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Et j'ai songé sur l'absolu et le difficile que la pyramide ne descende pas de Dieu vers les hommes. Car tu prends le chef de l'empire: s'il est absolument le chef tu l'acceptes comme nécessité naturelle, de même que si tu veux te rendre de la salle du Conseil à la salle du repos dans l'épaisseur du palais de mon père, tu empruntes cet escalier et non un autre, pousses cette porte et non une autre, et comment regretterais-tu de ne point choisir un autre chemin puisqu'il ne s'en présente aucun à ton esprit? Et de même qu'il n'y a point soumission, lâcheté ou bassesse à te résoudre à ce circuit et que tu le parcours dans la liberté de ta démarche, ainsi n'y a-t-il point soumission, lâcheté ou bassesse à te soumettre à l'autorité du chef de l'empire, laquelle est, simplement, hors de l'arbitraire, comme absolue. Mais si tu te trouves être après lui le premier dans l'empire, et s'il se trouve que sa puissance sur toi ne soit point cadre nécessaire, mais hasard de la politique, fruit de jugements particuliers et discutables, ou réussite habile, alors te voilà qui l'envieras. Car n'est jalousé que celui-là auquel on eût pu être substitué. Quel nègre jalouse le Blanc? Quel homme véritablement jalouse l'oiseau, de cette jalousie qui forme la haine car elle cherche à détruire pour remplacer? Et certes je ne critique point ton ambition quand elle peut se manifester car elle peut être marque du désir de créer. Mais je critique ta jalousie. Car te voilà qui intrigueras contre lui et, absorbé dans tes intrigues, en négligeras la création qui est d'abord collaboration merveilleuse de l'un à travers tous. Car te voilà qui, l'ayant jugé, le mépriseras. Car tu admets sans difficulté qu'un autre le puisse emporter sur toi par le pouvoir, mais comment admettrais-tu qu'il l'emporte par le jugement ou l'équité ou la noblesse de cœur? Et si tu le méprises qui te paiera de ton travail par l'expression de son estime? Elle est injure, l'estime qui vient de qui tu méprises. Et les relations entre les hommes t'appa-raîtront irrespirables.

Mais avant tout, s'il te donne un ordre il t'humilie et lui-même pensera t'humilier pour asseoir mieux son règne. Alors que celui-là seul peut prendre son repas à égalité en face de toi, t'interroger, admirer ton savoir et se réjouir de tes vertus, qui est maître comme le mur est mur sans qu'il y ait même lieu pour lui de s'en réjouir puisque simplement cela est.

Ainsi je vais et je puis m'asseoir à la table du plus humble de mes sujets. Et il essuie la table, pose le réchaud sur la braise, tout illuminé par ma présence. Et quelle pierre de l'édifice reprocherait à la clef de voûte d'être clef de voûte? Et comment la clef de voûte mépriserait-elle aucune des pierres? Nous voilà assis l'un en face de l'autre à égalité. La seule égalité qui ait une signification. Car si je l'interroge sur son champ ce n'est point bassement pour me le concilier par la mise en jeu de sa vanité — je n'ai point besoin de son suffrage — mais pour m'instruire. Car celui-là quand il questionne, s'il ne s'intéresse point à la question c'est qu'il méprise. Et si l'autre s'en aperçoit il tâte son couteau contre son flanc. Mais moi je voulais connaître le poids d'olives d'un olivier, et je l'ai demandé pour recevoir.

Car j'ai rendu visite à l'homme. Et j'ai goûté l'accueil de l'homme. Et l'homme aussi a reçu de moi et montrera à ses arrière-petits-enfants la place où je me suis assis.


Et mieux encore, car mon pouvoir n'est point en cause, et je n'ai pas à freiner ou accélérer mes démarches pour des mobiles sans grandeur, je puis éprouver la reconnaissance. Et s'il me sourit et m'honore et grille le mouton pour me recevoir, je reçois quelque chose qui vient de l'homme, quelque chose à égalité comme il le recevrait de moi. Les dons tirés comme des flèches me peuvent atteindre au cœur. Ainsi de l'image de Dieu qui reçoit tes plus humbles pensées et tes actes les plus fugitifs, comme la prière du midi du simple mendiant dans son désert, tandis que le petit prince discutable, s'il te vient au cœur de l'honorer, il te faut inventer un cadeau énorme car c'est à l'énormité de ton cadeau qu'il mesurera sa gloire.

Mais voici que l'autre, s'il tourne la manivelle grinçante pour remonter le seau du fond du puits, puis le bascule sur la margelle en riant de l'humble victoire — puis penché le charrie vers moi dans le soleil jusqu'à l'ombre du mur où j'attends — et qu'il remplit mon verre de cette réserve de fraîcheur, il me baigne de son amour.


LXIII


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