Père aimé, ne m'abandonne pas !... Où que tu sois, pose ton généreux regard sur moi. . . Souviens-toi du jour où tu m'as accueillie dans la lande déserte et protège-moi, à nouveau, de ton affection ! Je suis répudiée une fois de plus... Je ne sais quel destin contraire pèse sur mon âme, même si je crois comme tu me l'as enseigné que Jésus au ciel veille sur nous ! Maintenant que je me sens abattue et aveugle, ne me laisse pas perdre la lumière intérieure de l'espoir et aide-moi à retrouver mon enthousiasme!... Combien de fois m'as-tu dit que la souffrance nous purifie et nous élève à Dieu ! Laisse-moi comprendre cette réalité avec plus de force pour que la douleur ne me jette pas dans le précipice de la révolte !... Tu me disais toujours que notre vie ne s'arrête pas avec la mort, que l'âme s'élève aux cimes de l'éternité où règne la paix ! Tu croyais que les défunts sont plus vivants que les hommes vêtus du linceul de la chair et admettais avec assurance que nos êtres aimés au-delà de la tombe, peuvent nous assister et nous protéger !... Comment t'oublier alors, toi qui fus tous les jours un ami et un bienfaiteur constant ! Comme je serais heureuse de pouvoir suivre tes pas ! Mais je n'ai pas pu jouir du privilège de mourir pour Jésus dans les tourments de l'arène. Mon père, pourquoi ne m'a-t-on pas accordé la grâce de partir avec les nôtres ? Pourquoi m'a-t-on séparée du destin de mes compagnes qui ont trouvé le salut par le martyre ? Compatis de moi ! Explique-moi la vie comme dans le passé !... Guide mes pas dans ce labyrinthe ! Rappelle-toi que je ne suis qu'une enfant dans l'obscurité de la jungle humaine et sois mon protecteur à nouveau ! On m'a amenée jusqu'ici avec la promesse de retrouver nos amis qui sont je ne sais où ! Je ne serrerai certainement plus leurs mains en ce monde. Sur terre, la séparation est toujours plus froide vu les obstacles qui éloignent notre vision des personnes aimées mais dans la vie spirituelle, le cœur doit avoir d'autres recours pour fortifier l'amour et le secourir !
Livia aurait voulu crier, clamer au ciel, les paroles qui lui venaient à l'esprit supposant peut-être que le vent les emporterait, mais l'agitation des piétons lui imposait la prudence...
Elle continuait, donc, de pleurer en priant, mais soudain comme dans un rêve miraculeux, elle vit se dessiner un chemin lumineux dans les ténèbres dans lesquels étaient plongés ses yeux et sur cette voie fulgurante, elle reconnut Basil qui avançait à sa rencontre.
En extase, elle a essayé de prononcer son nom à haute voix, ivre de joie, mais l'inattendue allégresse semblait lui avoir paralysé les cordes vocales.
Le vieil ami enveloppé d'une clarté indicible qui le rajeunissait, s'est approché, a mis sa main droite sur son épaule comme dans
Ma fille, les disciples de Jésus, tout comme lui, connaissent la solitude mais jamais l'abandon ! Ne déplore pas le brouillard où le ciel te met à l'épreuve !... Dans les nuits les plus sombres, il y a plus de lueur dans les étoiles... Nos espoirs brillent d'une plus grande intensité à l'hiver des grandes souffrances. Reprends courage et crois au pouvoir sublime de Notre Père.
L'esprit de Basil marqua une légère pause, lui caressa sa chevelure décoiffée par le souffle du vent et continua :