Il est essentiel que nous nous souvenions du texte évangélique pour que nous considérions le fait que le Maître poursuit la tâche dans un effort incessant et convoque des coopérateurs dévoués à la collaboration nécessaire. Bien évidemment, il ne Confie pas de tâches d'une importance fondamentale à des Esprits inexpérimentés ou ignorants, mais il est impératif de reconnaître le nombre réduit de ceux qui ne s'endorment pas dans le monde, alors que Jésus attend des résultats à la hauteur de la tâche qui leur a été confiée.
Oubliant la mission dont ils sont porteurs, ils ne pensent qu'à mettre leurs désirs à exécution lorsqu'ils se rendent compte de la vitesse des jours qui passent dans le corps physique. Ils oublient que la vie est éternelle et que symboliquement l'existence terrestre ne dure « qu'une heure ». Dans de telles circonstances, lorsque les travailleurs distraits s'éveillent à la réalité spirituelle, ils pleurent sous le coup de la conscience et désirent ardemment retrouver la paix du Sauveur, mais les paroles adressées à Pierre leur résonnent à l'oreille : Vous n'avez donc pu veiller une heure avec moi !
En vérité, nous ne pouvons rester en compagnie du Christ, ne serait-ce qu'une heure, comment pouvons-nous prétendre à l'union divine pour l'éternité ?
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L'échec de Pierre
Les échecs, comme tout succès, ont certaines causes positives.
Dans les communautés chrétiennes, la négation de Pierre est toujours un sujet d'intérêt palpitant.
La chute morale du généreux ami du Maître s'insérerait-elle dans une sorte de fatalité ? Pourquoi Simon aurait-il refusé
de coopérer avec le Seigneur dans des moments aussi difficiles ?Dans ce cas particulier, c'est à son manque de vigilance qu'il faut se rapporter.
L'échec de l'aimant pêcheur réside dans son inattention relative aux avertissements reçus.
De nos jours, un grand nombre de disciples partagent le même type de négation, du fait de leur négligence.
L'Évangile dit qu'à l'heure des travaux suprêmes, Simon Pierre suivait le Maître « de loin », il était resté dans la « cour du souverain sacrificateur », et « il s'était assis avec les serviteurs » pour « voir la fin ».
Une lecture attentive du texte éclaire notre compréhension et nous reconnaissons que, de nos jours encore, de nombreux amis de l'Évangile ne peuvent s'empêcher de céder à leurs aspirations et à leurs espoirs d'accompagner le Christ à distance, craignant de perdre des avantages immédiats. Lorsqu'ils sont appelés au témoignage important, ils s'attardent dans le voisinage de l'arène des luttes rédemptrices parmi les serviteurs des conventions pratiques, ajustent leurs lunettes pour voir comment se termineront les tâches des autres.
Naturellement, tous les apprentis, qui se trouvent dans de telles conditions, échoueront et pleureront amèrement.
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Aspiration au bien
II est intéressant d'observer l'optimisme du Maître qui prodigua des occasions au bien jusqu'à la fin de sa glorieuse mission de vérité et d'amour auprès des hommes.
Le Christ, qui avait été informé de la faute de Judas, commenta avec amour, lors de la dernière réunion qui eut lieu dans une plus grande intimité avec les disciples, le fait qu'il n'avait pas le moindre doute quant aux supplices qui l'attendaient. Même ainsi, lorsque le coopérateur égaré s'approcha, il l'embrassa sur la joue, l'identifiant de la sorte aux bourreaux. Avec une sublime sérénité, le Maître reçut affectueusement son salut et lui demanda : Mon ami, qu'es-tu venu faire ici ?
Jusqu'au dernier instant, son cœur miséricordieux fournissait au disciple inquiet l'occasion de faire le bien.
Même s'il remarqua que Judas était accompagné des gardes qui allaient l'arrêter, il lui donna le titre d'ami. Il ne lui retira pas sa confiance de la toute première minute, ne le maudit pas, ne se livra pas à des plaintes inutiles, ne le recommanda pas à la postérité avec des accusations ou des propos indignes.
À travers ce geste d'une inoubliable beauté spirituelle, Jésus nous enseigne qu'il faut offrir des ouvertures au bien, jusqu'à la dernière heure des expériences terrestres, même si à l'issue de cette ultime opportunité, il ne reste que le chemin du martyre ou celui qui mène à la croix des témoignages suprêmes.
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Champ du sang
Désorienté par les terribles conséquences de son irréflexion, Judas alla voir les prêtres et leur restitua les trente pièces de monnaie en les jetant, au hasard, dans l'enceinte du Temple.