Читаем Avé, Christ полностью

Vénérables frères, j'admets que nous n'avons pas le droit d'interférer dans la décision de ceux qui cherchent la solitude, cependant, je crois que nous ne devons pas stimuler un mouvement que nous pouvons considérer comme une désertion. Nous sommes face à une guerre d'idées. Le premier légionnaire qui ait été offert en holocauste pour la libération de l'esprit humain, ce fut le Maitre lui-même notre Commandant divin. Depuis la croix du Calvaire, nos compagnons, en un vaste mouvement de valeureux témoignages, souffrent le martyre de la foi vivante. Il y a bientôt deux cents ans que nous sommes jetés en pâture aux fauves tels des objets méprisables servant d'attraction publique. Des hommes et des femmes, des vieux et des enfants ont été emprisonnés et jetés aux arènes, attachés et brûlés sur des bûchers, révélant tout l'héroïsme de notre foi en un monde meilleur. Ce ne serait pas licite de trahir leur mémoire. Les adversaires de notre cause considèrent que nous sommes indifférents à la vie car ils ignorent la leçon du Bienfaiteur céleste qui nous a indiqué le service de la fraternité au sein du véritable bien et de la joie parfaite. Oui, il est urgent que nous ne nous éloignions pas du travail et de la lutte. Il est des constructions au plan de l'esprit, comme il en existe au plan de la matière. La victoire du christianisme avec la libre manifestation de la pensée, est l'œuvre qu'il nous appartient de concrétiser.

Il y eut une courte interruption dans la conversation interrompue par la voix d'Ennio :

Pour ce qui est du travail, notre position n'est pas des meilleures. De nombreuses familles, pressentant les persécutions, en arrivent à dispenser les employés chrétiens. Encore hier les ateliers de Poponius ont renvoyé dix de nos compagnons.

Mais nous avons le droit de mendier pour l'église et l'église doit les soutenir — fit observer Galien, attentif.

Corvinus, néanmoins, réagit fermement :

Oui, nous avons le droit de mendier. Mais c'est aussi le droit du mendiant. Nous ne pouvons, semble-t-il, oublier la production de bénéfices pour le monde. Nous avons des terres disponibles sous la responsabilité de nombreux frères. La charrue ne ment pas. Les grains répondent fidèlement à nos efforts. Nous pouvons travailler. Nous ne devons pas faire appel au concours des autres, si ce n'est dans des conditions très spéciales. Il ne serait pas souhaitable de maintenir la communauté improductive. Les têtes vides sont le refuge des tentations. Je crois en notre capacité d'assister tout le monde à travers des efforts bien orientés. Le travail quotidien est le recourt dont nous disposons pour témoigner de l'accomplissement de nos devoirs, devant ceux qui nous accompagnent de près, et le travail spontané pour le bien est le moyen que le Seigneur a placé à notre portée afin que nous servions l'humanité, grandissant ainsi avec elle pour la gloire divine.

L'orateur n'avait pas encore fini, quand la porte s'est entrouverte et un compagnon a annoncé :

Frère Corvinus, la sœur Pontimiane supplie votre présence.

Le prêtre s'est excusé auprès de ses confrères et s'est retiré.

Sur la pauvre place qui menait au temple qui commençait à peine à être érigé, une femme respectable l'attendait.

C'était la gardienne de la propriété agricole d'Opilius Veturius.

Bien que contrariant son mari, elle était devenue une amie fidèle de l'église en écoutant Corvinus qui l'a soutenait, pas à pas, dans son renouvellement spirituel.

Malgré son âge avancé, Pontimiane révélait une extrême acuité dans son regard lucide qui reflétait toujours la bonté cristalline de son âme.

Si souvent assistée par le prêtre, elle était devenue une précieuse sœur pour lui et lui dévouait une estime sincère.

Souriante, elle l'a salué et le tint bientôt informé :

— Tatien, le garçon, un jeune homme maintenant, que vous avez connu à Rome, est arrivé aujourd'hui.

S'agissant de quelqu'un dont le destin vous a toujours intéressé, je suis venue vous apporter des nouvelles.

Le visage du religieux s'est couvert d'une extrême pâleur.

Enfin, il allait revoir son fils bienaimé. Presque vingt ans s'étaient écoulés.

Constamment, il l'avait cherché dans le visage des orphelins et avait trouvé son affection dans le cœur des enfants sans foyer qui venaient le voir, tremblant de froid. Dans toutes ses prières au Seigneur, il se rappelait son nom, au fond de son âme. Selon les leçons de l'apôtre qui consolidaient sa foi, il s'était consacré au travail de la terre. Loin du monde marin, il avait renoncé à sa vocation de commandement, sa voix s'était adoucie et il avait appris à obéir. Prenant le vieux Corvinus comme modèle rénovateur, il partageait son existence entre le sanctuaire et le service commun. Il n'était pas seulement devenu célèbre à Lyon pour son abnégation pour les malades à qui il se consacrait, les guérissant et les ranimant par la prière, mais aussi pour la profonde tendresse avec laquelle il s'engageait dans la protection de l'enfance.

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