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Car dans ta liberté tu heurtes le voisin et il te heurte. Et l'état de repos que tu trouves c'est l'état de billes mêlées quand elles ont cessé de se mouvoir. La liberté ainsi mène à l'égalité et l'égalité mène à l'équilibre qui est la mort. N'est-il pas préférable que la vie te gouverne et que tu te heurtes comme à des obstacles aux lignes de force de l'arbre qui vient? Car la seule contrainte qui te brime et qu'il importe que tu haïsses se montre dans la hargne de ton voisin, la jalousie de ton égal, l'égalité avec la brute. Elles t'engloutiront dans la tourbe morte, mais si stupide est le vent des paroles que vous parlez de tyrannie si vous êtes ascension d'un arbre.

Donc vinrent les temps où la liberté ne fut plus la liberté de la beauté de l'homme mais expression de la masse, l'homme nécessairement s'y étant fondu, laquelle masse n'est point libre car elle n'a point de direction mais pèse simplement et demeure assise. Ce qui n'empêchait pas que l'on dénommât liberté cette liberté de croupir et justice ce croupissement.

Vint le temps où le mot liberté, qui singeait encore l'appel d'un clairon, se vida de son pathétique, les hommes rêvant confusément d'un clairon neuf qui les eût réveillés et les eût contraints de bâtir.

Car seul est beau le chant du clairon qui t'arrache au sommeil.


Mais la contrainte valable est exclusivement celle qui te soumet au temple selon ta signification, car ne sont point libres les pierres où bon leur semble, ou alors il n'est rien à quoi elles donnent et dont elles reçoivent signification. Elle est de te soumettre au clairon quand il soulève et fait surgir de toi plus grand que toi. Et ceux-là qui mouraient pour la liberté quand elle était visage d'eux-mêmes plus grand qu'eux et démarche pour leur propre beauté, s'étant soumis à cette beauté, acceptaient des contraintes, et se levaient la nuit à l'appel du clairon, non libres de continuer de dormir ni de caresser leurs femmes, mais gouvernés, et peu m'importe de connaître, puisque te voilà obligé, si le gendarme est au-dedans ou au-dehors.

Et s'il est au-dedans je sais qu'il fut d'abord dehors, de même que ton sens de l'honneur vient de ce que la rigueur de ton père t'a fait pousser d'abord selon l'honneur.

Et si par contrainte j'entends le contraire de la licence, laquelle est de tricher, je ne souhaite point qu'elle soit l'effet de ma police, car j'ai observé, en me promenant, dans le silence de mon amour ces enfants dont je te parlais, soumis aux règles de leur jeu, et ne trichant point sans honte. Et c'est qu'ils connaissaient le visage du jeu. Et je dis visage ce qui naît d'un jeu. Leur ferveur, leur plaisir des problèmes dénoués, leur jeune audace, un ensemble dont le goût est de ce jeu-là et non d'un autre, un certain dieu qui les fait ainsi devenir, car nul jeu ne te pétrit de même, et tu changes de jeu pour te changer. Mais si te voilà qui t'observes grand et noble dans ce jeu-là, tu découvres, s'il t'arrive de tricher, que précisément tu détruis ce pour quoi tu jouais. Cette grandeur et cette noblesse. Et te voilà contraint par l'amour d'un visage.


Car le gendarme, ce qu'il fonde, c'est ta ressemblance avec l'autre. Comment verrait-il plus haut? L'ordre pour lui c'est l'ordre du musée où l'on aligne. Mais je ne fonde pas l'unité de l'empire sur ce que tu ressembles à ton voisin. Mais sur ce que ton voisin et toi-même, comme la colonne et la statue dans le temple, se fondent dans l'empire, lequel seul est un.

Ma contrainte est cérémonial de l'amour.


XCVIII


Si ton amour n'a point l'espoir d'être reçu, tu dois le taire. Il peut couver en toi s'il est silence. Car il crée une direction dans le monde et toute direction t'augmente qui te permet de t'approcher, de t'éloigner, d'entrer, de sortir, de trouver, de perdre. Car tu es celui qui doit vivre. Et il n'est point de vie si nul dieu pour toi n'a créé de lignes de force.

Si ton amour n'est point reçu et qu'il devient vaine supplication comme de récompense à ta fidélité, et qu'il n'est point de ta force d'âme de te taire, alors, s'il est un médecin fais-toi guérir. Car il ne faut point confondre l'amour avec l'esclavage du cœur. L'amour qui prie est beau, mais celui qui supplie est d'un valet.

Si ton amour se heurte à l'absolu des choses comme d'avoir à franchir l'impénétrable mur d'un monastère ou de l'exil, alors remercie Dieu si celle-là t'aime en retour, bien qu'en apparence sourde et aveugle. Car il est une veilleuse allumée pour toi dans le monde. Et peu m'importe que tu ne puisses t'en servir. Car celui-là qui meurt dans le désert est riche d'une maison lointaine, bien qu'il meure.

Car si je bâtis de grandes âmes et que je choisisse la plus parfaite pour la murer dans le silence, nul, te semble-t-il, n'en reçoit rien. Et cependant voici qu'elle ennoblit tout mon empire. Quiconque passe au loin se prosterne. Et naissent les signes et les miracles.

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