poste. Et avant que la jeune femme ne fasse des commentaires amers devant les adieux de sa compagne, l'intendant d'Opilius, très courtois, fit en sorte de dissiper les doutes qui pourraient troubler son esprit.

J'ai le plaisir de vous apporter les bonnes nouvelles dont j'ai été informé — a-t-il commenté avec délicatesse — ; notre ami Tatien dans l'impossibilité de se rendre à Lyon aussi rapidement qu'il l'aurait désiré, en raison d'une insidieuse maladie attrapée par sa fillette, demande votre présence réconfortante.

Et, loquace, il a suivi toutes les instructions d'Hélène expliquant qu'ils feraient un voyage en mer.

Tatien — répétait-il hypocritement —, de retour de la métropole, a vu Blandine tomber malade soudainement sans personne pour le soutenir car Hélène avait été à nouveau appelée à Rome pour prêter assistance à son père malade. Conseillé par un médecin de bord, le gendre de Veturius avait débarqué à mi-parcours du chemin d'où il avait envoyé un message les suppliant, elle et Basil, de venir à sa rencontre. Il insistait pour que le vieil accordeur soit accompagné de sa fille et tout naturellement, il ignorait que le philosophe était mort. Pour cela même, lui, Teodul, s'était mis à disposition pour l'accompagner...

Livia a écouté ces informations pressant son cœur de sa main droite tremblante.

Elle a réfléchi quelques instants, a tâté ses yeux maintenant terriblement enflammés et lui dit tristement :

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