Читаем Citadelle полностью

Me vint donc la notion de pillage à quoi j'avais toujours pensé mais sans que Dieu m'eût éclairé sur elle. Et certes je savais qu'est pillard celui-là qui brise le style en profondeur pour en tirer des effets qui le servent, effets louables en soi car il est du style de te les permettre, lequel est fondé pour que les hommes y puissent charrier leurs mouvements intérieurs. Mais il se trouve que tu brises ton véhicule sous prétexte de véhiculer, à la façon de celui-là qui tue son âne par des charges qu'il ne saurait supporter. Alors que par des charges bien mesurées tu l'exerces au travail et qu'il travaillera d'autant mieux qu'il travaille déjà. Donc celui qui écrit contre les règles je l'expulse. Qu'il se débrouille pour s'exprimer selon les règles car alors seulement il fonde les règles.

Or il se trouve que l'exercice de la liberté, quand elle est liberté de la beauté de l'homme, est pillage comme d'une réserve. Et certes ne sert de rien une réserve qui dort et une beauté due à la qualité de la matrice mais que tu ne sortiras jamais du moule pour l'exposer à la lumière. Il est beau de fonder des greniers où s'engrangent les graines. Ils n'ont de sens pourtant que si ces graines tu les y puises pour les disperser en hiver. Et le sens du grenier c'est le contraire du grenier qui est ce lieu-là où tu fais rentrer. Il devient le lieu dont tu fais sortir. Mais un langage maladroit est seul cause de la contradiction, car entrer ou sortir sont mots qui se tirent la langue quand il s'agissait simplement de dire non: «Ce grenier est lieu où je fais rentrer» à quoi cet autre logicien te répondra avec raison: «C'est le lieu dont je fais sortir», quand tu dominais leur vent de paroles, absorbais leurs contradictions et fondais la signification du grenier en le disant escale des graines.

Aussi ma liberté n'est que l'usage des fruits de ma contrainte, qui a seul pouvoir de fonder quelque chose qui mérite d'être délivré. Et celui-là que je vois libre dans les supplices puisqu'il refuse d'abjurer, et puisqu'il résiste en soi-même aux ordres du tyran et de ses bourreaux, celui-là, je le dis libre, et l'autre qui résiste aux passions vulgaires je le dis libre aussi, car je ne puis juger comme libre celui qui se fait l'esclave de toute sollicitation quand bien même ils appellent liberté, la liberté de se faire esclaves.


Car si je fonde l'homme, je délivre de lui des démarches d'homme, si je fonde le poète je délivre des poèmes, et si je fais de toi un archange je délivre des paroles ailées et des pas sûrs comme d'un danseur.


CII


Je me méfie de celui qui tend à juger d'un point de vue. Comme de celui-là qui, se trouvant ambassadeur d'une grande cause, s'y étant soumis, se fait aveugle.

S'agit de réveiller en lui l'homme, quand je parle. Mais je me méfie de son audience. Elle sera d'abord habileté, ruse de guerre, et il digérera ma vérité pour la soumettre à son empire. Et comment lui reprocherais-je cette démarche quand sa grandeur naissait de celle de sa cause?

Celui-là qui m'entend et avec qui je communique de plain-pied et qui ne digère point ma vérité pour en faire la sienne et s'en servir au besoin contre moi, celui-là que je dis parfaitement éclairé, c'est en général qu'il ne travaille point, n'agit point, ne lutte point, et ne résout point de problème. Il est quelque part, lampion inutile luisant pour soi-même et pour le luxe, fleur la plus délicate de l'empire, mais stérile d'être trop pure.

Alors se pose le problème de mes rapports et de mes communications et de la passerelle entre cet ambassadeur d'une cause autre que la mienne, et moi-même. Et du sens de notre langage.

Car il n'est de communication qu'à travers le dieu qui se montre. Et de même que je ne communique avec mon soldat qu'à travers le visage de l'empire qui est pour l'un et l'autre signification, de même celui qui aime ne communique à travers les murs qu'avec celle-là qui est de sa maison et qu'il lui est donné d'aimer bien qu'absente et bien qu'endormie. S'il s'agit de l'ambassadeur d'une cause étrangère et si je prétends avec lui jouer plus haut qu'au jeu d'échecs et rencontrer l'homme à cet étage où la rouerie se trouve dominée et où, même si nous nous étreignons dans la guerre nous nous estimons et respirons en présence l'un de l'autre comme de ce chef qui régnait à l'est de l'empire et qui fut l'ennemi bien-aimé, je ne l'aborderai qu'à travers l'image nouvelle, laquelle sera notre commune mesure.

Et s'il croit en Dieu, et moi de même, et s'il soumet son peuple à Dieu, et moi le mien, nous nous abordons à égalité sous la tente de trêve dans le désert, maintenant au loin nos troupes à genoux, et nous pouvons, nous rejoignant en Dieu, prier ensemble.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Айза
Айза

Опаленный солнцем негостеприимный остров Лансароте был домом для многих поколений отчаянных моряков из семьи Пердомо, пока на свет не появилась Айза, наделенная даром укрощать животных, призывать рыб, усмирять боль и утешать умерших. Ее таинственная сила стала для жителей острова благословением, а поразительная красота — проклятием.Спасая честь Айзы, ее брат убивает сына самого влиятельного человека на острове. Ослепленный горем отец жаждет крови, и семья Пердомо спасается бегством. Им предстоит пересечь океан и обрести новую родину в Венесуэле, в бескрайних степях-льянос.Однако Айзу по-прежнему преследует злой рок, из-за нее вновь гибнут люди, и семья вновь вынуждена бежать.«Айза» — очередная книга цикла «Океан», непредсказуемого и завораживающего, как сама морская стихия. История семьи Пердомо, рассказанная одним из самых популярных в мире испаноязычных авторов, уже покорила сердца миллионов. Теперь омытый штормами мир Альберто Васкеса-Фигероа открывается и для российского читателя.

Альберто Васкес-Фигероа

Проза / Современная русская и зарубежная проза / Современная проза