Читаем Désenchantées полностью

Et sans attendre de réponse, Fanny sortit en trombe.

*

Document de travail

Affaire Sarah Leroy – année 2000

En rentrant chez elle le lendemain de sa visite chez les Leroy, Angélique a trouvé une enveloppe kraft à son attention dans la boîte aux lettres. Elle l’a ouverte, à l’intérieur se trouvait une cassette audio TDK. Il n’y avait pas de mot, mais l’étiquette collée sur la cassette affichait : « Saez, Jeune et con + d’autres trucs qui devraient te plaire ». Angélique a contemplé le cadeau quelques secondes avec étonnement, puis elle a refoulé la joie interdite qui grandissait dans son ventre. Elle n’a cependant pas pu résister. Elle a glissé la cassette dans son baladeur et, les yeux fermés, elle a écouté d’une traite les cent vingt minutes de musique que Benjamin avait enregistrées, rien que pour elle. Sur la face A, il y avait Saez, Oasis, Nirvana, U2, Mickey 3D, Aerosmith, The Offspring, Kyo, Mylène Farmer, Fool’s Garden, Noir Désir… Sur la B, qui commençait par Wannabe des Spice Girls, la sélection était plus éclectique : Aqua, Francis Cabrel, Jean-Jacques Goldman, Bonnie Tyler, Robbie Williams… Toutes les chansons qu’Angélique aimait autrefois et que Benjamin qualifiait de daubes lors de leurs discussions enflammées. Des chansons qu’elle n’écoutait plus depuis longtemps, parce qu’elles mentaient, elles parlaient d’amour, d’un monde qui n’existe que dans les rêves des petites filles et les romans à l’eau de rose. Angélique est restée stoïque, les yeux fixés au plafond, s’interdisant la moindre interprétation, résistant à l’envie de lire le moindre message dans les « je ­t’attends » d’Axelle Red, les « je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai » de Cabrel et les Nothing compares 2U de Sinéad O’Connor. Et puis, la voix de Whitney Houston a envahi les écouteurs sans prévenir de son I Will Always Love You et, d’un seul coup, les joues d’Angélique étaient trempées de larmes, trempées de l’envie de rembobiner la bande déchiquetée de ses souvenirs d’enfance, de la réenrouler en tournant avec délicatesse la pointe d’un crayon dans la roulette crantée, d’effacer les mauvais souvenirs avec des chansons douces, de la réparer en collant de minuscules morceaux de Scotch sur les endroits déchirés. Même si ça grésillait un peu, le passé serait toujours plus beau que le présent. Elle pleurait de cette certitude que le meilleur était derrière elle et qu’elle n’en avait même pas profité, elle pleurait les moments si doux avec Benjamin, qu’elle pensait éternels et qu’Éric avait saccagés pour toujours en l’espace de quelques minutes dans l’obscurité glacée du hangar à bateaux.

Aujourd’hui,

Angélique

Angélique avait dépecé sans s’en rendre compte le sachet de sucre qui accompagnait son café de ses doigts nerveux. Il fallait qu’elle rentre, elle avait oublié de remettre de l’eau à Obi-Wan avant son départ. Elle conduisit dans un état second jusque chez elle. Que savait Fanny exactement depuis toutes ces années ? Pourquoi n’en avait-elle jamais parlé ?

Elle se gara, récupéra la clé dans le pot de fleurs et monta les escaliers. Obi-Wan lui sauta dessus joyeusement.

— Oui, on va sortir, mon grand, le rassura-t-elle en lui grattant la tête.

Elle serra le jeune chien contre elle et se sentit aussitôt réconfortée. Elle s’apprêtait à remplir sa gamelle d’eau, quand elle réalisa que celle-ci était déjà pleine. Elle suspendit son geste, fronça les sourcils et referma lentement le robinet de la cuisine. Elle était certaine que la gamelle était vide juste avant son départ pour Boulogne.

— Quelqu’un est venu nous voir, Obi-Wan ?

Le chien lui répondit d’un jappement joyeux. Angélique ne l’avait jamais pris pour un chien de garde, mais elle avait du mal à croire qu’il aurait laissé un inconnu entrer chez eux sans s’opposer un minimum. Elle fit un tour de l’appartement, rien ne semblait avoir été volé ou déplacé. Son regard tomba sur l’échelle qui montait au grenier et, prise d’un mauvais pressentiment, elle monta jusqu’à la trappe ouverte. Rien à signaler. Elle allait redescendre, rassurée, quand un petit tube de plastique rose qui avait glissé entre deux cartons attira son attention. Elle se pencha, ramassa l’objet et observa quelques secondes le stick à lèvres à la cerise. Le regard d’Angélique se durcit. Elle qui avait été cette adolescente qui mentait avec son plus beau sourire, s’émerveillant de voir les adultes, toujours, craquer pour ses grands yeux candides sans jamais y voir la moindre duplicité, comment avait-elle pu se laisser berner par la fausse innocence de Lilou ?

*

Aujourd’hui,

Lilou

Перейти на страницу:

Похожие книги

Ханна
Ханна

Книга современного французского писателя Поля-Лу Сулитцера повествует о судьбе удивительной женщины. Героиня этого романа сумела вырваться из нищеты, окружавшей ее с детства, и стать признанной «королевой» знаменитой французской косметики, одной из повелительниц мирового рынка высокой моды,Но прежде чем взойти на вершину жизненного успеха, молодой честолюбивой женщине пришлось преодолеть тяжелые испытания. Множество лишений и невзгод ждало Ханну на пути в далекую Австралию, куда она отправилась за своей мечтой. Жажда жизни, неуемная страсть к новым приключениям, стремление развить свой успех влекут ее в столицу мирового бизнеса — Нью-Йорк. В стремительную орбиту ее жизни вовлечено множество блистательных мужчин, но Ханна с детских лет верна своей первой, единственной и безнадежной любви…

Анна Михайловна Бобылева , Кэтрин Ласки , Лорен Оливер , Мэлэши Уайтэйкер , Поль-Лу Сулитцер , Поль-Лу Сулицер

Любовное фэнтези, любовно-фантастические романы / Приключения в современном мире / Проза / Современная русская и зарубежная проза / Самиздат, сетевая литература / Фэнтези / Современная проза